Coupe du monde tous les deux ans : comment Arsène Wenger défend son projet controversé

Arsène Wenger
Arsène Wenger s'est exprimé sur son projet de réforme du calendrier international. © Colin Abgrall / Europe 1
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Colin Abgrall
Dans le cadre des journées de l'arbitrage La Poste, Arsène Wenger, le directeur du développement du football mondial au sein de la FIFA, est revenu sur sa réforme de proposer une Coupe du Monde tous les deux ans. L'ancien technicien d'Arsenal martèle ses idées mais se dit ouvert aux propositions.

Arsène Wenger n’est pas prêt d’en avoir fini avec le football. Le rôle de l'Alsacien de 71 ans au sein de la FIFA le confirme : entre l’émergence de nouvelles règles, la formation des joueurs et entraîneurs, l’ancien manager d’Arsenal planche depuis six mois sur une réorganisation du calendrier mondial avec comme objectif d'organiser une grande compétition internationale tous les ans. Mardi, lors des journées de l'arbitrage La Poste, il a réaffirmé cette position controversée.

Lorsque cette proposition a été émise, en septembre dernier, les débats se sont immédiatement enflammés. Une Coupe du monde tous les deux ans semble, aux yeux de beaucoup de fans et de personnalités du monde du football, impossible. Mais à côté de ça, Arsène Wenger propose également de changer le calendrier international, surtout au profit des clubs : "Qu’un club paye des joueurs au prix auquel ils les payent aujourd’hui et qu’ils ne puissent même pas les utiliser, je trouve cela illogique. Ce n’est pas tenable à la longue."

Réduire le nombre de matches

Pour y remédier, Arsène Wenger propose de regrouper les matchs internationaux sur une seule et même période. "La Coupe du monde, c’est sept matches. Aujourd’hui, on fait dix matchs de qualifications. Si vous allez en finale, vous faites donc 17 matches. Ce que je propose, ce sont six matches de qualifications, avec éventuellement des play-offs, donc sept matches, en plus des sept matches de la Coupe du monde." La formule Wenger réduirait par conséquent le nombre total de matches à 14.

Aux yeux de l'ancien manager d'Arsenal, il s'agit de "garder de la simplicité et de la clarté (pour) savoir quelle compétition se joue." L’Alsacien affirme avoir parlé à plus de 166 pays et que "80-90% des gens aiment mon idée".

"Qu'on critique et qu'on me dise pourquoi"

Pour le passage à une Coupe du monde tous les deux ans, Arsène Wenger assure connaître plus de réticences. "Je comprends car il y a une partie émotionnelle là-dedans. On a tous grandi avec une Coupe du monde tous les quatre ans. Le cycle nous paraît naturel", admet-il, avant de poursuivre : "Mais je suis ouvert à toutes les suggestions et toutes les critiques. Je n’en fais pas quelque chose de personnel. Je demande juste : critiquez le projet, donnez-en un meilleur et n’essayez pas de me décrédibiliser parce que je propose un projet. Je préfère qu’on critique et qu’on me dise pourquoi."

Une Coupe du monde tous les deux ans donnerait-elle moins de prestige à la compétition, en l'espaçant moins dans le temps ? "A ce moment-là, faisons la Coupe du monde tous les huit ans", ironise-t-il. "Je pense que le prestige est lié à la qualité de la compétition. Aujourd'hui, on a accès à ce qu'il se fait de mieux au monde quand on allume sa télé. Donc proposons-leur ce qu'il se fait de mieux au monde."

Des joueurs à protéger, des clubs à soulager

L’un des arguments prônés par Arsène Wenger relève de la protection des joueurs : "Sur quatre ans, un joueur qui joue en Amérique du Sud fait 330.000 km d’avion juste pour aller jouer des matches. Avec mon système, il en fait 130.000. Et grâce aux études des médecins, on sait que ce qui fatigue le plus le joueur, ce sont les voyages répétés, les chocs climatiques et les changements de fuseaux horaires de plus de trois heures. Cela fait plus de dégâts sur les organismes que les matches."

Un avantage pour les clubs également, selon l'ancien homme fort des Gunners : "Dans le calendrier que je propose, c’est avantageux pour les clubs. Ils garderont leur joueur toute l’année." Nul doute que celui qui a entraîné le club londonien d’Arsenal entre 1996 et 2018 aurait aimé que cette réforme ait vu le jour plus tôt. En tout cas, pour la réforme des qualifications, Arsène Wenger devra attendre. Le calendrier actuel est déjà fixé jusqu'en 2024.

Un hors-jeu automatisé en 2022 ?

Lors de cette intervention, Arsène Wenger a expliqué qu'une détection semi-automatisée du hors-jeu pourrait être mise en place au Mondial 2022. "Je suis tenu au secret, mais ça sera la prochaine des grandes évolutions de l'arbitrage", a-t-il aussi déclaré.