Le plan de Free pour contrer le duo Bouygues-SFR

Le quatrième opérateur a envoyé une lettre à SFR et Bouygues Telecom pour rejoindre leur projet de mutualisation de réseau. Une stratégie payante ?
Le quatrième opérateur a envoyé une lettre à SFR et Bouygues Telecom pour rejoindre leur projet de mutualisation de réseau. Une stratégie payante ?
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Alors que les deux opérateurs comptaient mutualiser leurs réseaux, le trublion de la téléphonie mobile s'invite dans l'alliance.

Le trublion refait parler de lui. Une fois n'est pas coutume, Free a lancé un grand coup de pied dans la fourmilière de la téléphonie mobile. Alors que se profilait une alliance pour un réseau commun entre Bouygues Telecom et SFR, le quatrième opérateur a demandé à participer à cette future mutualisation, révèle jeudi le quotidien Les Echos. Voici comment, en trois étapes stratégiques, Free a vraisemblablement court-circuité cet accord qu'il juge d'anticoncurrentiel.

SFR et Bouygues ensemble pour contrer Free. Depuis son lancement en janvier 2012, Free Mobile (11% de parts de marché au troisième trimestre 2013) n'en finit plus de grignoter des abonnés aux trois opérateurs principaux (Orange, Bouygues Telecom et SFR). Comment contrer l'ascension de l'entreprise de Xavier Niel ? Les n°2 (SFR, 26%) et n°3 (Bouygues, 17%) ont annoncé en juillet leur intention de "conclure avant la fin de l'année un accord stratégique" visant à partager leurs fréquences mobiles. Concrètement, les deux opérateurs utiliseraient leurs antennes respectives pour mieux couvrir le territoire.

Une lettre en guise de pied de nez. À l'heure où tous les opérateurs se livrent bataille sur la 4G, laquelle permet de surfer très rapidement sur mobile, Free a choisi un moyen autre plus classique pour titiller ses concurrents : une simple lettre envoyée par Maxime Lombardini, directeur général du quatrième opérateur. Le numéro de Free Mobile a demandé à Bouygues Telecom et SFR de partager leur futur réseau mobile commun : "Nous souhaiterions recevoir de votre part, avant l'achèvement de vos discussions, une proposition raisonnable d'accueil des fréquences de Free Mobile (…) sur le réseau que vous envisagez de mutualiser".

Pourquoi ? "Un accord entre deux des trois opérateurs de réseaux mobiles historiques qui ne prévoirait pas l'accueil du quatrième opérateur nous semblerait être un facteur de déstabilisation majeur", écrit Maxime Lombardini dans le courrier en question. Et le bras droit de Xavier Niel d'en rajouter une couche : "un tel accord pourrait être juridiquement critiquable".

Les rôles de l'Arcep et de l'autorité de la concurrence. Car Free pourrait donc se tourner vers les deux autorités en charge des télécoms en France. D'une part l'autorité de la concurrence qui peut sanctionner financièrement et recadrer les opérateurs en cas de pratique anticoncurrentielle, d'autres parts l'Arcep, qui n'a qu'un avis consultatif temporaire, le temps que l'État lui réattribue un pouvoir de sanction.

Un accord reporté ou même annulé ? Interrogées par Europe1.fr, les deux autorités en charge de régir les opérateurs téléphoniques en France n'ont pas souhaité réagir à cette lettre : "trop tôt pour se prononcer", ont-elles répondu presque en cœur. Si l'autorité de la concurrence participe actuellement au groupe de travail œuvrant au rapprochement entre SFR et Bouygues Telecom, aucun accord n'a pour le moment été passé. Et comme le précise Les Echos, Free "sait qu'il peut compter" sur le gendarme des Télécoms (Arcep), "qui veut bien d'un projet ambitieux à condition que Free puisse faire de même". Traduction : les chances que les autorités valident un tel accord sont minimes. il qu'il ne reste plus à Free qu'à attendre les réactions de l'Autorité de la concurrence et de l'Autorité des télécoms (Arcep), à qui l'opérateur a envoyé une copie de la lettre. Un moyen pour le trublion de la téléphonie mobile de ralentir les discussions en cours, en espérant même une annulation de cette mutualisation. Et c'est bien là-dessus que compte le quatrième opérateur mobile.

 

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