Voeckler, jaune et fringant

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François TESSON , modifié à
Le premier cocorico de ce Tour de France. Thomas Voeckler a profité de la 9e étape de cette édition 2011, entre Issoire et Saint-Flour, pour revêtir le maillot jaune pour la deuxième fois de sa carrière. Le leader de la formation Europcar a terminé deuxième d'une étape remporté par Luis-Leon Sanchez, et surtout marquée par d'innombrables chutes. Alexandre Vinokourov et Jurgen van den Broeck ont dû mettre pied à terre.

Le premier cocorico de ce Tour de France. Thomas Voeckler a profité de la 9e étape de cette édition 2011, entre Issoire et Saint-Flour, pour revêtir le maillot jaune pour la deuxième fois de sa carrière. Le leader de la formation Europcar a terminé deuxième d'une étape remporté par Luis-Leon Sanchez, et surtout marquée par d'innombrables chutes. Alexandre Vinokourov et Jurgen van den Broeck ont dû mettre pied à terre. Destins croisés. Plus que jamais, cette 9e étape aura été le théâtre d'évènements spectaculaires, créant des heureux et beaucoup de malheureux. Les deux grands vainqueurs du jour sont évidemment Luis-Leon Sanchez et Thomas Voeckler, avec la victoire d'étape pour le premier et le maillot jaune pour le second. Deux joies qui contrastent avec les moments de peine vécus par toutes les victimes des nombreuses chutes, avec pour principaux touchés Alexandre Vinokourov et Jurgen Van den Broeck, contraints à l'abandon, et plus incroyable encore Juan Antonio Flecha et Johnny Hoogerland, rayés de la course à la victoire par... une voiture de France Télévisions. C'est donc dans la confusion que Voeckler est allé conquérir la précieuse tunique jaune, pour la deuxième fois de sa carrière après son incroyable épopée de 2004. A l'époque, l'Alsacien avait su tenir pendant 10 jours, résistant aux meilleurs dans les Pyrénées, avant de céder son maillot à un certain Lance Armstrong dans les Alpes. Il ne tiendra peut-être pas aussi longtemps cette année, mais cela ne l'empêchera pas de savourer tout autant. Quelque part, ce maillot jaune vient récompenser le début de Tour offensif de Voeckler, souvent à l'attaque et toujours placé dans les arrivées en bosse. L'Alsacien était ainsi le mieux placé des cinq échappés du jour (avec Sanchez, Casar, Flecha et Hoogerland), mais au départ, il visait avant tout la victoire d'étape et une autre tunique. Vino dit adieu au Tour Sur un parcours parsemé de huit difficultés répertoriées, Voeckler lorgnait d'abord le maillot à pois de meilleur grimpeur, que convoitait également Hoogerland. Mais un fait de course va venir bouleverser le cours de cette étape à 100 kilomètres de l'arrivée. Une chute, une de plus, impliquant de nombreux leaders. Projeté plusieurs mètres en contrebas dans le bas-côté, Alexandre Vinokourov a été le plus durement touché et a quitté définitivement le Tour de France (il prendra sa retraite à la fin de saison) dans l'ambulance, avec ce qui semble être une fracture du fémur. C'est moins spectaculaire mais tout aussi cruel pour Jurgen van den Broeck. Le 5e du Tour 2010 a dit adieu à ses rêves de podium, la clavicule en vrac. Son leader touché, la formation Omega Pharma-Lotto de Philippe Gilbert a donc choisi de ralentir le rythme du peloton avant d'en savoir plus, ce qui a inévitablement profité aux échappés. En quelques bornes, l'écart a grimpé jusqu'à huit minutes. Suffisant pour donner à Voeckler des rêves de jaune. L'ancien champion de France a alors "abandonné" le maillot à pois au malheureux Hoogerland, et même ses ambitions de victoire d'étape, et travaillé ardemment pour que l'écart subsiste. Au passage du Plomb du Cantal, celui-ci était de 4'45, à 54 kilomètres de l'arrivée. Il en sera de même jusqu'à l'arrivée, malgré les efforts des équipes Omega Pharma-Lotto et Garmin-Cervélo de Thor Hushovd, certainement usées par ce début de Tour terrible. Mais un autre fait de course, certainement le plus invraisemblable depuis le départ de Vendée, est donc venu éliminer deux candidats à la victoire. En pleine ligne droite, sur une route assez étroite, une voiture de France Télévisions a tenté de dépasser les coureurs, empruntant le bas-côté, mais a dû faire un écart sur la route pour éviter un arbre. Les conséquences sont terribles. La voiture a heurté Flecha, immédiatement jeté au sol, l'Espagnol envoyant dans sa chute Hoogerland dans le fossé et surtout dans une clôture de fils de fer barbelé. Le Néerlandais terminera l'étape très loin du peloton, les genoux déchiquetés, et viendra chercher son maillot à pois sur le podium avec une douleur terrible lisible sur le visage... Auparavant, c'est donc Luis-Leon Sanchez qui avait coupé la ligne d'arrivée le premier. L'Espagnol de la Rabobank, que l'on avait peu vu depuis le début de saison, était tout simplement le plus fort des trois rescapés. Un terme qui, ce coup-ci, est tout sauf usurpé.