Tapie : 50 millions, 7 journaux

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Sophie Amsili avec agences , modifié à
Allié à la famille Hersant, il reprend La Provence et Nice-Matin. Les employés s'inquiètent.

Bernard Tapie reprend ses habits de "Zorro des entreprises" et revêt pour la première fois ceux de patron de presse. L'homme d'affaires touche-à-tout a mis la main mercredi sur sept titres du Groupe Hersant Médias (GHM), étranglé par une dette de 215 millions d'euros. Dans le panier : les titres de la région Paca La Provence, Nice-Matin, Var-Matin et Corse Matin, ainsi que trois de l'outre-mer, France-Antilles Guadeloupe, France-Antilles Martinique et France-Guyane.

50 millions d'euros sur la table

Mercredi après-midi, les banques créancières ont validé la proposition à 50 millions d'euros de Bernard Tapie allié à la famille Hersant. Elles déclinent ainsi l'offre du groupe belge Rossel, déjà repreneur des titres du pôle Champagne-Ardenne-Picardie de GHM, comme L'Union et L'Ardennais. Rossel avait fait connaître son offre le 7 décembre, poussant Bernard Tapie à retirer la sienne, avant de changer d'avis, à la demande de la famille Hersant. Finalement, l'offre de Rossel a été rejetée car elle "reprenait la totalité des titres, mais pas la holding, laissant la question de sa liquidation", et parce que sa proposition était financièrement "moins disante de quelques millions", selon une source citée par l'AFP.

Avec cette opération, Bernard Tapie obtient deux tiers du capital des sept titres, la famille Hersant le tiers restant, selon Libération. "Ça veut dire que Philippe Hersant est en-dessous de la minorité de blocage", note une source citée par le quotidien.

Les journalistes sont inquiets

Alors déjà, les inquiétudes se multiplient sur l'influence que pourrait gagner Bernard Tapie avec ce rachat. Car certains voient dans cette opération un premier pas vers l'élection à la mairie de Marseille. Mais l'homme d'affaires le promet : "je me suis engagé (…) à ne pas postuler à quelque mandat électoral que ce soit", écrit-il dans une lettre envoyée au conciliateur Christophe Thévenot et publiée par Libération. Mais étrangement, le cas contraire est tout de même envisagé : si Bernard Tapie se lance dans une campagne électorale, il s'engage à céder ses titres et même à verser l'argent récolté à une association caritative.

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Du côté des journalistes, "il y a de grandes interrogations et beaucoup d'inquiétudes", admet Serge Mercier, élu au comité d'entreprise de la Provence. "Quels sont les réels projets pour notre groupe de MM. Tapie et Hersant ? Quelles sont les intentions politiques de M. Tapie ?", se demande-t-il. Les méthodes de Bernard Tapie ont, de plus, laissé des marques chez certains journalistes : "L'idée d'une éthique ou d'une morale ne l'effleurait pas du tout", raconte à Libération un ancien du Méridional… aujourd'hui en poste à La Provence.