La détresse d'un transporteur routier

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Thomas Morel et François Coulon , modifié à
TEMOIGNAGE - Le patron d'une entreprise en faillite raconte la concurrence d'Europe de l'Est.

Le contexte. Frappé de plein fouet par la crise, le secteur du transport routier traverse une période noire : entre la baisse des livraisons, la hausse du carburant, l'écotaxe et la concurrence d'Europe de l'Est, les entreprises ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. En 2012, 20.000 emplois ont ainsi été supprimés, tandis que le nombre de faillite des transporteurs routiers a augmenté de 10 %. Et 2013 s'annonce aussi mauvais pour le secteur.

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C'est ce que raconte Alain Fouchard, le patron d'une petite entreprise de transport du Loir-et-Cher placée en liquidation judiciaire, au micro d'Europe 1 : "Vous avez des Roumains et des Bulgares qui sont payés 500 euros par mois, des Polonais qui viennent en France et travaillent au tarif polonais, etc. Alors mettez-vous à la place de mes clients ! J'ai perdu des gros clients. Une fois qu'on plonge, il est pratiquement impossible de sortir la tête de l'eau"

"L'impression d'avoir tout raté"

Comme beaucoup de petits chefs d'entreprise, ce patron a tout donné pour son entreprise : " Je n'ai jamais eu de salaire supérieur à mes salariés, je n'ai jamais pris de vacances. En 20 ans, je suis parti trois semaines ! Je ne peux pas me reprocher de ne pas avoir été présent. J'ai travaillé comme personne, et pourtant aujourd'hui j'ai l'impression d'avoir tout raté…"

Son entreprise au bord de la faillite, Alain Fouchard pourrait bien perdre également sa maison. "Je me suis entêté, je voulais garder des emplois, alors j'ai fait des emprunts. J'avais mis ma maison en caution, je vais peut-être la perdre. Aujourd'hui, c'est ma famille qui va payer les pots cassés. C'est ça qui me fait le plus mal."