Réchauffement : de Durban au Larzac

Pour les viticulteurs, la date des vendanges a été avancée de trois semaines en 30 ans.
Pour les viticulteurs, la date des vendanges a été avancée de trois semaines en 30 ans. © MAXPPP
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avec Pascal Berthelot , modifié à
REPORTAGE - Les agriculteurs français sont les premiers témoins du réchauffement climatique.

Les rendements du blé stagnent, la date des vendanges ne cesse de reculer. Alors que s'ouvre la conférence de Durban lundi en Afrique du Sud sur le réchauffement, le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), va dévoiler ses scénarios de réchauffement de la planète.

En France, les premiers témoins - et les premières victimes - du réchauffement climatique sont les agriculteurs. Europe 1 a rencontré ceux qui constatent, souvent avant les autres, les dérèglements du climat : l'effet de serre qui s'accélère et la planète qui se réchauffe de plus en plus vite.

"On n’est plus autonome en nourriture"

François Giacobi élève des moutons sur le plateau du Larzac. Quand il s’est installé en 1975, le climat était tempéré, semi-continental. Aujourd’hui, ses brebis de Roquefort broutent sous un climat Méditerranéen. Chez, François Giacobi le changement climatique est une catastrophe. "On n’a plus assez d’herbe pour le pâturage des brebis, ce sont des brebis laitières. Les paillets sont vides, on n’arrive plus à être autonome en  nourriture sur nos fermes", confie-t-il au micro d’Europe 1.

Et quand on lui demande si cela est un problème, François Giacobi est catégorique : "oui, cela pose un problème, oui, ça remet en cause l’avenir de l’élevage. C’est l’avenir de l’existence d’un territoire qui est remis en cause".

Les scientifiques des instituts agricoles sont formels, le réchauffement est à l’origine du plafonnement des rendements en blé depuis 15 ans. Pour les viticulteurs, la date des vendanges a été avancée de trois semaines en 30 ans. Tout a changé d’ailleurs pour les vignerons.

"Les vendanges avancées de 3 semaines"

"Il y a 30 ans, l’objectif était d’atteindre 12° puisque le climat était incertain, variant, pluvieux. Aujourd’hui on est sorti de ces conditions. Avec le réchauffement, changement de climat. Même en Bourgogne on veut éviter d’obtenir des degrés trop forts. L’objectif d’aujourd’hui c’est d’essayer de ne pas dépasser les 14°", explique Denis Fetzmann, viticulteurs en Bourgogne.

La carte agricole subit donc un profond bouleversement. Le maïs, roi du sud ouest va migrer vers le nord. Il sera peut-être remplacé par le sorgho, beaucoup moins consommateur d’eau.