En Allemagne, un véhicule autonome est utilisé dans le transport public
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Cédric Chasseur
Comment la voiture autonome va-t-elle réagir en cas d'accident ? Quel usager de la route va-t-il sauver en priorité ? Autant de questions éthiques qui passionne Jean-François Bonnefon, docteur en psychologie, invité d'Europe 1 dimanche.
INTERVIEW

Elle est censé révolutionner le transport automobile. La voiture autonome promet plus de confort et même moins d'accidents. Mais dans certains cas, lorsque ceux-ci sont inévitables, comment va-t-elle réagir ? Jean-François Bonnefon, auteur du livre La voiture qui en savait trop, s'est penché notamment sur cette question. Et pour le docteur en psychologie, invité d'Europe 1 dimanche, la voiture autonome pose un problème éthique, "celui des accidents que la voiture sans conducteur sera autorisée à avoir".

Qui sauver en cas d'accident ? 

À la tête d'un comité d'experts sur la voiture autonome à la Commission européenne, Jean-François Bonnefon se demande notamment "combien d'accidents on va lui tolérer" ? Dans des cas extrêmes, où l'accident est inévitable, "la voiture devra choisir entre plusieurs victimes", poursuit-il. 

Dès lors, comment choisir qui la voiture devra sauver en priorité ? Pour répondre à cette question, Jean-François Bonnefon s'est appuyé sur l'opinion publique. Sur une plateforme numérique nommée Moral Machine, ce docteur en psychologie a déjà reçu "plus de 100 millions de réponses" du monde entier. Les internautes y sont confrontés à "des cas d'accidents inévitables". Il y a treize types de scénario au total comme : "Est-ce que l'on préfère sauver le plus grand nombre ?", "Est-ce que l'on préfère sauver les enfants aux adultes ?" ou encore "Est-ce que l'on préfère sauver les humains aux animaux ?"  

Des dilemmes extrêmes que Jean-François Bonnefon tient à relativiser. Ces accidents "seront si rares" selon lui, "qu'il est improbable qu'un individu y soit confronté un jour". "C'est un problème auquel il faut penser à l'échelle globale".

Trois principales conclusions

Cette expérience a permis à Jean-François Bonnefon de tirer trois principales conclusions. Selon le docteur en psychologie, à l'échelle mondiale, les internautes préfèrent "sauver les humains avant les animaux" en priorité. Ensuite ils souhaitent sauver le plus grand nombre quand cela est possible. Enfin, il faut selon eux "donner la priorité à la vie des enfants". 

Ces préférences, observées sur le site, "sont universelles". "Dans tous les pays, on va préférer sauver les enfants aux adultes où aux personnes âgées", explique Jean-François Bonnefon. Grâce à ces réponses, il espère ainsi "informer les législateurs" qui devront décider des normes que devront respecter les voitures autonomes. "Prenez les décisions les plus justes", interpelle Jean-François Bonnefon, "mais anticipez que certaines de ces décisions pourraient être extrêmement impopulaire".