Jean Galfione aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996.
  • Copié
Guillaume Perrodeau
Mardi, Christophe Hondelatte fait le portrait du perchiste Jean Galfione, champion olympique de la discipline en 1996.

Jean Galfione est l'un des noms les plus importants de l'athlétisme français. Champion olympique aux JO d'Atlanta en 1996, il est le premier Français a avoir franchi la barre des 6 mètres le 6 mars 1999. Christophe Hondelatte revient mardi sur son parcours, jusqu'à son sacre aux JO.

 

>> De 14h à 15h, c’est Hondelatte raconte sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission de Christophe Hondelatte ici

"Lorsque j’ai commencé la perche, j’étais vraiment nul". Le déclic a lieu lorsque Jean Galfione a 13 ans. Issu lui-même d'une famille de sportif de haut niveau, le jeune Jean tombe sur un numéro spécial de Paris Match sur les JO de Los Angeles 1984. À l'intérieur de ce magazine, qu'il feuillette quotidiennement, il trouve son héros : Pierre Quinon, champion olympique à la perche en 1984. C'est sa sœur qui l'emmène sur une piste d'athlétisme pour la première fois. Il s'essaye à tout, mais une discipline le marque particulièrement. "J’étais un peu doué partout, mais lorsque j’ai commencé la perche, j’étais vraiment nul. C’était un affront mais cette difficulté m'a plu", raconte Jean Galfione. "Depuis que j’ai découvert la discipline étant gamin, je voulais être perchiste", souligne-t-il.

Un entraîneur d'épreuves combinées, Gérard Lanzoni, le pousse aussi à se spécialiser dans la discipline et quelque temps plus tard, il évoque son cas auprès de Maurice Houvion, entraîneur de perche du Stade Français. Séduit par la mentalité de Jean Galfione, il l'invite à rejoindre le club domicilié Porte de Pantin.

L'école, "un calvaire". Dès les premiers entraînements, malgré son niveau très moyen, quelque chose marque Maurice Houvion : le caractère de Jean Galfione. Le petit a la gagne en lui. Ses camarades d'entraînement ? Il les voit comme des adversaires. Pour Jean Galfione, le sport est un refuge car à l'école, cela se passe très mal, avec des bulletins scolaires calamiteux. "Je faisais partie des enfants pour qui être à l’école était un vrai calvaire", ne cache pas le sportif au micro d'Europe 1.

Petit à petit, Jean Galfione commence à avoir des résultats au niveau régional, à force d'entraînement et d'abnégation. Maurice Houvion veut le faire entrer à l'Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance (INSEP). Jean Galfione, lui, a déjà un objectif en tête : être champion de saut à la perche. On bidouille un peu son bulletin scolaire pour qu'il intègre l'INSEP, mais Maurice Houvion lui fait bien comprendre qu'à partir de maintenant, il faudra que les notes suivent. Désormais dans le prestigieux institut, Jean Galfione va poursuivre son apprentissage.

Le "demi-dieu" Bubka. À 15 ans, en cadet, Jean Galfione saute 4 mètres. Un an plus tard ? Il bat le record de sa catégorie et culmine désormais à 5m10. Il obtient son premier titre junior en Bulgarie, en 1990, chapeauté par un Maurice Houvion qui lui inculque que l'organisation est presque aussi importante que le saut. "L’organisation et la rigueur étaient essentielles dans sa discipline", se souvient Jean Galfione.

Cinq ans plus tard, le voilà dans la cour des grands. Aux championnats du monde de Göteborg, en Suède, il obtient la médaille de bronze en sautant à 5m86, devancé par le Russe Maksim Tarasov et la légende ukrainienne Sergueï Bubka. Ce semi-échec va lui donner la force de se dépasser car il se rend compte alors que Sergueï Bubka n'est qu'à quelques centimètres de lui. "Jusqu’à Goteborg, je n’avais jamais imaginé ça. À l’époque, Bubka était demi-dieu. Il remplissait des stades à lui tout seul et battait record du monde sur record du monde", indique Jean Galfione. "Cette année 1995 a été révélatrice", reconnaît-il.

Il pensait juste. Car l'année suivante, aux JO d'Atlanta, Jean Galfione va devenir champion olympique. Malgré le forfait de Sergueï Bubka, le Français était loin d'être le favori. Mais en sautant 5m92 et en battant le record olympique, il devance le russe Igor Trandenkov et s'adjuge la médaille d'or. Jean Galfione fait son entrée dans le club fermé des champions olympiques français et inscrit son nom dans l'histoire de la discipline.