3:00
  • Copié
Virginie Phulpin, édité par Cédric Chasseur , modifié à
Le pilote de Formule 1, tout proche d'être sacré champion du monde pour la troisième année consécutive, se mobilise pour tenter à son échelle de sauver la planète. Sauf que cette ambition colle difficilement avec son métier…

>>Dimanche, à l'issue du Grand Prix des Etats-Unis, Lewis Hamilton pourrait être couronné champion du monde de Formule 1 pour la sixième fois de sa carrière. Le pilote anglais, qui a dit cette semaine qu'il ne voyait pas de raison de s’arrêter avec Mercedes, entend oeuvrer en même temps pour la protection de la planète. Une nouvelle passion qui a de quoi faire sourire, estime notre éditorialiste Virginie Phulpin. 

"Lewis Hamilton peut déjà être sacré champion du monde de l’hypocrisie. Il se répand sur les réseaux sociaux pour expliquer à quel point il est triste quand il pense où va le monde. J’ai mis 34 ans à m’en apercevoir, mais j’ai compris. L’extinction de notre espèce est inéluctable. A la base, je trouve plutôt sain qu’il se rende compte que la planète est en danger. Très bien. Mais son discours est tellement formaté que chaque phrase sonne comme un slogan. Et le problème avec les slogans, c’est qu’on doute un peu de la sincérité derrière. 

Ce qui est génial avec Lewis Hamilton, c’est qu’il maîtrise l’écologie autant que les virages à 300 kilomètres heures. Il a la solution pour sauver le monde. Déjà, il a trouvé l’origine du problème : c’est l’agriculture. Et il nous explique que l’agriculture pollue plus que toute l’industrie du transport. Ah oui, il est quand même pilote de Formule 1, donc pas touche aux transports. Puisque le problème vient de l’agriculture, on peut sauver le monde en devenant tous vegan. Ça tombe bien, Lewis Hamilton vient d’ouvrir un restaurant de hamburgers vegan à Londres. Avouez que les choses sont bien faites !" 

Il a quand même changé ses habitudes 

"Oui, c’est vrai. Il a une brosse à dents recyclable, et il en est très fier. Matthieu, n’oubliez pas de faire un selfie quand vous mettez vos feuilles de papier dans la poubelle jaune. A l’échelle de Lewis Hamilton, c’est un exploit qui mérite une petite pub. Non mais c’est vrai qu’il fait des efforts. Il a vendu son jet privé qu’il utilisait pour traverser la planète pour une simple soirée à Ibiza. Il a vendu plusieurs voitures de collection. C’est louable, tout ça. Mais il part de tellement loin que quand il nous dit qu’il veut qu’on se rapproche tous d’une empreinte carbone zéro, je me demande si sa faculté d’analyse n’est pas restée bloquée dans un tunnel à Monaco.

Lewis, vous êtes pilote de Formule 1, vous conduisez des voitures qui consomment 45 litres d’essence aux 100 kilomètres à chaque course, vous utilisez une vingtaine de pneus et vous prenez l’avion 200 fois par an. Si vous êtes angoissé pour la planète, arrêtez tout ça. Il y a un championnat de Formule électrique par exemple. Non, ça ne l’intéresse pas. Il préfère la F1. Du coup on va peut-être se passer de ses leçons de morale. 

On va quand même lui reconnaître quelque chose. Grâce à Lewis Hamilton, c’est la première fois qu’on parle d’environnement dans les paddocks. Mais ça sent le 'greenwashing' autant que l’essence."