Wilkinson, le carré magique

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Treize ans après ses débuts internationaux avec le XV de la Rose, Jonny Wilkinson s'apprête à vivre sa 4e Coupe du monde en Nouvelle-Zélande (9 sept.-23 oct.). A 32 ans, l'ouvreur anglais, à nouveau titulaire samedi, à Dublin, reste ce modèle de professionnalisme, capable d'en remontrer lors des tests physiques à ses jeunes partenaires. Et avec d'enfiler à nouveau en titulaire son célèbre n°10.

Treize ans après ses débuts internationaux avec le XV de la Rose, Jonny Wilkinson s'apprête à vivre sa 4e Coupe du monde en Nouvelle-Zélande (9 sept.-23 oct.). A 32 ans, l'ouvreur anglais, à nouveau titulaire samedi, à Dublin, reste ce modèle de professionnalisme, capable d'en remontrer lors des tests physiques à ses jeunes partenaires. Et avec d'enfiler à nouveau en titulaire son célèbre n°10. Les grands champions ne meurent jamais. Par-delà le cliché, c'est la vérité qu'illustre mieux que quiconque l'icône du rugby anglais. La Coupe du monde en Nouvelle-Zélande (9 sept.-23 oct.) est à portée de main et Jonny Wilkinson (32 ans, 86 sélections) pèse à nouveau de tout son poids sur son XV de la Rose. Le héros du titre de champion du monde en 2003, revenu quatre ans plus tard de toutes ses galères pour emmener, lors du Mondial en France, de nouveau son équipe en finale, pointe à nouveau le bout de ses crampons à la veille de cette septième édition de la compétition suprême. Jonny est là et le choix de son sélectionneur, Martin Johnson, dont on ne répètera jamais assez qu'il fut aussi son capitaine à l'occasion de la conquête du trophée William-Webb-Ellis il y a huit ans, de titulariser l'ouvreur toulonnais samedi, à Dublin, pour affronter l'Irlande suffit aujourd'hui à valider outre Manche l'idée que le n°10 lui est promis au pays du long nuage blanc. A ses 13 points, dont deux drops claqués à des instants décisifs, et sa performance aboutie, réussie lors de la victoire (23-19) à Twickenham, il y a un mois, face au Pays de Galles, a répondu une semaine plus tard la piètre performance de Toby Flood, son jeune rival au poste d'ouvreur, bombardé parmi les premiers responsables de la piteuse défaite à Cardiff (19-9), et surtout de la copie plus qu'inquiétante de l'attaque anglaise. Le jeu enlevé du dernier Tournoi n'est déjà plus qu'un beau souvenir et Toby Flood, qui pourrait bien avoir perdu la main dans le duel qui l'oppose à Wilkinson, aura du mal à cacher son accablement: "Je ne veux pas utiliser le mot "embarrassant", mais ça l'est un peu tout de même, a avoué le joueur de Leicester. Cela fait tâche de ne pas avoir marqué d'essais. C'est même honteux. Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais si on veut gagner la Coupe du monde, marquer des essais sera primordial (...) Il y a encore beaucoup de travail." Le retour à jeu d'impacts, sans inspiration, peut bien avoir contraint les Gallois à effectuer 134 plaquages (contre 72 aux Anglais), le constat d'échec est là à moins d'un mois de l'échéance. Ashton: "Jonny devance tout le monde de dix secondes" Dans ce contexte, la décision de Martin Johnson de redonner les clés du camion à son ancien partenaire prend tout son sens. Déjà évidente, malgré le crédit accumulé par Flood cette dernière saison, la pression sur le plus jeune des deux n°10 anglais semble s'être inversée pour de bon du côté du Millennium. Et relancé l'idée que Wilkinson, si l'Angleterre a perdu ses plans offensifs de l'hiver, reste la meilleure assurance tout-risque du rugby mondial. On n'a toujours pas fait mieux à l'heure actuelle... Pourtant, l'intéressé, qui connaît la musique, balaye d'un revers de main ce statut de n°1 retrouvé à la veille de cet ultime test-match de préparation face à un XV du Trèfle en plein doute après trois revers en autant de sorties cet été: "Je ne le vois pas comme ça, tempère-t-il, cité par Metro. C'est important pour nous parce qu'il s'agit de notre dernière opportunité d'évoluer dans ce genre d'environnement, cette atmosphère avant la Coupe du monde. (...) Nous savons ce qui s'est passé quand nous sommes venus en Irlande la dernière fois." Une dernière levée d'un Grand Chelem envolé que l'Angleterre, le 19 mars dernier, a galvaudé au terme d'un revers déjà préoccupant (24-8). Wilkinson, sans doute très bon camarade, de rappeler aussi que Flood était aux commandes du jeu anglais ce jour-là. Même s'il précise: "En ce qui me concerne avec Toby, il ne s'agit que d'une opportunité de jouer et je suis sûr qu'il en aura une autre, et sans doute très tôt." Il n'empêche. Une nouvelle performance de premier choix, dont il a le secret, samedi, à l'Aviva Stadium, et Wilkinson, qui figurera au sein d'un milieu de terrain inédit, associé à une paire de centres, composée de Mike Tindall et Manu Tuilagi (voir par ailleurs), qui le sera tout autant, pourrait, à quelques heures de prendre place dans l'avion pour rejoindre les antipodes, clore les débats. Titulaire pour la première fois au sein d'une équipe d'Angleterre au grand complet depuis le Tournoi 2010 et un nul (15-15) face à l'Ecosse, le chouchou de Mayol, avoue avoir tiré profit de ces dernières saison vécues dans l'ombre en sélection: "L'expérience d'être sur le banc et d'être réactif aura été une grande leçon. A l'époque, j'aurais sans doute préféré être dans un autre rôle. Je n'étais peut-être pas le plus heureux, mais ce que j'ai appris -à rentrer en jeu en fin de match, essayer de trouver des solutions ou agir sur les situations de match- a été inestimable." A l'heure d'entrer un peu plus dans la légende et de venir chatouiller le recordman des sélections en équipe d'Angleterre, l'ancien pilier Jason Leonard et ses 114 capes, "Wilko" continue d'apprendre, plus perfectionniste que jamais, mais fort d'un nouvel équilibre trouvé dans le Var ; un exemple qui dans l'intimité du XV de la Rose, impressionne la nouvelle génération, à l'image de Chris Ashton, l'ailier au plongeon: "Jonny devance tout le monde de dix secondes (lors des tests physiques). Il ne lâche rien sur sa condition physique." Incontournable, on vous dit.