Dopage dans le foot : à un an du Mondial, la Russie de nouveau visée par une enquête

La FIFA aurait en sa possession des mails compromettants adressés à l'ancien directeur du laboratoire antidopage russe.
La FIFA aurait en sa possession des mails compromettants adressés à l'ancien directeur du laboratoire antidopage russe. © KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP
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T.M.
Selon un journal anglais, la FIFA enquêterait sur les 23 joueurs russes ayant participé à la Coupe du monde au Brésil.

Depuis plus de deux ans, les révélations sur le dopage en Russie ne cessent de défrayer la chronique. Déjà éclaboussé par un scandale de dopage d'État dans le rapport McLaren, le pays qui accueillera la prochaine Coupe du monde en 2018 aurait cette fois couvert ses footballeurs, parmi lesquels tous ceux qui ont participé au Mondial 2014. Une énième affaire qui pourrait cependant avoir un écho plus important que les précédentes. Jusque-là, le dopage dans le football restait tabou, sinon cantonné à des cas individuels ou à des suspicions.

  • De quoi est-il question ?

Selon The Mail on Sunday, la FIFA disposerait d'une liste de mille noms de sportifs soupçonnés d'avoir été aidés par "une manipulation institutionnalisée du processus de contrôle antidopage en Russie". Parmi eux, 34 footballeurs russes, dont les 23 qui ont participé au dernier Mondial au Brésil. Officiellement, tous les tests effectués sont négatifs, mais la Fédération internationale aurait en sa possession des mails compromettants adressés à l'ancien directeur du laboratoire antidopage russe, Grigori Rodchenkov, aujourd'hui lanceur d'alertes aux États-Unis.

Y seraient détaillées les procédures pour remplacer des échantillons "sales" par des "propres" ou pour transformer des pipettes d'urine positives afin d'effacer toute trace de stéroïdes…

Pour autant, cela ne signifie pas que les footballeurs russes sont tous coupables. Des athlètes "propres" pourraient avoir vu leurs prélèvements modifiés ou remplacés.  

  • Quelles autres accusations pèsent sur la Russie ?

Ces nouvelles révélations arrivent six mois seulement après la version définitive du rapport McLaren, dans lequel on apprend donc que mille sportifs et trente sports auraient participé à un vaste système de tricherie impliquant l'État russe et visant à maquiller les contrôles anti-dopage positifs. Les conséquences de ce rapport s'étaient déjà faites sentir l'été dernier puisque la quasi-totalité des athlètes russes avaient été privées des Jeux olympiques de Rio. Depuis, le laboratoire de Moscou a perdu son accréditation et tous les contrôles sont réalisés en Suisse.

Le rôle des fédérations est au cœur des soupçons. Elles auraient souvent couvert les fautifs, entre autres parce que certains de leurs dirigeants étaient visés par des menaces de révélation de scandales de corruption ou sexuels. Par ailleurs, en février 2016, en plein scandale de dopage, deux anciens responsables de la lutte contre le dopage, dont l'ancien patron de l'Agence antidopage russe (Rusada), avaient été retrouvés morts, dans des circonstances assez floues.

Le mois dernier, Craig Reedie, président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), avait néanmoins estimé qu'"il y a eu un énorme travail de fait" et que les progrès réalisés par l'agence russe devraient permettre une levée de sa suspension cet automne.

  • Comment réagit Moscou ?

Évidemment, la Fédération russe de football dément catégoriquement l'existence de dopage dans ses rangs. Et s'en prend à la presse britannique : "Tout ce qu'ils écrivent, c'est du délire", explique son président Vitali Moutko, déjà inquiété par le rapport McLaren alors qu'il était ministre des Sports. "Depuis 2010, ils n'évoquent que le négatif. Dans le football, il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de dopage", ajoute-t-il.

Il est vrai que les relations sont particulièrement tendues entre les deux pays. L'Angleterre avait été doublée par la Russie dans l'attribution de la Coupe du monde 2018 et les affrontements entre hooligans à Marseille pendant l'Euro 2016 n'ont fait que jeter de l'huile sur un feu déjà vif.

  • Quelles suites pour cette affaire ?

La FIFA, pour le moment, n'a pas pris position sur le sujet et son enquête est encore en cours. Il est encore trop tôt pour savoir les suites qu'elle donnera à ce dossier. Il semble d'ores et déjà trop tard pour que l'organisation de la Coupe du monde soit réattribuée à une autre nation.