Une école pour devenir agent de joueur

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avec Pascal Normand , modifié à
FOOT - L'école des agents de joueurs de foot entend "moraliser" un métier très souvent décrié.

Véreux, malhonnête, trouble... Dans le football, les adjectifs accolés le plus souvent au terme d'agent sont presque systématiquement péjoratifs. C'est pour "moraliser" une profession régulièrement brocardée - parfois à juste titre - que deux jeunes Parisiens, Sidney Broutinovski et Hugo Zeitoun, ont décidé de créer l'an dernier une école dédiée à ce métier : l'école des agents de joueurs de football (EAJF), située dans les coursives du Parc des Princes et qui faisait journée portes ouvertes, jeudi.

"On a suivi des formations pour devenir agents de joueurs", révèle Hugo Zeitoun au micro d'Europe 1. "On s'est dit : "voilà, il faut une formation de qualité, et on va mettre en place ce que nous, en tant qu'élèves, on aurait rêvé d'avoir". Aujourd'hui, on a la crédibilité, car on travaille avec des gens qui sont sur le terrain." L'école vient notamment de signer un partenariat avec la société de conciergerie de luxe de Ludovic Giuly, "The Ultimate Player", qui gère les besoins personnels des joueurs. L'objectif de telles collaborations : "donner une orientation via le savoir, l’éducation et les réseaux à la corporation des agents sportifs".

4.000 euros la formation pour 60 candidats

"On propose une formation avec 520 heures, soit un volume d'heures énorme, ça représente une année universitaire", poursuit Hugo Zeitoun. Pour ces 520 heures réparties sur cinq mois, mai et juin puis de septembre à novembre, il en coûtera (quand même) près de 4.000 euros aux candidats, étudiants, particuliers, actifs ou sportifs en reconversion professionnelle. Ils sont aujourd'hui 60 à préparer l'examen pour l'obtention de la licence d'agent sportif, organisé par la fédération française de foot en novembre. Hugo Zeitoun vise un taux de réussite de 40% pour "ses" élèves quand celui à l’examen atteint à peine les 20%.

Le projet du duo Broutinovski-Zeitoun a déjà reçu le soutien de nombreux acteurs du football. Et certains, comme l'ancien international camerounais Rigobert Song, espère que cette école fera florès. "Imaginons qu'elle puisse être, comme on l'envisage d'ailleurs, créée au Cameroun, ça permettrait aux jeunes de savoir à qui s'adresser", espère l'ancien joueur du FC Metz au micro d'Europe 1.

La protection des joueurs mineurs - un impératif, notamment en Afrique - figure également parmi les objectifs éthiques de cette école particulière. Comme on le constate, les intentions sont élevées. Pour autant, Alexandre Durand, spécialiste en droit du sport, doute de son efficacité. "C'est plutôt une idée intéressante et louable mais ce sera difficile qu'elle fasse à elle seule changer un milieu avec un certain nombre de pratiques établies, plus ou moins bonnes", explique-t-il, soulignant le rôle évidemment non négligeable du joueur, "celui qui génère l'argent". La mission de cette école paraît aussi noble qu'ardue.