Football Leaks : selon Fabrice Arfi, "il y a matière à exclure le PSG de la Ligue des champions"

Selon les révélations des Football Leaks, le PSG aurait usé d'un "dopage financier" avec l'aide de l'UEFA.
Selon les révélations des Football Leaks, le PSG aurait usé d'un "dopage financier" avec l'aide de l'UEFA. © EUROPE 1
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Thibauld Mathieu , modifié à
De nouvelles révélations parues vendredi expliquent comment le PSG, aidé par l'UEFA, a fraudé pour contourner le fair-play financier. Selon Fabrice Arfi, responsable des enquêtes à Mediapart, une exclusion de la Ligue des champions serait "une conclusion logique".
INTERVIEW

80 journalistes, 70 millions de documents épluchés… Le consortium de médias Européen Investigative Collaborations (EIC) dont Mediapart en France a publié vendredi une nouvelle salve de révélations sur l'univers du football. Les Football Leaks "deuxième saison" démontrent notamment comment le Paris Saint-Germain aurait gonflé certains de ses contrats de sponsoring pour passer sous les barrières du fair-play financier. "Si on regarde les règles édictées par l'UEFA, il y a matière à exclure le PSG de la Ligue des champions", affirme sur Europe 1 Fabrice Arfi, responsable des enquêtes à Mediapart. "Ce serait la conclusion logique".

"Exactement comme du dopage". Le contrat le plus douteux porte sur 1,075 milliard d'euros promis sur cinq ans par l'office du tourisme du Qatar (QTA), soit 215 millions d'euros par an en moyenne. L'enquête révèle que deux cabinets d'audit missionnés par l'UEFA, les agences Repucom et Octagon, auraient valorisé ce contrat respectivement "à 123.000 euros par an pour l'un, et 2,8 millions d'euros par an pour l'autre, soit entre 77 et 1.750 fois moins que le montant affiché". "C'est exactement comme du dopage, sauf que ça se fait avec de l'argent", souligne Fabrice Arfi. 

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"L'UEFA a accompagné la fraude et a aidé le PSG". Selon le journaliste, il n'est toutefois pas uniquement question de billets verts ici. "Plus qu'une question d'argent, c'est comment un club, soutenu par un État, vise à fausser la compétition, à tricher avec les règles, notamment celles du fair-play financier". Des règles édictées par l'UEFA, et en particulier son ancien président Michel Platini. Sauf qu'au lieu de sanctionner, l'organe de contrôle européen "a accompagné la fraude et a même aidé le PSG, en maquillant ces contrats bidons", dénonce Fabrice Arfi, au micro de Matthieu Belliard. Pourquoi une telle manœuvre ? Pour des "raisons politiques", selon les documents révélés par Mediapart.

Le cas du PSG en suspens. Sous le coup de sanctions, le PSG n'avait écopé en 2014 que de 60 millions d'euros d'amende, et de deux ans de restrictions financières (plafonnement de la masse salariale, limitation du nombre de joueurs, ...). Depuis les arrivées spectaculaires de Neymar et Kylian Mbappé contre plus de 400 millions d'euros à l'été 2017, le club de la capitale fait de nouveau l'objet d'une enquête de l'UEFA.

L'ICFC, l'instance chargée du contrôle financier des clubs de l'UEFA, avait dans un premier temps été clôturé son enquête en juin, avant de la rouvrir un mois plus tard. Sa chambre de jugement a finalement décidé de renvoyer le cas du PSG pour 'un "examen plus approfondi", selon un communiqué publié fin septembre par l'instance européenne.

 

Nicolas Sarkozy, entremetteur entre Manchester City et l'UEFA ?

Le nom de Nicolas Sarkozy apparaît également dans ces révélations. On savait que l'ancien président de la République entretenait des relations avec le Qatar, on l'y découvre également proche des Émirats arabes unis, et plus précisément de Manchester City, autre club accusé d'avoir massivement fraudé le fair-play financier. "Son rôle, c'est d'avoir fait une sorte de go-between entre l'actionnaire du club, un cheikh émirati, et les instances de l'UEFA pour participer à cette couverture de la fraude par l'instance européenne", explique Fabrice Arfi.