Bilan mitigé pour les contrats de génération

Michel Sapin aimerait bien voir plus de binômes jeune/senior se former dans les entreprises moyennes.
Michel Sapin aimerait bien voir plus de binômes jeune/senior se former dans les entreprises moyennes. © maxppp
  • Copié
Damien Brunon, Olivier Samain et Laure Dautriche
L’énorme marché des moyennes entreprises ne semblent pas intéressé par la mesure.

L’INFO. Le ministère du travail a fait ses comptes. Depuis le lancement des contrats de génération, seulement 12.802 demandes d’aide à l’embauche ont été formulées à l’administration. Un an après le coup d’envoi de la mesure phare du cinquennat, on est bien loin des 75.000 signatures prévues. La faute notamment aux entreprises moyennes qui restent sceptiques.

650 dossiers, c’est le nombre de demandes d’aide qui ont été déposées par des entreprises moyennes, celles qui emploient entre 50 et 300 salariés. Un résultat vingt fois inférieur à celui des petites entreprises. C’est pourtant dans ce type de structures que le potentiel d’embauche est le plus important.

Le peu d’engouement est d’autant plus étonnant que la mesure comprend une carotte : l’Etat verse une aide de 4.000 euros par an pendant trois ans aux entreprises qui recrutent un jeune de moins de 26 ans en CDI et qui, dans le même temps, s’engagent à maintenir dans leurs effectifs un salarié de plus de 57 ans.

Principal problème : la taille des entreprises impose justement que le versement de cette aide soit conditionnée à la signature d’un accord avec les représentants des salariés ou au sein de la branche professionnelle concernée. Jusque là, très peu d’accords ont été conclus.

Pas le temps. Beaucoup de patrons ont aussi d’autres choses à faire que de signer des contrats de génération quand les carnets de commandes se remplissent difficilement et qu’ils n’ont pas la visibilité suffisante pour savoir si ils ont vraiment besoin de recruter un jeune en CDI.

“Un contrat de génération c’est une perte de temps instantanée, c’est un investissement sur l’avenir. Comme on est dans une période difficile, le patron ou l’artisan a du mal à s’investir pour former un jeune. Il se dit qu’il faut aller le plus vite possible, qu’il faut rentabiliser le prix du chantier donc le contrat de génération tombe mal à ce moment là”, confirme Francis Dubrac, PDG d’une entreprise de BTP de Seine-Saint-Denis, au micro d’Europe 1.

Dans son entreprise de 287 salariés, il a commencé à discuter avec les syndicats et les responsables du personnel pour signer des accords dans l’optique de créer des contrats de génération. Cela dit, il est convaincu que ça ne sera pas pour 2014. “Nous, on a stoppé les embauches. On est inquiet sur le volume d’activité de l’année prochaine ce qui fait qu’on est pas enclin à faire des grandes perspectives d’embauche ou d’investissement”, conclut-il.

Le gouvernement temporise. Face à bilan mitigé de sa mesure, le gouvernement n’affiche plus la signature de 75.000 contrats de génération comme un objectif. Du côté du ministère du Travail, on indique simplement que cette annonce avait servi à budgéter le coût des aides. Il n’empêche que pour inverser la tendance du chômage dont les chiffres du mois de septembre seront connus jeudi, il vaudrait mieux que les contrats de génération sortent de l’impasse.