Présidentielle américaine : des employés de Facebook s’interrogent sur le rôle des fausses informations

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Facebook est accusé d'avoir influencé la présidentielle américaine. © JUSTIN TALLIS / AFP
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Plusieurs employés de Facebook s’interrogent sur le rôle joué par le réseau social dans la victoire de Donald Trump. Ils se rencontrent lors de réunions secrètes.

Facebook a-t-il oui ou non influencé l’élection présidentielle américaine dont Donal Trump est sorti vainqueur mercredi dernier ? La question agite, depuis près d'une semaine la Silicon Valley et divise au sein même de Facebook. En interne, certains employés estiment que le réseau social n'en a pas fait suffisamment pour modérer les contenus biaisés relayés par des sites pro-républicains ou pro-démocrates. BuzzFeed rapporte que pour y remédier et hors de tout encadrement interne, "plusieurs dizaines" d'employés ont décidé d’analyser la situation avant, peut-être, de faire remonter des propositions au patron de Facebook.

Les fausses informations "se sont propagées" durant la campagne. En fin de semaine dernière, le co-fondateur et patron de Facebook, Mark Zuckerberg, avait pourtant assuré qu'il n'y avait pas de sujet et que l'idée que son entreprise ait influencé l'élection était "une idée folle". Pourtant, pour ce groupe d'employés qui a tenu à garder l'anonymat, les choses sont loin d'être aussi évidentes. "Ce n'est pas une idée folle. Ce qui est fou c'est qu'il rejette comme cela, en sachant, comme nous, que les fausses informations se sont propagées sur notre plateforme durant la campagne", confie un employé de l'entreprise à BuzzFeed.

Le pure-player qui a enquêté et qui a pu discuter avec plusieurs salariés explique que les réunions du groupe sont pour le moment tenus secrètes pour permettre à tous les employés de parler librement sans crainte de retombées par les équipes par les managers. Et si le réseau social est pointé du doigt, c'est aussi en raison de l'usage plus important par les sites proches de la campagne républicaine de fausses informations. Toujours selon BuzzFeed, 38% des informations partagées par les pages proches des républicains étaient fausses, contre 20% pour les pages proches de la campagne démocrate.

Entre passivité et excès de zèle. Depuis une semaine, Facebook est en effet accusé d'avoir laissé prospérer ce type de contenus alors qu'il s’est montré par le passé extrêmement réactif pour faire supprimer ou masquer certains contenus qu'il juge offensant, en censurant le tableau "L'origine du Monde", notamment. Un ancien employé de Facebook avait fait le même constat dans un message publié sur le réseau social le 9 novembre. "Tristement, le fil d'actualité est optimisé pour engendrer un maximum d'engagement (les likes, commentaires, réactions...). Et comme nous l'avons appris dans cette élection, la connerie entraîne un fort engagement. Tendre vers la vérité n'est pas impossible", écrit-il avant de citer l'exemple de Wikipedia qui, avec un contenu très largement modéré, attire de nombreux internautes.

Une complicité dénoncée. Depuis plusieurs mois, le réseau social le plus utilisé du monde est pointé du doigt pour son inaction vis-à-vis de ce type de contenus. Au début de l'été, Facebook avait été accusé de mettre plus largement en avant les contenus pro-démocrates que ceux pro-républicains dans son onglet recensant les contenus populaires (trending topics). Pour faire taire les critiques, le réseau social avait annoncé que l'équipe humaine en charge de la sélection de ces contenus serait remplacée par un robot. Problème, une semaine après la mise en place de ce nouveau système, Facebook mettait en avant un article erroné d'un site proche de Donald Trump.

Et s'il existe bien, depuis 2015, un bouton permettant à chaque utilisateur de signaler aux équipes de Facebook les faux contenus apparaissant dans son fil d'actualité, plusieurs observateurs pointent son opacité. Depuis sa mise en place, le réseau social de Mark Zuckerberg n'a jamais donné de statistique sur son usage et la part des contenus supprimés après signalement.

Face à ces multiples reproches, les employés de Facebook membre de ce groupe secret prévoient de faire prochainement des propositions sur ce qui pourrait être amélioré à la direction.