Les "montagnes russes" de Petroplus

Douche froide pour les salariés de Petroplus. Alors que l'avenir de la raffinerie de Petit-Couronne semblait assuré mardi soir, après le dépôt de cinq offres dont deux étaient jugées "sérieuses et financées" par Arnaud Montebourg, les administrateurs judiciaires n'ont finalement retenu aucun des dossiers proposés
Douche froide pour les salariés de Petroplus. Alors que l'avenir de la raffinerie de Petit-Couronne semblait assuré mardi soir, après le dépôt de cinq offres dont deux étaient jugées "sérieuses et financées" par Arnaud Montebourg, les administrateurs judiciaires n'ont finalement retenu aucun des dossiers proposés © REUTERS
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RECIT - La raffinerie a connu moult péripéties en quelques jours. Revivez chaque chapitre.

"Il y a eu tant d'offres, considérées comme solides, qui n'ont jamais eu de signature. Cela fait un an et demi qu'on vit des montagnes russes", déplorait mercredi le délégué CGT de Petroplus, Yvon Scornet, au micro d'Europe1. Les "montagnes russes", il les a subies de nouveau, condensées en l'espace de quelques jours. Dans ce dossier, les pouvoirs publics se sont montrés tour à tour prudents, pessimistes, puis pleins d'espoir et de nouveau prudents, au sujet de cette raffinerie en redressement judiciaire. L'usine, qui n'avait aucun repreneur crédible, en a vu arriver cinq in extremis… avant que leurs offres ne soient jugées non valables en l'état par les administrateurs judiciaires. Pourtant, tout n'est pas perdu, a encore affirmé jeudi le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici.

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 • Le pessimisme, par Matignon. Le train des "montagnes russes" semblait en début de semaine destiné à croupir dans un entrepôt. Ayant peu d'espoir concernant la raffinerie, l'entourage du Premier ministre l'a fait savoir lundi, après une réunion avec l'intersyndicale. "C'est un dossier difficile sur lequel l’État s'est beaucoup mobilisé mais les chances de succès sont limitées. Nous avons évoqué comment serait financé un plan social dans l'hypothèse où le tribunal ne jugerait aucune offre crédible", a-t-on indiqué à Matignon. Peu d'éléments laissaient alors entrevoir un dénouement heureux. Seul un repreneur, Net Oil, s'était manifesté pour la raffinerie, mais il avait déjà été retoqué par le tribunal de commerce.

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• L'espoir, par Montebourg.  Le lendemain, le train Petroplus est monté d'un (petit) étage, celui du "tout n'est pas perdu". "Limité n'est pas impossible", a en effet réagi Arnaud Montebourg sur RTL, rebondissant sur les propos de Matignon. "L’État est disposé à participer de façon minoritaire dans la reprise. Nous sommes disponibles pour accompagner un offreur", annonçait-il dans la foulée, dans l'espoir d'attirer un providentiel repreneur.

• Le rebondissement, par l’Égyptien, le Suisse, et les autres. Quelques heures après les déclarations d'Arnaud Montebourg, le manège s'est emballé, de manière inattendue. Juste avant la date limite du dépôt des dossiers au tribunal de commerce, cinq offres étaient déposées sur le bureau du juge. Deux "paraissent sérieuses et financées", s'est alors réjoui Arnaud Montebourg. Et de citer le l'Egyptien Arabiyya lel Istithmaraat et le Suisse Terrae.

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• La douche froide, par le tribunal de commerce de Rouen. Après un looping au sommet du manège, le wagon est redescendu brutalement. Mercredi, les administrateurs judiciaires ont annoncé qu'ils ne retenaient aucune offre. "Elles demandent à être finalisées", ont-ils expliqué. Montant du financement, du nombre de salariés retenus… le tribunal de commerce a jugé qu'il manquait des détails nécessaires. Et ils ont envoyé les premières lettres de licenciements aux salariés.

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• Le combat, par Pierre Moscovici. Malgré la mauvaise nouvelle, il reste encore (un peu) de charbon dans la locomotive. Car les juges laissent aux repreneurs jusqu'au mois d'avril avant d'entériner la faillite de Petroplus, le temps qu'ils peaufinent leurs offres. "Les salariés ne doivent pas abandonner l'espoir", a déclaré jeudi Pierre Moscovici. Et de poursuivre : "Je peux vous dire que le gouvernement est prêt à faire en sorte que l’État prenne une participation minoritaire. Nous continuons à être présents sur ce dossier, le gouvernement ne désarme pas."