Protection des données : "Le RGPD est une vraie chance pour les entreprises", estime Isabelle Falque-Pierrotin

Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la Cnil, estime que le RGPD peut être un argument concurrentiel pour les entreprises.
Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la Cnil, estime que le RGPD peut être un argument concurrentiel pour les entreprises. © ERIC PIERMONT / AFP
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Pauline Darvey , modifié à
Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) est entré en vigueur le 25 mai dernier. De nouvelles règles souvent vécues comme des contraintes pour les entreprises européennes. Or, pour Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la Cnil, le RGPD peut, au contraire, être un vrai argument concurrentiel.
INTERVIEW

Dernièrement, vous savez sans doute reçu plusieurs mails de la part de différentes entreprises dont vous êtes clients. Motif ? Le fameux RGPD : le Règlement général sur la protection des données, entré en vigueur le 25 mai dernier.

Une loi "assez exigeante", selon Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la Cnil, la Commission nationale de l'informatique et des libertés, invitée de C'est arrivé cette semaine. Au cœur du RGPD : la notion de consentement forcé et l'utilisation des données personnelles. "Ceux qui traitent les données sont astreints à une obligation de transparence sur l’usage qu’ils en font beaucoup plus importante que par le passé", détaille Isabelle Falque-Pierrotin. Et toutes les entreprises doivent s'y plier. Y compris les petites entreprises ou les artisans, qui pour beaucoup y voient une contrainte.

"Faire tomber la panique". Or, selon la présidente de la Cnil, il est important de relativiser ces changements : "Il faut qu’on fasse tomber la panique qui a l’air de s’emparer de ces acteurs. Il y a eu beaucoup de désinformations autour de ça. Notamment de la part de certains prestataires de services, qui fournissent souvent le même logiciel à toutes les entreprises."

"Le règlement est un texte compliqué, poursuit-elle. Mais les obligations nouvelles du RGPD ne s’appliquent qu'à ceux, soient qui traitent des données à grande échelle, soient qui traient des données sensibles. Pour le plombier breton ou l’agent immobilier parisien, elles se bornent à avoir un petit cahier dans lequel ils notent les fichiers qui existent, à savoir les données de clients et de fournisseurs."

Un kit de survie. Des tâches qui pourraient se révéler plus complexes pour les petites et moyennes entreprises. Mais, là encore, Isabelle Falque-Pierrotin se veut rassurante : "Nous nous sommes alliés à la Banque public d’investissement (BPI) pour sortir une sorte de kit de survie à destination de ces entreprises. Kit dans lequel on explique de façon extrêmement prosaïque les nouvelles obligations. Mais en réalité, il y a très peu de choses que ces PME et PMI devront respecter en plus."

Peu de contraintes, donc, mais des bénéfices qui pourraient être importants pour l'ensemble des entreprises européennes. "Je crois que le RGPD est une chance pour les entreprises, assure sabelle Falque-Pierrotin. Parce que l'Europe arrive à point nommé pour répondre aux attentes des consommateurs. Dans tous les pays du monde, les citoyens expriment le souhait, non pas de sortir de cette environnement numérique, mais d’avoir une capacité de contrôle et de maîtrise de cet univers. Le RGPD c’est exactement ce projet."

"Un argument concurrentiel". Conclusion ? "Si les entreprises s’emparent de ce RGPD pour le respecter, ça peut devenir un argument concurrentiel par rapport aux entreprises chinoises ou américaines, par exemple." Un argument qui devrait rapidement se vérifier...