Renault, le doute en interne

Les employés de Renault commencent à s'interroger sur cette affaire d'espionnage qui empoissone la vie interne de l'entreprise.
Les employés de Renault commencent à s'interroger sur cette affaire d'espionnage qui empoissone la vie interne de l'entreprise. © MAXPPP
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avec Fabien Cazeaux , modifié à
Carlos Ghosn a appelé jeudi les salariés sceptiques à "faire confiance" à l'enquête de l'entreprise.

Le PDG de Renault Carlos Ghosn a présenté jeudi matin les grandes lignes de son plan pour développer la voiture électrique de la marque au losange. Mais tous les salariés de Renault ne pensent pas qu’à la future motorisation électrique, préoccupés par l’affaire d’espionnage présumé qui a conduit à la mise en cause et au licenciement de trois cadres de l’entreprise. En interne, le doute persiste et va grandissant, faute de preuve concrètes.

Renault a en effet déposé plainte contre X le 13 janvier pour "espionnage industriel", "corruption", "abus de confiance", "vol et recel commis en bande organisée". L’entreprise a également entamé une procédure de licenciement des trois cadres, qui ont été mis à pied.

Carlos Ghosn ne veut plus en parler

Pour Carlos Ghosn, "cette affaire tombe vraiment très mal parce que l'on n'a pas du tout envie que l'on continue à parler de ça alors que nous annonçons de bons résultats". En marge de la présentation des résultats de Renault en 2010 et de son plan stratégique pour 2016, le PDG a appelé à "faire confiance" à son entreprise. Si Carlos Ghosn ne s'est pas "directement impliqué" dans l'enquête, "il y a des dizaines de personnes qui ont analysé les faits", a-t-il précisé.

“On n’a pas beaucoup d’informations“

Rassurés dans un premier temps par le fait que les secrets technologiques n’aient pas fuité, les salariés, eux, s'interrogent sur la véracité des accusations d’espionnage. A force de ne rien savoir, l’exaspération monte.

Jean-Claude, 20 ans d’ancienneté sur les chaînes d’emboutissage de l’usine de Flins, dans les Yvelines, se déclare sidéré par l’apparente fragilité des accusations portées par Renault contre ses trois cadres.

“C’est vraiment lamentable. Aujourd’hui, il y a quand même trois personnes, même si ce sont des hauts cadres, qui sont privés d’emploi. Même s’ils ont peut-être de la réserve, humainement ce n’est pas logique. On n’a pas beaucoup d’informations mais j’ai l’impression que ceux qui ont accusé ces gens-là n’en ont pas eux-mêmes“, témoigne-t-il.

“Des règlements de compte à haut niveau“

Délégué CGT de l’usine, Thierry Gonnot ne dit rien d’autre et réclame à la direction plus de transparence. “Nous, on ne sait rien. Nous n’avons aucun document, aucune communication, rien. Mais j’ai quand même un sentiment : il y a des règlements de comptes à haut niveau chez Renault. J’ai lu comme tout le monde qu’on avait emmené un cadre en Suisse pour faire ouvrir un compte qu’il n’avait pas. Ce sont des choses qui me paraissent quand même vraiment grossières“.

Tous regrettent enfin l’effet catastrophique de cette affaire pour l’image de l’entreprise.