Attention à la suite !

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François Clemenceau , modifié à
Le passage historique de la réforme de l'assurance-santé ne va pas paver de roses le chemin d'Obama jusqu'aux mid-terms. Le plus dur commence.

C'était charmant tout plein cette signature de la loi sur le Health Care ce mardi matin dans la East Room. Non, vraiment poignant. Quand on pense à Ted Kennedy et à tous ces invités que la maison Obama avait fait venir et qui chacun témoignaient depuis des mois et des années de l'enfer du système de santé à l'américaine. Mais le Président ne s'est justement pas arrêté à cette photo triomphale, à cette revanche savoureuse sur tous ceux qui lui ont mis des bâtons dans les jambes depuis son arrivée à la Maison Blanche pour l'empêcher de faire cette réforme. Obama a répété ce qu'il dit souvent mais qu'on ne retient pas assez. Il est venu faire le boulot. Celui qui est dur. Celui qui est nécessaire et juste.

La difficulté, c'est que rien n'est moins évident désormais. D'abord parce qu'il va falloir se battre pour conserver les acquis. D'ores et déjà, 37 Etats sur 50 ont entamé au sein de leurs Parlements des débats visant à adopter un statut dérogatoire pour ne pas avoir à appliquer la réforme à domicile. 13 Attorney Generals ont annoncé qu'ils allaient poursuivre devant les tribunaux cette loi qui leur apparait inconstitutionnelle. Jamais, disent ils, on ne pourra forcer un citoyen américain à se doter d'une assurance-santé contre sa propre volonté et sur le dos de sa vie privée. La bataille à venir sera donc judiciaire mais aussi politique : défendre sur le terrain les acquis et les bénéfices immédiats de la réforme. La machine Organize America sera-t-elle à ce rendez-vous ? Et quid des candidats démocrates qui ont voté oui sur la réforme de la santé en reculant et qui vont devoir maintenant faire campagne comme on va à l'abattoir ?

Mais le plus important n'est pas là. Qu'Obama perde les élections de mi-mandat, je crois que c'est une équation qu'il a déjà pris en considération. La vraie question est de savoir s'il peut continuer à réformer au même rythme tant qu'il est encore temps. Tant qu'il lui reste une majorité à la Chambre et au Sénat (même si elle n'est plus que de neuf voix). Il reste en effet quatre méga-réformes très attendues au cours de ces prochains mois. La première concerne la régulation des institutions financières. Celle-là, c'est la plus facile tant les républicains et les démocrates sont également remontés comme des pendules sur les excès hallucinants qui ont permis la crise des subprimes et l'entrée en récession. Le GOP va-t-il cependant coopérer franchement ? Ou bien, furieux de sa défaite sur le Health Care, se retourner en bloc contre la réforme financière ? Le deuxième projet est vital : c'est le paquet Climat déjà adopté l'été dernier à la Chambre, toujours pas voté par le Sénat et dont Obama a pourtant promis la mise en oeuvre pour coller aux objectifs de Copenhague. A votre avis, il va le faire ? Ou le remettre à plus tard pour ne pas s'aliéner une majorité démocrate qui sort tout de même très écorchée du combat sur le Health Care ? Je n'évoque la réforme de l'immigration et celle de l'éducation que pour vous laisser entrevoir la hauteur des défis.

Rahm Emanuel, le Chief of Staff de la Maison Blanche qui a tricoté tous les compromis de la réforme de santé en coulisses, dit qu'il est encore trop tôt pour faire le moindre pronostic sur le maintien de la majorité démocrate au Congrès en novembre prochain. D'accord, mais n'oublions pas que cette majorité est arrivée en 2006, qu'elle n'a pas pu faire grand-chose sous George Bush tant elle était là pour le bloquer et qu'entre 2008 et 2010 elle a offert un spectacle de désunion assez consternant, amplifiant par là-même sa côté d'impopularité vis à vis des américains : 13% seulement d'entre eux sont satisfaits du Congrès.

En attendant, pas la peine de bouder son plaisir. La "révolution du Health Care", même si elle est minimale, est un pas de géant ! Même si Obama ne devait faire qu'un seul mandat, dont la moitié à cohabiter avec les républicains, cette seule étape restera un succès considérable.

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