Yacoubou: "C'est "le" match"

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Propos recueillis par Thomas PISSELET , modifié à
A 48 heures de son quart de finale contre la Lituanie, l'équipe de France se remet dans le bain, après deux matches poussifs mais sans enjeu face au Monténégro et la Pologne. Un peu frustrée depuis le début de l'Euro 2011, Isabelle Yacoubou assure que les Bleues seront prêtes. "Tout le monde veut notre tête, il y a de la pression, explique l'intérieure tricolore. Mais il ne faut pas oublier pourquoi on est là."

A 48 heures de son quart de finale contre la Lituanie, l'équipe de France se remet dans le bain, après deux matches poussifs mais sans enjeu face au Monténégro et la Pologne. Un peu frustrée depuis le début de l'Euro 2011, Isabelle Yacoubou assure que les Bleues seront prêtes. "Tout le monde veut notre tête, il y a de la pression, explique l'intérieure tricolore. Mais il ne faut pas oublier pourquoi on est là." Isabelle, vous êtes arrivées à Lodz lundi. Comment sont les installations par rapport à celles que vous aviez à Katowice ? A Lodz, on est vraiment super bien. C'est une grande ville, on est bien logé, il y a un centre commercial. Le temps passe plus vite... Après, quatre jours entre deux matches, c'est quand même un peu long. Mais le format de la compétition est comme ça, on le savait. Donc on essaie de mettre de l'intensité à tous les entraînements pour les rentabiliser au maximum. Et puis, il y a une salle de musculation donc il y a de quoi s'occuper ! N'y a-t-il pas un risque de déconcentration quand il y a autant de temps entre deux matches ? On fait tout pour ne pas que ça arrive. C'est tentant de se relâcher, il fait beau, il y a le centre commercial juste à côté. Mais il ne faut pas oublier pourquoi on est là. On se le répète tous les jours. Je pense que cette équipe-là est assez professionnelle à ce niveau-là. Vous connaissez depuis lundi soir votre adversaire en quarts, qui sera donc la Lituanie. Que savez-vous de cette équipe ? Ce sont des joueuses qui, à l'image de leur leader (ndlr, Sandra Linkeviciene), savent shooter à trois points. Elles ont des postes quatre très mobiles mais je pense que c'est l'équipe face à laquelle on peut mieux s'exprimer physiquement, dans la course, la relance ou même l'impact qu'on peut avoir à l'intérieur. Par rapport à la Russie ou la République tchèque, la Lituanie est peut-être l'adversaire le plus abordable. Qu'en pensez-vous ? Pas forcément parce que c'est la seule équipe, avec la Turquie, qu'on n'a pas jouée en préparation. Si on était tombées contre les autres, on aurait su à peu près à quoi s'attendre. Bon, on connait leur style et c'est vrai, il y a pire. Mais elles ont prouvé qu'elles avaient de la valeur et qu'il fallait compter sur elles. "Tout le monde est un peu à bout de nerfs" A quel genre de match vous attendez-vous ? Ce sera très sérieux et très engagé parce que le quart de finale, c'est "le" match à ne pas louper. On va essayer d'être prêtes. C'est la détermination et l'énergie qu'on y mettra qui feront la différence. C'est l'équipe qui aura le plus de volonté qui l'emportera, à mon avis. De l'énergie, les Bleues en ont parfois manqué contre le Monténégro ou la Pologne. Comment expliquez-vous que vous n'arriviez pas encore à être constantes du début à la fin d'un match ? Même si la plupart des joueuses étaient là, on est quand même un peu en reconstruction. Certaines joueuses étaient absentes au Mondial 2010, il a fallu les réintégrer. On n'a pas non plus eu beaucoup de temps pour se préparer donc ça n'a pas été facile. Et puis, sur ces deux matches-là, le contexte était un peu spécial parce qu'on était déjà qualifiées. Ce n'est pas évident. Mais voilà, c'est fait, c'est le passé. Il faut oublier ces deux rencontres au plus vite pour avancer. On va donc voir une nouvelle équipe de France jeudi soir ? Oui, c'est une nouvelle compétition qui commence. On doit repartir le plus frais possible. On a eu le temps de bien récupérer et il faut maintenant qu'on se remette bien dans cet Euro mentalement. C'est le plus important parce que physiquement, on est au même niveau que les autres. C'est la fin de saison, on est toutes fatiguées. Et c'est l'équipe qui sera la plus solide nerveusement qui gagnera. On l'a vu avec la Russie hier (lundi), quand Ilona Korstin a pété les plombs. Ça montre bien que tout le monde est un peu à bout de nerfs. Il faudra avoir le contrôle dans ce domaine. Pas simple quand il s'agit du match à ne pas perdre. Y a-t-il une pression supplémentaire dans la mesure où, en cas de victoire, vous seriez qualifiées pour le tournoi pré-olympique ? Il y a de la pression parce que l'objectif est au bout. Mais le coach nous le répète assez: il ne faut pas se focaliser sur le résultat du match mais sur ce qu'on a à faire pendant. Contre la Lituanie, on va essayer de produire le meilleur basket possible. Le résultat, on verra après. Il faudra aussi, sans doute, améliorer l'adresse extérieure, l'un des points faibles des Bleues... Notre jeu est surtout orienté vers l'intérieur mais il faut qu'on prône l'alternance. Parfois nous les pivots, on ressort les ballons à contretemps parce qu'on veut tellement les jouer qu'on perd le timing avec les ailières. Et du coup, elles ont des tirs pas si évidents que ça à prendre. Même si le shoot est ouvert, si le ballon n'arrive pas dans le bon tempo ce n'est pas évident. Donc on essaie de caler ça pendant ces quelques jours. "J'ai eu du mal à comprendre mon rôle" Avec le recul, n'avez-vous pas l'impression que votre préparation parfaite, avec huit victoires en huit matches, vous a un peu desservies ? Est-ce qu'on est arrivé ici en pensant qu'on allait être les reines ? Je ne crois pas. On a perdu des matches, ça arrive. C'est à nous de comprendre pourquoi. Je ne pense pas qu'il y ait eu, à un moment donné, de la suffisance de notre part. Après, les journalistes ont font aussi parfois un peu trop. Quand on perd un match, c'est la fin du monde. Et quand on bat l'Espagne, c'est le contraire. Nous, on sait que toutes les rencontres sont difficiles, tout le monde veut notre tête vu qu'on est championnes d'Europe en titre. La blessure d'Emmeline Ndongue a aussi été un coup dur. Qu'est-ce que ça a changé dans la dynamique du groupe ? Il a fallu se rééquilibrer. Le cinq majeur, on le connaissait et Emmeline est une joueuse majeure dans cette équipe. Maintenant qu'elle est blessée, il faut que nous, les joueuses du banc, on fasse tout pour apporter un peu plus. C'est sûr qu'elle nous manque et que ça nous a touchées, mais ça faut aussi partie de la compétition. Aujourd'hui, il faut apprendre à faire sans elle, on compense comme on peut. Et vous, comment vous situez-vous dans cette équipe. On vous a parfois vue un peu frustrée... Disons que j'ai eu du mal à comprendre mon rôle et mes responsabilités dans cette équipe. Maintenant, et malheureusement avec le départ d'Emmeline, c'est un peu plus clair. Moi, je suis une attaquante et j'ai besoin de me rassurer sur mes premiers paniers quand je rentre dans un match. Quand je n'y arrive pas, je me mets la pression toute seule. Le pire, c'est que le coach n'est même pas sur mon dos dès que je loupe un tir. Mais je suis comme ça, c'est mon caractère. C'est à moi de travailler encore plus, de me dire que ce n'est pas grave. Quel discours vous tient Pierre Vincent pour vous rassurer ? Il est toujours derrière moi, il est très rassurant. Il me dit qu'il compte sur moi. Avec Pierre, un jour on peut jouer deux minutes et le lendemain rester sur le terrain vingt ou trente minutes. Il utilise ses joueuses en fonction de leurs qualités et aussi des adversaires. On est vraiment complémentaires.