Trophées UNFP : le foot français a-t-il un souci avec les coachs étrangers ?

Leonardo Jardim, à gauche, et Marcelo Bielsa, à droite, ne remporteront pas le trophée de meilleur entraîneur de Ligue 1 cette saison.
Leonardo Jardim, à gauche, et Marcelo Bielsa, à droite, ne remporteront pas le trophée de meilleur entraîneur de Ligue 1 cette saison. © AFP
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Leonardo Jardim et Marcelo Bielsa, les entraîneurs de Monaco et de l’OM, n’ont pas été nommés au titre de meilleur entraîneur de Ligue 1.

Le meilleur entraîneur de Ligue 1 sera français. Les quatre nommés au titre de meilleur coach du championnat de France ont été annoncés mardi par l’UNFP. Et ils sont tous français : Laurent Blanc (PSG), Hubert Fournier (Lyon), Christophe Galtier (Saint-Etienne) et Jocelyn Gourvennec (Guingamp). Le vainqueur du trophée, qui sera décerné le 17 mai prochain, ne sera donc pas un coach étranger. Leonardo Jardim, l’entraîneur portugais de Monaco, et Marcelo Bielsa, l’Argentin adulé des supporters de l’OM, n’ont pas été sélectionnés. Mais un coach étranger méritait-il d’être nommé cette saison ? Europe 1 ouvre le débat.

Oui : "Bielsa et Jardim méritaient d’être nommés"
Par Julien Ricotta

"Non, un coach étranger ne méritait pas d’être nommé, mais bien deux. Commençons par Leonardo Jardim, l’entraîneur de Monaco. Le Portugais a récupéré cet été une équipe délestée de ses deux stars : Falcao et James Rodriguez, vendues au Real Madrid pour le premier et prêté à Manchester United pour le second. Après une première partie de saison difficile - 19e au soir de la 5e journée -, Jardim a tout simplement réalisé un sans-faute. L’ASM est revenue comme un boulet de canon en Ligue 1 (3e aujourd’hui) et a impressionné toute l’Europe en éliminant, à la surprise générale, Arsenal en 8es de finale de Ligue des champions. A l’inverse, Christophe Galtier s’est fait éliminer piteusement au premier tour de la Ligue Europa avec Saint-Etienne, après des prestations d’une rare indigence. Pour le petit monde du foot français, les résultats en Coupe d'Europe ne comptent donc pas.

Autre enseignement de ce vote : développer du beau jeu importe peu. Non, non, en Ligue 1 on préfère les défenses bien en place aux envolées offensives et aux buts en cascade. Marcelo Bielsa, le coach argentin de l’OM, adulé par les supporters marseillais ? Il ne vaut rien comparé à Jocelyn Gourvennec, l’entraîneur de Guingamp. Et bien oui : un entraîneur admiré dans le monde entier, dont Pep Guardiola lui-même est un fan invétéré, n’est pas assez bien pour notre Ligue 1. Le spectacle, le plaisir que tous les amoureux du ballon rond ont pris avec l’OM cette saison, même lors d’improbables défaites comme celle contre Lorient au Vélodrome (5-3), non, tout cela n’est pas suffisant. Bielsa a beau avoir régalé toute la France durant six mois avec un jeu offensif époustouflant, le foot français ne le remercie pas. Plus grave : il a même été incapable de le voir.

NON : "un quatuor d'entraîneurs légitime"
Par Nicolas Rouyer

Depuis la création des trophées UNFP, deux coachs étrangers seulement ont remporté ce trophée : le Belge Eric Gerets en 2009 et l'Italien Carlo Ancelotti en 2013. Et encore "Carletto" a-t-il dû partager ce trophée avec Christophe Galtier. Peut-on pour autant en déduire que la corporation des entraîneurs français est animée d'une sorte de protectionnisme déplacé ? Difficile à dire si l'on s'en tient à la saison qui s'achève.

Tout le monde pousse des cris d'orfraie en raison de l'absence du Monégasque Leonardo Jardim et du Marseillais Marcelo Bielsa. Certes, "El Loco" a apporté un peu de folie dans notre championnat. Mais l'OM a déjà concédé 11 défaites (!) cette saison dont certaines assez improbables, à domicile, contre des équipes en lutte pour le maintien (2-3 contre Caen et 3-5 face à Lorient). Jusqu'à preuve du contraire, des trophées ne récompensent pas des intentions mais des résultats. C'est plutôt à un trophée UNFP d'honneur que Bielsa pourrait prétendre. Les coaches de Ligue 1 et Ligue 2 (puisque ce sont eux qui votent, rappelons-le) n'ont visiblement pas été gagnés par la Bielsamania et sans doute mal pris l'engouement parfois irrationnel suscité par le technicien argentin.

En ce qui concerne Jardim, ses partisans actuels sont ceux qui, il y a quelques mois, moquaient son jeu défensif et son extrême frilosité. A raison, car qu'est-ce qu'on a pu s'ennuyer avec l'ASM cette saison ! L'ennui a aussi gagné Geoffroy-Guichard mais, à notre connaissance, le coach de Saint-Etienne, Christophe Galtier, nommé, ne bénéficie pas dans ses rangs de joueurs comme Joao Moutinho ou Dimitar Berbatov. Mais plutôt de Fabien Lemoine ou Yohan Mollo. Alors, pourquoi pas nommer Galtier, sans doute plébiscité par ses pairs pour sa continuité au plus haut niveau sans énormes moyens. Les trois autres entraîneurs présents dans le Top 4 semblent indiscutables : Laurent Blanc a assis son autorité au PSG, Hubert Fournier a franchi, sans discussion, le palier de Reims à Lyon et Jocelyn Gourvennec a fait du petit Guingamp un séduisant trouble-fête. Le quatuor d'entraîneurs nommés cette année n'a donc rien de particulièrement offensant, ni contre les techniciens étrangers ni contre le football.

 

Les nommés pour les trophées UNFP :

Meilleur entraîneur de l’année :
 Laurent Blanc (PSG), Hubert Fournier (Lyon), Christophe Galtier (Saint-Etienne), Jocelyn Gourvennec (Guingamp).

Meilleur joueur de l’année :
Zlatan Ibrahimovic (PSG), Alexandre Lacazette (Lyon), Javier Pastore (PSG), Marco Verratti (PSG).

Meilleur gardien de l’année :
 Anthony Lopes (Lyon), Steve Mandanda (Marseille), Stéphane Ruffier (Saint-Etienne), Danijel Subasic (Monaco).