Coupe du monde : l'affaire Skripal, un impact finalement très modéré

Le prince William a rendu visite aux joueurs britanniques lors de leur préparation au Mondial, mais il ne se déplacera pas sur le sol russe pour les supporter. © AFP
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Margaux Lannuzel avec AFP

Alors que les réactions à l'empoisonnement d'un ex-espion russe, en mars sur le sol britannique, faisaient craindre un boycott diplomatique du Mondial, les conséquences devraient finalement être minimes pour la Russie.

 

L'empoisonnement avait provoqué une véritable crise diplomatique. Début mars, Sergueï Skripal, ex-espion russe exilé au Royaume-Uni, et sa fille Ioulia, 33 ans, étaient retrouvés inconscients à Salisbury, dans le sud-ouest de l'Angleterre, après avoir absorbé un agent innervant. "Il n'y a pas d'autre conclusion que celle selon laquelle l'État russe est coupable de la tentative de meurtre", déclarait la Première ministre Theresa May après dix jours d'enquête, fustigeant l'absence de "réponse crédible" de Moscou à sa demande d'explication. Surenchère de déclarations, expulsions de 230 diplomates de part et d'autre et retraits de consulats : les deux pays et leurs alliés usaient alors de tous les moyens… Quitte à impacter une réunion internationale d'un autre ordre : la Coupe du monde de football, organisée en Russie du 14 juin au 15 juillet. Europe 1 fait le point à la veille du début de la compétition.

Quelle est la position britannique ?

Theresa May a annoncé la couleur dès le mois de mars : "Il n'y aura pas de participation des ministres - ou des membres de la famille royale à la Coupe du monde de football" La mesure n'affecte en revanche pas la participation de l'équipe d'Angleterre : il s'agit d'un boycott diplomatique.

D'autres pays ont-ils pris des mesures ?

À la marge. Le 26 mars, L'Islande a annoncé "le report de tout dialogue bilatéral de haut niveau avec les autorités russes". "Par conséquent, les responsables islandais n'assisteront pas à la Coupe du monde de la FIFA en Russie cet été", indiquait alors le ministère des Affaires étrangères d'un pays pour qui la compétition revêt une importance toute particulière : deux ans après s'être hissée en quarts de finale de l'Euro 2016, il disputera en Russie le premier Mondial de son histoire.

Le président polonais, Andrzej Duda, a également annoncé son absence à la cérémonie d'ouverture de la compétition. Les porte-parole des ministères suédois et danois des Affaires étrangères indiquait envisager une décision similaire fin mars, mais n'ont pas communiqué à ce sujet depuis.

Aucune décision n'a été prise à l'échelle de l'Union européenne, ou concernant les membres de l'exécutif français. "Si l'équipe de France passe les quarts de finale, je viendrais la soutenir", a même déclaré le président de la République Emmanuel Macron, fin mai. Après l'affaire Skripal, Paris avait expulsé quatre diplomates russes.

Quel impact sur la compétition ?

Sur le jeu, a priori aucun. Mais, interrogé sur le sujet en avril, le président du Comité d'organisation de la Coupe du monde Alexeï Sorokine a reconnu que l'affaire "n'aidait pas" les préparatifs de la compétition, craignant que "certains" n'essaient de convaincre les fans de football de ne pas venir en Russie pour des raisons "politiques". "Je pense que l'intention est là, mais ça ne fonctionne pas", a-t-il déclaré, assurant que "les gens achètent des billets comme avant". Lors de ce point d'étape, la demande de tickets provenant du Royaume-Uni était toutefois inhabituellement faible : seuls 30.000 billets avaient été achetés par des Britanniques.

Le 8 juin dernier, les députés britanniques semblaient aller dans le même sens dans un rapport sur les "risques" potentiels encourus par les supporters anglais en Russie. "Nous regrettons que la Coupe du monde soit organisée dans un pays ayant de piètres antécédents en matière de droits de l'Homme", écrivaient-ils, évoquant le "sentiment antibritannique" qui y régnerait, et pas uniquement à cause de l'affaire Skripal : la "violence des hooligans" et "les attaques provoquées par le racisme" étaient aussi évoquées. 

Selon Le Monde, la police britannique a même recommandé à ses ressortissants de ne pas brandir le drapeau de Saint-Georges lors des matches, au risque d'être perçu "comme un symbole impérialiste et hostile". Le latéral de l'équipe d'Angleterre Danny Rose a quant à lui recommandé à sa famille de ne pas le suivre en Russie, afin de ne pas avoir à "[s]'inquiéter" pendant la compétition. 

Ces différentes alertes auront-elles un impact sur les fans de football anglais, traditionnellement présents dans les tribunes pour soutenir leur équipe ? Réponse lors du premier match de l'Angleterre, lundi 18 juin face à la Tunisie.