GR20 en 35 heures et 50 minutes : «On peut être maman et sportive»

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Virginie Phulpin , modifié à
C’est un exploit sportif hors normes : Anne-Lise Rousset vient de parcourir les 170 kilomètres du GR20, le chemin de randonnée qui traverse la Corse, en 35 heures et 50 minutes. C’est la première femme à passer sous la barre des 40 heures, dépassant de plus de 5 heures le record établi. Une aventure inspirante sur laquelle revient Virginie Phulpin.
EDITO

C'est un projet un peu fou qui tient à la fois de l’exploit sportif, du dépassement de soi, de la lutte contre l’épuisement et de l’adaptation aux lois de la nature. Anne-Lise Rousset parle davantage de défi personnel que du record sportif en lui-même. Et pourtant… Elle a pulvérisé le record féminin de plus de 5h ! Courir 170 kilomètres à plat en moins de 36 heures, ce serait déjà immense. Mais sur les chemins escarpés et ô combien techniques des montagnes corses, avec des dénivelés à couper le souffle, des pièges et des changements de température qui mettent le corps à rude épreuve, ça ajoute quelques majuscules à l’exploit.

Le GR20, vous connaissez. Vous en avez peut-être même parcouru quelques kilomètres. C’est le chemin de randonnée mythique, qui attire en Corse marcheurs, et coureurs du monde entier. Et c’est en découvrant ce parcours il y a deux ans qu’Anne-Lise Rousset a eu un coup de cœur et que l’idée de tenter l’impossible a germé. La traileuse a ensuite été enceinte, et le projet a mûri dans son esprit au rythme où le bébé grandissait dans son ventre. Son fils est né il y a moins d’un an. Et deux mois après sa naissance, la sportive était déjà sur le GR20. Lundi, à 6h du matin, Anne-Lise est partie à la quête du record et des sensations. Et la voir son bébé dans les bras lors de son premier ravitaillement, c’est une des images fortes que le sport a à nous offrir. Oui, on peut être maman et sportive.

Courir 170 kilomètres avec la canicule en plus, ça n’aide pas…

C’est la différence entre une sportive de haut niveau, habituée aux conditions extrêmes, et nous autres pauvres terriens peu résistants. La canicule n’était pas prévue au programme. Mais quand vous choisissez une date pour un record, il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte. Mi-juin, c’est le moment où les jours sont les plus longs. Il faut en profiter pour courir au maximum à la lumière du jour. Et dans la nuit de lundi à mardi, c’était la pleine lune. Là encore, il s’agit de profiter de la luminosité exceptionnelle. Cette nuit n’a pas été simple pour la sportive. Plusieurs fois, elle a voulu s’arrêter pour se reposer. Mais les deux 'pacers', ceux qui l’accompagnent, l’ont poussée à se remettre en route.

Entre la nuit et un jour de canicule, vous avez 20 degrés de différence. Le corps souffre. S’hydrater, s’alimenter correctement, par petites doses, ça fait partie de ces détails qui font une championne. Le médecin d’Anne-Lise Rousset me disait qu’on ne se remet physiquement d’un tel effort qu’au bout de 8 ou 10 mois. C’est vous dire l’effort. On est bien d’accord que même si vous avez la chance d’aller en vacances en Corse cet été, vous ne tentez pas d’imiter Anne-Lise Rousset. Vous n’y arriverez pas, désolée. On n’imite pas, mais on s’inspire."