Wilkinson: "Grâce à la France..."

  • Copié
Propos recueillis par SYLVAIN LABBE, envoyé spécial , modifié à
Non content d'avoir été le bourreau des Bleus par deux fois en demi-finale de Coupe du monde (2003, 2007), Jonny Wilkinson est parvenu en l'espace de deux saisons passées dans l'hexagone, sous le maillot du RC Toulon, à retrouver le plaisir de jouer. Un peu comme si "Wilko" était devenu à la fois le pire cauchemar et le meilleur ami de la France, capable encore samedi, en quart de finale du Mondial, de briser le rêve tricolore. Il confie en français ce qu'il doit au pays du "french flair".

Non content d'avoir été le bourreau des Bleus par deux fois en demi-finale de Coupe du monde (2003, 2007), Jonny Wilkinson est parvenu en l'espace de deux saisons passées dans l'hexagone, sous le maillot du RC Toulon, à retrouver le plaisir de jouer. Un peu comme si "Wilko" était devenu à la fois le pire cauchemar et le meilleur ami de la France, capable encore samedi, en quart de finale du Mondial, de briser le rêve tricolore. Il confie en français ce qu'il doit au pays du "french flair". Jonny, il y a deux ans, de retour d'un Tournoi difficile en ce qui vous concerne, vous aviez été accueilli au stade de Mayol par un "Welcome Home" dans les tribunes. Est-ce que la France est devenue votre seconde maison ? Oh oui, pour moi, c'est vrai. La France représente vraiment quelque chose de spécial par le soutien que j'y ai reçu depuis deux ans. Ça a été à la fois une grande surprise, mais aussi un grand plaisir parce que ça m'a aidé à trouver une nouvelle façon de vivre et une nouvelle occasion de trouver du plaisir dans le monde du rugby. A Toulon, j'ai retrouvé le plaisir de jouer, l'occasion de jouer le rugby pour le rugby et d'essayer de trouver ce qu'il y a de meilleur en moi. Je me suis remis en cause pour continuer à progresser. C'est un peu grâce à la France que je suis ici... Le fait d'évoluer en France vous autorise-t-il à livrer des conseils ou des recettes à Martin Johnson ou à vos coéquipiers pour contrer le jeu de cette équipe de France ? Non, pour moi, tout le monde dans l'équipe d'Angleterre est bien conscient de ce qu'est capable de réaliser cette équipe de France. On la sait capable de réaliser des choses énormes, on les sait dangereux et il est évident que si on doit aborder ce match à moins de 100 % de concentration, on va en payer le prix. On a déjà vu ce dont cette équipe était capable en Coupe du monde face aux All Blacks, par deux fois, en 1999 et en 2007. On sait que si elle joue bien, cette équipe est capable de gagner contre les meilleurs du monde. "Je suis toujours confiant quand je bute" Que vous inspire d'évoluer à côté de Tody Flood qui est votre concurrent habituel ? A Newcastle et en équipe d'Angleterre, nous avons souvent joué ensemble et il va m'être d'une aide précieuse. C'est drôle de jouer avec lui puisque j'étais son entraîneur quand il avait 17 ans dans son lycée. On voyait déjà qu'il était une star en puissance. Vous étiez en position de concurrence pour le poste de n°10 et vous voilà associé pour ce match face aux Bleus. Que cela vous inspire-t-il ? Le fait est que l'on dispose de deux joueurs qui sont sur la même longueur d'onde, qui se concentrent sur les mêmes choses et qui ont la même approche pour se sortir des mauvaises situations. On a tous les deux joué en 10 et en 12 et on devra s'adapter aux problèmes quand ils arriveront sur le terrain. Une fois que les lancements sont effectués depuis les phases statiques, le rôle des 10, 12 et même du 13 sont les mêmes. La responsabilité est la même. C'est la même gestion des passes, de l'organisation du jeu et des balles hautes à jouer. Une fois les lancements de jeu effectués, il s'agit de faire ce que les circonstances exigent. Avoir Toby ici est très rassurant. C'est rassurant de savoir que si je suis coincé dans un ruck, quelqu'un est là, capable de prendre des décisions et de penser comme un 10. Ce qui est bien c'est que personne ne demande à Toby de jouer comme Mike Tindall ou Shontayne Hape. On lui demande d'être Toby Flood. Vous rencontrez des difficultés dans l'exercice du tir au but depuis le début de ce tournoi (45 % de réussite seulement, ndlr). Qui va buter pour l'Angleterre samedi ? On va définir notre plan de jeu avant le match. Toby (Flood) a tapé quelques bons coups de pieds. Je n'ai pas été à mon meilleur niveau, mais il faudra voir le jour J. Il y a juste deux coups de pied que j'aimerais bien retaper. Je suis satisfait des autres. Je suis toujours confiant quand je bute et toujours convaincu que je vais les mettre. "Pour nous, cette défaite contre les Tonga est une mauvaise nouvelle" Quelle équipe de France pensez-vous retrouver samedi? Une équipe traumatisée ou révoltée ? Pour nous, cette défaite contre les Tonga est une mauvaise nouvelle. On va retrouver des Français révoltés et je sais qu'ils savent se servir des mauvais résultats pour rebondir. Et ils ne sont jamais aussi dangereux que dans ce genre de situation. Avez-vous un avantage psychologique sur les Bleus par rapport à vos deux victoires en demi-finales en 2003 et 2007 ? Même si 2003 et 2007 sont de bons souvenirs, le contexte ici est très différent. On sait que face à une équipe capable de sortir une action fabuleuse à tout moment, il suffit d'une seconde d'inattention pour se retrouver à discuter sous les poteaux après un essai. Pensez-vous proposer un rugby à "l'anglaise", assez pragmatique, ou envoyer beaucoup de jeu comme en 2009 et 2010 dans le Tournoi des VI Nations ? C'est une question difficile. J'aime un rugby complet avec la puissance et du combat devant, de la vitesse derrière, mais aussi du jeu au pied. Mais je dois d'abord m'adapter à l'équipe et aux conditions qui se trouvent en face de moi. S'il pleut et qu'on se retrouve en difficultés, je vais réfléchir en tant qu'ouvreur à la meilleure stratégie pour gagner le match. Si je le pouvais, je jouerais un match sans taper un coup de pied. Mais il faut savoir trouver la meilleure façon de gagner le match. Et la meilleure façon de gagner n'est pas toujours le plan de jeu auquel on a pensé avant le match.