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Cédric Chasseur , modifié à
À Clichy-sous-Bois, le quartier difficile du Chêne Pointu va accueillir le premier des 1.000 dojo solidaires promis par le chef de l'État en octobre dernier lors d'une visite en Seine-Saint-Denis. Un tiers lieu sportif qui va naître au cœur d'un petit centre commercial en béton, en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024.
REPORTAGE

Il faut avoir un peu d'imagination. Mais dans deux mois, c'est un bien un dojo qui verra le jour dans ce local commercial abandonné. Autrefois un magasin de vêtement, comme l'atteste les nombreuses affiches faisant la promotion des soldes toujours présentes, ce lieu deviendra un espace sportif de proximité, comme le président Emmanuel Macron l'avait promis, mi-octobre, lors d'un déplacement en Seine-Saint-Denis.

Soldes dojo

© Cédric Chasseur

Le chef de l'État, avait alors annoncé un plan pour créer 5.000 équipements sportifs de proximité en 2 ans : 500 terrains de basket 3x3, 500 terrains de tennis paddle, 500 skate park ou encore 1.000 dojos.

Un espace de 350m²

Au cœur du quartier du Chêne Pointu, dans un centre commercial qui, à première vue, ne se montre pas forcement très chaleureux, va donc ouvrir "France Dojo", le nom de ce nouvel équipement. C'est la Fédération Française de judo qui porte ce projet. "On peut faire énormément de chose dans 350m²", estime Stéphane Nomis, son président. "Les gens vont pouvoir se rencontrer, pratiquer, devenir des Hommes."

Le lieu sera accessible à tous, pas besoin de licence pour espérer y accéder. En plus du dojo, une salle de breakdance verra le jour, ainsi qu'un espace de lecture ou encore un accès à des outils numériques. "C'est un projet extrêmement original, porté par la FFJ", reconnait d'ailleurs le maire de Clichy-sous-Bois, Olivier Klein. "Ce lieu sera ouvert le plus longtemps possible" la journée, promet d'ailleurs l'édile. "Une ville comme Clichy-sous-Bois manque de lieux conviviaux et un tiers-lieu sportif. C'est aussi un endroit où on pourra rentrer, se poser, échanger."

Le projet sera financé à 80% par l'État, dans le cadre de ce plan de développement de 5.000 équipements sportifs. "Les 20% restant, ce sont des fondations qui vont nous les donner", explique Stéphane Nomis, pour qui la construction de ce lieu ne devrait finalement rien couter. La Ville promet, de son côté, de payer les charges du local : "22.000 euros par an", souligne Olivier Klein. Reste, désormais, à financer les éducateurs qui interviendront dans ce dojo solidaire. "C'est la seule vraie difficulté", reconnait le président de la Fédération française de Judo. "Si on veut avoir des bons professeurs diplômés d'État dans nos quartiers, il faut mettre un peu de moyen". Des discussions sont d'ailleurs en cours avec l'Agence nationale du sport pour régler ce sujet.

Un rapport sur l'insertion dans le sport bientôt remis au chef de l'État

Présent à Clichy-sous-Bois, pour la présentation de ce futur tiers-lieu sportif, le maire de Poissy Karl Olive a dévoilé le fil conducteur du rapport qu'il remettra dans quelques jours au président de la République, dans le cadre de la mission gouvernementale sur l'insertion par le sport qui lui a été confié. "On a eu des centaines de demandes d'auditions" se félicite d'ailleurs l'édile, soutien d'Emmanuel Macron pour la prochaine campagne présidentielle. "C'est formidable, c'est un signe de bonne santé."

"Ce que je constate, c'est que l'insertion par le sport n'est pas un sujet financier", explique-t-il. "Mais, le sentiment que j'ai, c'est que chacun travaille dans son couloir. Il y a peu de communication, et c'est ce qui nous manque." Parmi les préconisations qui devraient figurer dans son rapport, "un guichet unique pour savoir comment on finance les 5.000 équipements proposés par le président de la république, comment ils sont encadrés pour éviter l'entrisme." "On va montrer que le sport est un catalyseur social transversal à nulle autre pareil", promet d'ailleurs Karl Olive. "Quand on parle sport, on peut parler de sport santé, de sport éducation, de sport compétition. S'il y a bien quelque chose qui rassemble dans notre pays, c'est bien le sport."