Belle promesse ou escroquerie annoncée, où en est l'Hyperloop ?

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Jean-Pierre Montanay, édité par Thibaud Le Meneec
Dans sa chronique "En attendant demain", jeudi, Jean-Pierre Montanay s'interroge sur le devenir du projet Hyperloop, né en 2013 de l'imagination sans borne de l'Américain Elon Musk. Sans essai grandeur nature, les réticences sur la viabilité de cette expérience sont nombreuses.

Qui n’a pas déjà entendu parler d’Hyperloop, ce train futuriste capable de transporter à 1000 km/h des passagers à l’intérieur de tubes ? Annoncé depuis des années, il est toujours invisible. L’annonce le mois dernier de l’ouverture d’une première ligne Hyperloop en 2023 aux États-Unis, autour de Chicago, a relancé les spéculations autour de ce projet dingue né en 2013 dans l'imagination sans limite d'Elon Musk, le patron de Tesla.

Depuis, deux start-up américaines (Hyperloop TT et Virgin Hyperloop) et une canadienne (Tranpod) sont dans les starting blocks pour ouvrir la première liaison. Mais pour l’instant, ce ne sont que des promesses. Hyperloop TT fanfaronne en annonçant un tronçon de 10 km dès l’an prochain à Abou Dhabi pour l’Exposition Universelle de Dubaï, Virgin évoque la construction prochaine d’une liaison de 11 km en Inde et Tranpod vient d’annoncer il y a quelques jours la construction en 2020 d’un centre d’essai avec une piste de 3 km en Haute-Vienne.

Le TGV plus rapide pour l'instant

Pour l'heure, il n'y a jamais eu d'essais. En 3D, sur des ordinateurs, le projet a l'air beau mais aucun test grandeur nature avec des passagers n’a été réalisé. Virgin se vante d’avoir testé une capsule sans personne à bord sur sa piste d'essai dans le Navada, sur quelques centaines de mètres, propulsée seulement à 386 km/h. C'est une vitesse ridicule par rapport à l’objectif supersonique de 1.000 km/heure. C'est même moins que le TGV, dont le record est de 575 km/h. Tant que l’on n’aura pas vu de vrais passagers supporter de telles vitesses dans un tube basse pression, en toutes sécurité, il est difficile de s’imaginer voyager à bord de cet engin.

Pour les experts comme François Lacôte, un ancien salarié d'Alstom qui a réalisé sa propre étude, ça laisse perplexe sur l’avenir d’Hyperloop, qui ressemble à une escroquerie intellectuelle irréalisable. Selon lui, il y a trop d’obstacles. Comment s’arrêter quand vous filez à la vitesse du son ? Il faudrait 10 km pour stopper la capsule. En cas de panne, comment faire évacuer sans danger les passagers dans des tubes basse pression ? Sans être expert, on peut donc se demander si on est bien près de voir un Hyperloop traverser le Massif central comme une fusée à 1.000 km/h dans son tube horizontal, pour boucler le trajet de Paris Toulouse en 40 minutes.