JO de Paris 2024 : le monde de l'escrime fracturé face à un potentiel retour des athlètes russes

La fédération internationale d'escrime est la première instance à vouloir réintégrer des athlètes russes et bélarusses dans des compétitions internationales
La fédération internationale d'escrime est la première instance à vouloir réintégrer des athlètes russes et bélarusses dans des compétitions internationales © AFP
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avec AFP
La fédération internationale divise. Première instance à avoir fait un pas vers les athlètes russes et bélarusses, ses dirigeants doivent désormais faire face aux critiques des pays contre cette mesure. Plus d'un an avant le début des JO de Paris 2024, le Comité international olympique doit clarifier sa position prochainement.

Première fédération internationale à s'être positionnée pour un retour des Russes et Bélarusses en compétitions internationales à un an et demi des Jeux olympiques 2024, l'escrime se retrouve secouée par des tensions fortes, en attendant que le Comité international olympique se montre plus précis. Début mars, un congrès de la Fédération internationale (FIE) a autorisé la participation des escrimeurs russes et bélarusses aux épreuves du circuit mondial, qualificatives pour les JO 2024 (26 juillet-11 août).

Si la FIE avait pris soin de préciser que cette décision serait effective à partir d'avril 2023 "sous réserve d'éventuelles recommandations/décisions futures du CIO", les réactions et turbulences autour des compétitions censées les accueillir se sont multipliées. Exclus, sur recommandation de ce même CIO, depuis février 2022 et l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les athlètes russes et bélarusses pourraient réintégrer le classement mondial, dont dépendent les qualifications pour le rendez-vous olympique parisien, l'an prochain.

Poznan scrutée

Mais une semaine après le vote de la FIE, la Fédération allemande d'escrime a renoncé à l'organisation de l'étape de Coupe du monde de fleuret féminin prévue début mai à Tauberbischofsheim et programmée dans le parcours de qualifications. Une autre épreuve de Coupe du monde de fleuret féminin est particulièrement scrutée, celle prévue à Poznan (Pologne), les 21 et 22 avril. Elle devrait être la première à accueillir les tireuses russes et bélarusses, dans un pays frontalier avec l'Ukraine et… le Belarus, où Vladimir Poutine vient d'annoncer qu'il souhaite déployer des armes nucléaires "tactiques".

"La PZSZ (Fédération polonaise d'escrime, NDLR) n'est pas au courant d'une décision quelconque qui la priverait de l'organisation du tournoi", même si elle est "consciente" de courir un tel risque, a expliqué à l'AFP Adam Konopka, vice-président de l'instance. Les Polonais demanderaient alors des dédommagements, a-t-il ajouté.

Leur "position actuelle est de ne pas laisser les Russes et les Bélarusses participer à ce tournoi". Mais, compte tenu des décisions de la fédération internationale, "la PZSZ a demandé à la FIE des précisions sur les critères et les modalités de l'application de ces critères" de cette sélection pour savoir "lesquels parmi les sportifs russes et bélarusses seraient autorisés ou non à concourir à Poznan", sans obtenir de réponse de la part de la Fédération internationale.

Sécurité

Les athlètes russes et bélarusses évoquent des craintes pour leur propre sécurité lors des épreuves, mais Varsovie semble ne pas être rassurée non plus, indiquant que nombre de ces sportifs sont aussi militaires. En France également, l'incertitude est forte, alors que le Challenge Monal, au calendrier de la Coupe du monde d'épée masculine, doit se tenir à Saint-Maur-des-Fossés, non loin de Paris, du 19 au 21 mai. Une décision devrait être prise par la Fédération française d'escrime une fois la position du CIO clarifiée cette semaine, lors d'une commission exécutive attendue.

En plus de ces doutes surgissant dans les pays organisateurs de compétitions, la FIE doit faire face à l'opposition de certains tireurs, qui ont manifesté leur désaccord avec la décision prise le 10 mars. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, plusieurs grands noms de l'escrime ont pris directement position en répondant "Non, je ne suis pas d'accord", en réponse à la décision prise par la FIE début mars. Parmi eux, le fleurettiste américain Gerek Meinhardt, deux fois médaillé de bronze olympique (2016, 2021), la sabreuse française Manon Brunet-Apithy, vice-championne olympique en 2021 ou encore la fleurettiste américaine Lee Kiefer, sacrée aux Jeux de Tokyo.

On y voit également la championne olympique ukrainienne Olga Kharlan, qui a en parallèle résumé son sentiment en trois mots sur les réseaux sociaux : "Déception, colère, injustice". "Qu'est-ce qui a changé ?", interroge la championne olympique 2008 de sabre, un peu plus d'un an après la recommandation du CIO d'exclure ces athlètes, et alors que la Fédération ukrainienne a annoncé qu'elle boycotterait toute compétition dans laquelle des sportifs russes et bélarusses seraient engagés.