"V" comme vivants !

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S.L., envoyé spécial , modifié à
Là où on annonçait l'équipe de France déjà morte dans cette finale de Coupe du monde offerte avant l'heure aux All Blacks, les joueurs tricolores sont apparus plus vivants que jamais à l'heure fatidique du haka. Derrière leur capitaine Thierry Dusautoir, leur position en "V", main dans la main, à trente, remplaçants compris, a défié Weepu et ses coéquipiers. Déjà les Bleus étaient redevenus grands.

Là où on annonçait l'équipe de France déjà morte dans cette finale de Coupe du monde offerte avant l'heure aux All Blacks, les joueurs tricolores sont apparus plus vivants que jamais à l'heure fatidique du haka. Derrière leur capitaine Thierry Dusautoir, leur position en "V", main dans la main, à trente, remplaçants compris, a défié Weepu et ses coéquipiers. Déjà les Bleus étaient redevenus grands. Fidèles à la tradition tricolore, qui veut que chaque équipe de France trouve sa réponse collective face au haka dans les grands matches de Coupe du monde, les Bleus de Thierry Dusautoir ont offert un "V" de la victoire, tous alignés en pointe derrière leur capitaine, remplaçants compris, et reliés main dans la main pour mieux marquer leur solidarité. Un instant d'exception, pour l'histoire, que décrit Dusautoir, déjà présent en 2007, à Cardiff, au sein de la muraille bleu, blanc rouge: "Je n'étais pas totalement seul, j'avais mes coéquipiers avec moi, je les sentais proches de moi, d'ailleurs, à un moment, je les sentais un peu trop parce qu'ils voulaient carrément traverser et aller embrasser les Néo-Zélandais, donc il a fallu essayer un peu de les calmer... Avant d'en arriver là, le capitaine de l'équipe de France explique la genèse de cette nouvelle manifestation de l'orgueil tricolore. "Je sentais qu'il y avait durant la semaine une forte envie chez les joueurs de faire quelque chose durant le haka, raconte "Titi", qui s'est sans doute souvenu la cérémonie d'accueil des Bleus par une tribu maori, il y a de cela sept semaines, en tout début de compétition, quand il s'était retrouvé seul en pointe devant son groupe, face aux guerriers. Pour une bonne partie qui n'avait pas vécu 2007, ils avaient envie de faire quelque chose. Il y a quelqu'un auprès de nous, dont je tairais le nom parce qu'il préfère être discret, qui a émis cette idée-là. On y a pensé ce matin et c'est venu comme ça." La Marseillaise entonnée en cercle lors de la demi-finale de Twickenham en 1999, le mur tricolore de Cardiff 2007 et donc désormais ce "V" d'une victoire qu'ils espéraient tant. A trente et main dans la main, les Bleus de 2011 exprimaient toute la solidarité d'un groupe dans l'adversité. Papé: "Ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient, le 'Kapa Pango machin truc'," "Ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient, le 'Kapa Pango machin truc', ils allaient avoir une bande de Français survoltés en face, expliquera Pascal Papé, toujours aussi enflammé à l'issue du match. On a fait un pas en avant vers eux. On savait qu'en faisant ça, on leur déclarait la guerre. C'est ce qu'on voulait." Un pas en avant que Dusautoir aura donc toutes les peines à réfréner, au point de flirter avec le nouveau règlement, qui impose une distance minimum entre les deux équipes. Les joueurs ne sont pas obligés de rester à vingt mètres, par contre, ils n'ont pas droit de dépasser la ligne médiane, prendra le temps d'expliquer un Marc Lièvremont pourtant pas vraiment d'humeur, en conférence de presse: Thierry (Dusautoir) a bien essayé de tirer très, très fort, mais manifestement il y avait un élan fraternel envers nos adversaires du jour qui les tirait vers l'avants." Un journaliste britannique évoque la possibilité d'une amende, le coach des Bleus tape en touche: "Une amende, je ne sais pas... Il faudra en parler à René Hourquet, trésorier de la Fédération française de rugby." L'essentiel était ailleurs assurément. Titi avait dû étudier la culture maori et faire ce pas vers eux, c'était d'une certaine manière répondre à leur déclaration de guerre, confirme encore Maxime Mermoz. A ses côtés, le visage méconnaissable, encore marqué par le combat qu'il n'a pu mener à son terme, Morgan Parra tient à évoquer ce moment de pure magie, si évocateur, à l'entendre, d'un certain état d'esprit: Ça illustre le fait de n'avoir rien lâché tous ensemble, d'avoir été solidaires, d'avoir eu des moments difficiles, des moments de joie et de doutes. Il n'aura manqué que la victoire à ces Bleus unis come jamais: En tout cas, ce sont de grands moments dont on se souviendra toute notre vie ; s'il avait pu être ponctué par le trophée, ça aurait été vraiment fantastique, mais ça reste vraiment une belle histoire."