De la "casse sociale" chez Neo Sécurité ?

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avec Olivier Samain , modifié à
Le numéro deux français de la sécurité pourrait déposer le bilan. 5.000 emplois sont en jeu.

Cela pourrait être la plus grosse faillite du quinquennat. Le numéro deux français de la sécurité, Neo Sécurité, s'est déclaré mardi en cessation de paiement auprès du tribunal de commerce de Paris. Nicolas Sarkozy, en campagne pour le second tour de l'élection présidentielle s'est dit prêt à recevoir le PDG de l'entreprise mercredi. Europe1.fr fait le point sur la situation de cette société qui compte 5.000 emplois.

Neo Securité, qu’est-ce que c’est ?  Cette entreprise est spécialisée dans la surveillance des sièges sociaux et des installations stratégiques de plusieurs administrations et grandes entreprises : ambassade des Etats-Unis à Paris, le parc Disneyland à Marne-la-Vallée, la base de sous-marins de Cherbourg ou celle de missiles à Saint-Tropez, précise le quotidien économique Les Echos.

Quand a-t-elle été créée ?  L’entreprise a été constituée en mars 2009. Jean-Michel Houry et une poignée d’investisseurs reprennent alors les activités françaises, très déficitaires, du numéro 2 mondial du secteur, le groupe britannique G4S. La restructuration envisagée au moment de la reprise ayant pris du retard, Neo Sécurité avait été placé en procédure de sauvegarde en mars 2011. Elle réalise malgré tout près de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Quand pourrait intervenir le dépôt de bilan ? Le patron de Neo Sécurité Jean-Michel Houry évoque les premiers jours de mai. Les syndicats redoutent que cette mesure ne fasse fuir les clients. "Aujourd'hui, le poids de la dette est tel que l'on a pas mal de craintes quant à l'activité. Si l'entreprise dépose son bilan, cela risque d'entraîner une fuite des clients et des suppressions d'emplois", a regretté Alain Bouteloux, secrétaire fédéral FO, chargé de la prévention et de la sécurité.

Pourquoi la situation s’est-elle dégradée aussi rapidement ? Les difficultés du groupe ont été aggravées par le renoncement du fonds d'investissement IPE, qui devait apporter 25 millions d'euros en deux étapes en échange de 70% du capital. Le repreneur a préféré jeter l'éponge début avril, après un examen approfondi des comptes. La dette est aujourd'hui estimée à 40 millions d’euros. Le redressement judiciaire pourrait permettre de la faire disparaître mais aussi de trouver un repreneur.

Quelles sont les origines de cette crise ? "Les grands groupes sont les premiers responsables de cette baisse systématique des prix", a dénoncé sur Europe 1 Daniel Rémy, président du groupe de sécurité du même nom. "La logique de ces grands groupes était simple : tirer les prix vers le bas de manière à entraîner dans la chute les PME/PMI qui ne peuvent pas résister avec des prix aussi bas", a-t-il ajouté, avant de conclure : "aujourd'hui, c'est l'arroseur arrosé".

Combien d’emplois sont menacés ? Quelque 5.000 salariés sont employés par Néo Sécurité. Si la faillite ne peut être évitée, "cela va être la plus grosse du quinquennat", a souligné le porte-parole du groupe.

Comment sauver l'entreprise ? "On ne demande pas le monde, on demande juste un prêt relais de 15 millions d'euros", a insisté le porte-parole du numéro deux de la sécurité. Le patron de l'entreprise demande également à bénéficier de la suspension provisoire de sa dette fiscale et sociale soit 40 millions d'euros.

Mais la CGT de Neo Securité dénonce de son côté "la gestion douteuse" du PDG Jean-Michel Houry, mettant en avant les salaires "extravagants" des dirigeants et la location du siège social, qui "plombent les comptes de l'entreprise".