JO : l'or olympique, la quête ultime de Clarisse Agbegnenou

Clarisse Agbegnenou
La judoka Clarisse Agbegnenou vise l'or olympique dans la catégorie des -63 kg. © Attila KISBENEDEK / AFP
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Gauthier Delomez avec AFP , modifié à
Médaillée d'argent à Rio en 2016, la judoka française Clarisse Agbegnenou veut tout faire pour décrocher l'or olympique mardi (à partir de 5h35 heure française), un an après le report des JO de Tokyo. L'une des porte-drapeaux de la délégation française part en tout cas favorite dans la catégorie des -63 kg.

Profondément affectée par le report des JO l'an dernier, Clarisse Agbegnenou était "tombée très bas", mais a su se reconstruire et revenir au sommet en prenant un peu de recul par rapport à l'équipe de France pour tenter de décrocher mardi aux JO de Tokyo, à partir de 5h35 heure française, l'or olympique qui couronnerait son imposant palmarès. L'une des porte-drapeaux de la délégation française fait partie des favorites dans la catégorie des -63 kg, mais elle devra faire attention à des rivales qui lui ont posé des problèmes par le passé.

Prendre sa revanche sur 2016

Le 10 juin à Budapest, quand elle a fièrement montré à la caméra sa main gauche et ses ongles décorés d'une étoile représentant chacun de ses cinq titres mondiaux en -63 kg, la judoka française de 28 ans était émue. Elle savait d'où elle revenait. "Ça a été très difficile, très, très dur. Je n'aurais jamais pensé être aussi bas, dans ma vie, dans ma carrière. Je voulais presque tout arrêter, j'en étais là", avait-elle assuré quelques minutes plus tard.

Car les titres mondiaux et européens - cinq de chaque désormais - ne suffisent pas à combler l'ambition de la Francilienne, repartie terriblement frustrée et amère de Rio en 2016, avec une médaille d'argent, dont elle dit que "ce n'est pas la bonne". Depuis les Jeux brésiliens, Clarisse Agbegnenou mûrissait sa revanche, comme une forme d'obsession. Et c'est pourquoi l'année d'attente supplémentaire imposée par le Covid avant de pouvoir poser les pieds au Budokan, la mythique salle de judo du centre de Tokyo, lui a tant pesé.

"J'avais besoin de me recentrer sur moi"

"Pour être honnête, ça a été dur d'entrée, dès qu'on a annoncé le report des Jeux. Ça a été très dur parce que c'est beaucoup d'engagement de sa part, beaucoup de sacrifices. Et ce report, ces incertitudes, ça a été très compliqué pour elle", a expliqué Larbi Benboudaoud, directeur de la haute performance et entraîneur de l'équipe de France féminine. Pour accompagner la reconstruction de la championne, Benboudaoud a alors accepté d'adapter le quotidien et les programmes de travail, de faire quelques entorses aux habitudes de l'Insep.

"Il fallait que je me retrouve moi, toute seule. J'avais besoin de me recentrer sur moi. Ça a peut-être été dur à comprendre, mais il fallait aussi qu'on m'écoute. Je devais penser aussi à moi", a expliqué la quintuple championne du monde, qui a passé plusieurs mois à La Réunion. Là-bas, elle s'est beaucoup investie dans une formation de coach de vie à HEC et a pratiqué boxe, yoga et jiu-jitsu brésilien. "Il y a des choses que sans doute on n'aurait pas accordées en temps normal, mais à elle comme aux autres. On a peut-être lâché des choses", a reconnu Benboudaoud. "C'était elle la plus prête pour les JO et c'est elle qui a le plus morflé. Donc on a dû s'adapter."

La Slovène Tina Trstenjak, sa bête noire

Le technicien savait aussi que l'appétit de victoire d'Agbegnenou était une garantie contre le relâchement et que l'objectif olympique ne risquait pas de passer au second plan. "On a desserré l'étau et en même temps on savait que Clarisse, le job, elle le fait. On n'a pas besoin de lui rappeler le cadre et les exigences du haut niveau", a-t-il expliqué. La confirmation est venue sur les tapis, avec un nouveau titre européen en novembre 2020 à Prague, puis l'or mondial N.5 à Budapest. Mais le véritable horizon est désormais tout proche, mardi au Budokan, pour obtenir l'or manquant.

Il faudra peut-être pour cela renverser la Slovène Tina Trstenjak, longtemps sa bête noire, qui l'a battue deux fois en finale, à Rio et aux Mondiaux 2015, ou la Japonaise Miku Tashiro, qui l'avait poussée dans ses retranchements en finale des Mondiaux 2019, à Tokyo, déjà. Mais à Budapest, Agbegnenou n'avait plus aucun doute. "Je veux avoir cette médaille olympique et je ferai tout pour l'avoir. Il y a encore du chemin mais je suis prête."