Netflix : une journaliste belge menacée suite à la mise en ligne d'une série documentaire

Une journaliste belge est menacée depuis la mise en ligne d'un documentaire Netflix © Netflix
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Louise Bernard, avec Solène Delinger

Depuis la mise en ligne de la série "Désignés coupables", un documentaire Netflix qui revient sur l'affaire Florence Cassez, la journaliste belge Emmanuelle Steels est la cible de menaces. En effet, c'est elle qui a enquêté et écrit un livre sur Florence Cassez, condamnée à 96 ans de prison au Mexique et, elle témoigne de son travail dans "Désignés coupables". 

Emmanuelle Steels est correspondante pour plusieurs médias français au Mexique. Elle reçoit des messages d’intimidations depuis trois mois, c'est-à-dire depuis la mise en ligne d’une série documentaire sur Netflix, où elle est interviewée. Cette série documentaire est consacrée à l’affaire Florence Cassez . Une affaire sur laquelle elle a longuement enquêté entre 2009 et 2015. 

Emmanuelle Steels longuement interviewée pour la série documentaire Netflix

Florence Cassez, une Française, a été victime d’une machination au Mexique. Elle a été accusée de faire partie d’un gang de kidnappeurs et, elle a finalement été libérée après sept ans de prison. Emmanuelle Steels a fait de son enquête un livre, Ceci n’est pas un kidnapping, aux éditions Fauves. Elle y raconte ce qui est en fait une affaire de corruption, une machination judiciaire montée de toute pièce par les autorités mexicaines, avec la complicité d’un homme d’affaires qui voulait se venger du frère de Florence Cassez. Elle y révèle l’implication de plusieurs personnes, dont certaines haut placées. Et son expertise sur le sujet lui vaut donc d’avoir été longuement interviewée dans la série documentaire de Netflix Désignés coupables. 

La journaliste a porté plainte au Mexique

Au micro de Culture Médias, elle raconte les messages d’intimidations qu’elle reçoit, de plus en plus menaçants. "Au départ, c'était des insultes et puis c'est devenu des messages : 'J'espère que tu vas te faire kidnapper'. Puis, c'est passé à des messages qui montraient que cette personne, l'auteur de ce compte Twitter, connaissait mes mouvements en temps réel et réalisait en fait des filatures sur ma personne. Et ensuite, cette personne a envoyé des vidéos à une collègue journaliste avec laquelle j'avais travaillé. Elle lui a envoyé des vidéos de moi marchant dans la rue, des vidéos à une terrasse de café pour montrer qu'effectivement elle me faisait suivre", explique-t-elle. 

Elle a porté plainte au Mexique, auprès du bureau du procureur spécialisé dans les délits contre la liberté d’expression. C'est lui qui s’occupe justement des cas journalistes visés par des menaces. Elle bénéficie de mesures de protection prévues pour les journalistes au Mexique. Et, elle espère que les autorités vont enquêter sur la personne concernée. 

Tout ce qu’elle révèle était déjà dans son livre, paru en 2015. Alors, pourquoi reçoit-elle des intimidations maintenant ? Selon elle, c'est l'effet Netflix. "C'est le fait que mon travail soit exposé à une échelle beaucoup plus grande et touche un public beaucoup plus vaste", souligne-t-elle sur Europe 1. "Mon livre est sorti en 2015 au Mexique. Je l'ai écrit en espagnol et c'est un livre qui a eu un impact relativement important, mais dans les cercles restreints de ceux qui s'intéressaient beaucoup à cette affaire, que ce soit des journalistes ou des juristes, par exemple. Mais disons que tout à coup, du fait de la série Netflix, mon livre se retrouve sous les projecteurs et touche un public beaucoup plus vaste", conclut Emmanuelle Steels.