Les Français de plus en plus attentifs à leur e-réputation

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et Aurélien Fleurot , modifié à
IDENTITÉ 2.0 - D'après un rapport de la Cnil, les plaintes des internautes concernant leur réputation en ligne ont explosé en 2014.

Alors que Google vient d'être la cible d'une procédure de la Commission européenne au sujet de son moteur de recherche, une étude montre que les Français prêtent de plus en plus attention à leur réputation en ligne. D'après le rapport annuel de la Commission nationale informatique et liberté (Cnil), les Français ont enfin pris conscience de l'impact négatif de leur vie exposée en ligne, sciemment ou non. Et cela se traduit par une explosion des plaintes de ce type en 2014. Explications.

Internet a pris le pouvoir. Il y a quelques années, l'essentiel des plaintes de la Cnil concernaient le secteur du commerce et plus particulièrement la prospection abusive. Mais depuis trois ans, la tendance a changé : les plaintes des internautes français concernant leur e-réputation ont largement augmenté en 2014 : elles ont représenté 39% des 5.825 plaintes reçues, alors qu'elles représentaient 34% l'année précédente. Un secteur en augmentation que la Cnil explique notamment par la volonté des internautes de vouloir maîtriser leur identité numérique, alors même que les services en lignes se multiplient.

Que demandent les internautes ? Le plus souvent, "il s'agit du droit dit d'opposition", nous dit la Cnil. "Le fait de vouloir s'opposer à ce que figurent des données personnelles en ligne, c'est-à-dire des données qui permettent de nous identifier", détaille la Commission. Depuis le 22 mai 2014 et la décision de la coup de justice de l'Union européenne, les internautes peuvent exercer une demande de déférencement en ligne.

C'est quoi le déréférencement ? Cela consiste à demander qu'un contenu figurant dans les moteurs de recherche soit "décorrellé d'une recherche sur votre nom ou votre prénom", précise la Cnil. Textes, photographies, vidéos, coordonnées, commentaires ou encore faux profils en ligne figurent ainsi parmi les contenus qui peuvent être "effacés" de Google et de ses concurrents. Sur ce point précis, la Cnil a enregistré pas moins de 200 plaintes en huit mois. De son côté, Google a annoncé en mars 2015 avoir répondu à pas moins de 300.000 demandes de déréférencement en Europe, concernant 800.000 pages en ligne.

"Google se substitue à l'État". C'est d'ailleurs une Française qui a, pour la première fois, obtenu le retrait d'un article de presse qui citait une condamnation vieille de huit ans. "Google se substitue en quelque sorte à la Justice en affichant une condamnation qui n'apparaît plus sur mon casier judiciaire, alors même que l'État avait estimé que ma peine avait été payée dans tous les sens du terme", témoigne cette Française qui souhaite rester anonyme. "Ça a été une bataille longue et fastidieuse", reconnaît-elle sur Europe 1.

Comment protéger son identité en ligne ? Pour se protéger, la Cnil conseille dans un premier temps de s'informer sur ses droits en tant qu'internaute mais livre aussi quelques conseils sur la publication des photos par exemple, ou encore sur la réputation professionnelle pour les candidats à l'emploi. Des règles de "savoir-vivre en ligne" plutôt basiques mais qui peuvent prévenir d'un certain nombre de mauvaises surprises, comme par exemple "limiter l'accès aux photos publiées sur les réseaux sociaux", ou encore "demander l'autorisation avant de publier une photo de quelqu'un", éviter les outils de "tags" pour identifier les tiers ou même "ne pas partager de photos intimes via son smartphone".

En cas de "difficulté persistante", la Cnil propose de déposer une plainte directement sur son site, ou bien d'appeler un numéro de téléphone pour ceux qui n'auraient pas d'accès à Internet. Enfin, le formulaire de demande de "droit à l'oubli" pour une demande de déréférencement est accessible à cette adresse.

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