JO de Rio 2016 : de quoi est composée une perche d’athlétisme ?

Renaud Lavillenie 1280
Renaud Lavillenie, à la recherche de la "bonne perche". © THIERRY ZOCCOLAN / AFP
  • Copié
avec Antoine Maignan , modifié à
MATÉRIEL - Renaud Lavillenie va s'attaquer lundi soir à la défense de son titre olympique, une perche à la main. Un objet athlétique assez mystérieux…

À voir Renaud Lavillenie franchir allégrement les barres, vous vous êtes déjà très certainement demandés de quoi était constituée sa perche. Une perche aussi chouchoutée lors de la préparation que martyrisée lors du saut, pliée tout le temps, cassée à l'occasion. Europe 1 lève le voile sur certains secrets de fabrication de cet outil athlétique atypique, avec Jean-Claude Perrin, ancien entraîneur national qui a conduit le regretté Pierre Quinon au titre olympique, en 1984.

Fibre de verre. D'emblée, notre consultant précise : "par perche, vous ne parlez donc pas ici de la discipline, mais de l'engin". Oui, et cet engin, alors, de quoi est-il fait ? "La perche, c'est une longue canne en fibre de verre, avec quelques matériaux composites parfois, un engin avec lequel on recherche la légéreté et la dureté, de façon à ce qu'une flexion de 90° à 100° résiste à la flexion d'un homme." Voilà qui est défini. Les perches font-elles dès lors l'objet de contrôles, comme c'est le cas dans le cyclisme avec les vélos ? Non, car "on a pratiquement tous les droits au saut à la perche".

Le règlement officiel de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) confirme : "La perche pourra être faite de n’importe quel matériau ou combinaison de matériaux et avoir une longueur et un diamètre quelconques, mais la surface devra être lisse." Dans l'histoire de la perche, le bois, l'aluminium et le fer ont été utilisés. Mais depuis les années 1980, la fibre de verre s'est imposée comme la matière idéale. Et ça n'a pas bougé ou presque. Charge ensuite à l'athlète d'utiliser au mieux cette tige qui varie de trois mètres pour les débutants à cinq mètres pour les seniors.

Fer à repasser. Pour son record du monde en février 2014, Lavillenie avait ainsi utilisé une perche 100% fibre de verre, une perche de l'entreprise américaine UCS Spirit. Comme le détaille Philippe Collet, directeur de Matsport, revendeur des perches UCS Spirit en France, au site industie-techno.com, la perche est constuite comme suit : "Un technicien effectue un premier enroulement de fil (en fibres de verre) autour du mandrin (qui sert d'axe, ndlr). Puis le laie est collé sur de la fibre avec un fer à repasser. Le tout est ensuite cuit dans un four, puis le mandrin est décollé par injection d’air sous pression. Le tube obtenu est enfin testé dans une cage." Très technique, donc.

Quid de la "bonne" perche ? Mais pour Jean-Claude Perrin, ce n'est pas la perche qui fait l'athlète mais l'athlète qui fait la perche : "La perche n'est pas importante du tout parce que, si je mets une perche par terre, devant vous, dans un  bureau, c'est un engin inerte, qui n'a rien de magique. Pour qu'il y ait une flexion, il faut courir vite, lui donner de la détente, lui donner une technique."

Mais pourquoi alors tous les athlètes parlent-ils de la "bonne" perche ? " Le terme de 'bonne perche', c'est à la fois hyper technique et un peu subjectif. Hyper technique, car il faut que la perche soit adaptée à l'athlète, aux conditions atmosphériques, à la hauteur de la barre. Il y a des facteurs d'adaptation très importants pour le choix d'une perche. Un sauteur à la perche de haut niveau se déplace ainsi avec entre trois et cinq perches dans ses étuis." Au saut à la perche, l'important n'est donc pas tant de savoir la nature ou la taille de l'engin, mais bien comment il est utilisé…