Une aubaine pour Paris

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Près de trois ans après sa dernière victoire face à Toulouse, le Stade Français a renoué avec le succès dans le "Clasico" (31-3) samedi, dans un Stade de France à guichets fermés. Une victoire bonifiée que les Parisiens, opportunistes et réalistes, auront arraché sans trop forcer à une formation toulousaine trop remaniée pour espérer mieux et manifestement davantage concernée par la Coupe d'Europe. Cela n'enlève rien à la performance de Parisiens qui peuvent rêver du top 6.

Près de trois ans après sa dernière victoire face à Toulouse, le Stade Français a renoué avec le succès dans le "Clasico" (31-3) samedi, dans un Stade de France à guichets fermés. Une victoire bonifiée que les Parisiens, opportunistes et réalistes, auront arraché sans trop forcer à une formation toulousaine trop remaniée pour espérer mieux et manifestement davantage concernée par la Coupe d'Europe. Cela n'enlève rien à la performance de Parisiens qui peuvent rêver du top 6. On aurait dû se méfier... Précédé d'un haka publicitaire, où des jockeys d'opérette singent les Blacks, ce 28e Clasico depuis le retour du Stade Français dans l'élite sentait le surfait. Entre des Toulousains, leaders confortables avec seize points d'avance sur leurs adversaires au coup d'envoi, et des Parisiens en reconstruction, les étincelles ne pouvaient que manquer... Il aura fallu attendre quasiment l'heure de jeu pour voir Lionel Beauxis illuminer cette rencontre pour le reste bien terne et sceller le précieux succès, finalement bonifié, du Stade Français (31-3). Car si le Paris de Cheika n'a certainement pas encore l'étoffe d'un champion, ce Toulouse-là, finalement trop remanié pour assumer son statut, n'avait qu'un trop lointain rapport avec l'équipe qui depuis le début de saison tient à sa botte le Top 14 pour espérer mieux. Le Stade Français, sans trop y croire, avait rêvé d'un tel scénario, qui plus de deux ans et demi après son dernier succès face aux Toulousains (le 22 mars 2008, 29-0), lui permet de revenir à un point du top 6 et d'entretenir l'espoir d'une qualification pour les phases finales. Et c'est déjà beaucoup pour cette formation à la recherche de sa gloire passée... Le grand numéro de Beauxis Car les Parisiens n'ignorent rien au coup d'envoi du défi qui les attend ce samedi, dans une enceinte encore une fois remplie jusqu'à la gueule par Max Guazzini (guichets fermés, 79 578 spectateurs): il s'agit de tutoyer la perfection si les hommes de Cheika veulent créer l'exploit. Car Toulouse, même en alignant une équipe largement remaniée pour l'occasion, semble posséder a priori une telle marge que le jeune ouvreur Jean-Marc Doussain (19 ans), qui compose finalement la charnière toulousaine avec Nicolas Bézy (21 ans), se charge d'exposer sur cette première percée tranchante (10e). Pascal Papé d'une faute d'antijeu, qui aurait pu lui valoir plus cher, offre les premiers points aux visiteurs et à un Doussain bien rentré dans son match (0-3, 11e). Mais si en d'autres temps, d'autres jeunes pousses toulousaines ont su braquer Paris, la formation de Guy Novès, en perdant son maître à jouer, a peut-être perdu gros en expérience. C'est pourtant Vincent Clerc qui, après que Julien Dupuy, suite à un hors-jeu de Florian Fritz, a égalisé (3-3, 13e), subit le jeu au pied de Lionel Beauxis et d'une passe « casse-croûte » à son arrière Clément Poitrenaud envoie Julien Arias, toujours à l'affût, inscrire le premier essai de la rencontre, transformé par Dupuy (10-3, 18e). Une telle offrande, Paris n'en demandait pas tant ! D'autant que dans le même temps, Fritz, chargé des coups de pied longue distance, a échappé six points en route (15e, 21e). Toulouse, dominateur en mêlée fermée, fait tout dans ce premier acte: le jeu et les fautes et les joueurs de la capitale font la course en tête presque contre le cours du jeu. D'autant que dans la foulée, c'est Ollie Phillips qui laisse Paris à quatorze suite à un plaquage à retardement sur Heymans (26e). Une situation d'infériorité numérique qui n'empêche pas Dupuy de creuser l'écart (13-3, 32e). A la pause, le Stade Français, dont le mérite tient avant tout à sa défense, ne rêve pas: loin de s'être surpassé, il fait la course en tête (16-3). Et n'a aucune raison de changer son fusil d'épaule à la reprise, tant la recette lui rapporte avec cette nouvelle pénalité de Dupuy, qui se contente d'engranger face à un adversaire presque résigné (19-3, 47e). Toulouse, qui avec six avants sur le banc et les seuls Médard et Lamerat est en manque d'alternatives, l'est d'autant plus après l'exploit majuscule de Beauxis. L'ouvreur parisien qui, d'un subtil coup de pied à suivre pour lui-même, déchire le rideau défensif rouge et noir, raffûte Clerc, résiste au retour de Yannick Jauzion et envoie Mathieu Bastareaud à dam ! Cette fois, Paris commence à mériter son succès (24-3, 51e). Celui que les Champions d'Europe, malgré une timide réaction, ne lui contesteront plus. Bien au contraire puisque James Haskell, entré en jeu, d'une charge destructrice, offrira le bonus offensif à sa formation (31-3, 71e).