Une année de rugby

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Par la rubrique Rugby , modifié à
2011, année de Coupe du monde pour une année de rugby forcément écrasée par la conquête de la Coupe Webb-Ellis. A l'heure de se retourner sur ces 365 derniers jours dans le monde de l'ovalie, si l'on garde en mémoire la victoire anglaise dans le Tournoi, le 18e sacre national du Stade Toulousain ou le sacre à suspense du Leinster en H Cup, le tournoi néo-zélandais se taille forcément la part du lion.

2011, année de Coupe du monde pour une année de rugby forcément écrasée par la conquête de la Coupe Webb-Ellis. A l'heure de se retourner sur ces 365 derniers jours dans le monde de l'ovalie, si l'on garde en mémoire la victoire anglaise dans le Tournoi, le 18e sacre national du Stade Toulousain ou le sacre à suspense du Leinster en H Cup, le tournoi néo-zélandais se taille forcément la part du lion. Le joueur de l'année : Thierry Dusautoir Lui et les autres. S'il manque toujours au palmarès de l'équipe de France le titre suprême de champion du monde, Thierry Dusautoir aura atteint en cette année 2011 sur le plan personnel un niveau d'excellence qui force le respect. Capable non seulement de se transcender sur le terrain, où il aura multiplié les performances de choix, le capitaine du XV de France aura su dans le même temps s'affirmer comme un grand leader des Bleus. Craint par ses adversaires et respecté comme jamais par ses partenaires, le flanker toulousain a fait taire ses détracteurs, qui doutaient de son leadership. Véritable catalyseur, "Titi" aura su être le dernier relais auprès de ses coéquipiers d'un Marc Lièvremont, parfois mal compris, se dévouant corps et âme pour prévenir le pire: l'implosion d'un groupe aux nerfs à vif qui, inspiré par un tel monument, a su se révolter pour tutoyer son Graal. Un devoir d'exemplarité permanent qui valait bien ce titre de meilleur joueur 2011, lot de consolation pour certains, récompense dédiée sans la moindre hésitation par l'intéressé à ses partenaires. Ce Dusautoir, incontestablement, était au-dessus du lot. L'équipe de l'année : La Nouvelle-Zélande Une distinction ordinaire pour ces All Blacks habitués depuis tant d'années aux récompenses en tout genre, mais cette fois enfin parvenus à leurs fins. Le rendez-vous avec l'histoire fixé à domicile dans cette Coupe du monde, qui, invariablement, n'en finissait plus d'échapper aux Néo-Zélandais, a été tenu par une formation, dont le parcours fut moins limpide qu'on pouvait l'attendre. Soumis à une pression exceptionnelle, les joueurs de Graham Henry ont pourtant dû surmonter de terribles coups durs, à l'image de cette hécatombe fatale à trois n°10, dont le plus célèbre d'entre eux en tête avec le forfait de Dan Carter dès la première phase. Peu d'équipes auraient pu se relever d'une telle perte. Les All Blacks en étaient capables, survolant pour l'essentiel la compétition, tout en sachant le plus souvent privilégier une efficacité froide au fantasme d'un jeu total. Une adaptabilité jusqu'en finale, où la méthode, quoi qu'on en dise, toucha ses limites face à une équipe de France retrouvée. L'arbitre M. Joubert fera le reste. L'histoire était écrite ainsi. Le match de l'année : Edimbourg-Racing, 48-47 (H-Cup, match de poule, le 18 novembre 2011) 95 points inscrits en un match. Ce 18 novembre dernier, à Murrayfield, le tableau d'affichage a connu une incroyable surchauffe. Imaginez ! Onze essais inscrits au terme d'un match au scénario totalement improbable, digne du Guiness des Records. Et dire qu'ils n'étaient que 5 000 spectateurs à garnir ce jour-là les tribunes de l'enceinte écossaise ! 5 000 chanceux qui auront assisté à l'incroyable défaite des Racingmen de Pierre Berbizier capables de mener 44-20, puis 47-27, avant d'autoriser l'impossible retour d'Ecossais déchaînés. Pourtant, les Ciel et blanc étaient déjà passés par tous les états, menés (17-3, 8e) après une entame totalement ratée, avant de se ressaisir et d'infliger un 28-0 à leurs hôtes qui, menés à la pause (20-31), semblaient sous contrôle. C'était sans compter le sursaut d'Edimbourg capable d'inscrire un total de six essais et de coiffer les Franciliens au poteau. D'un tout petit point (48-47). Ebouriffant ! La polémique de l'année : L'arbitrage de M. Joubert C'était écrit. La victoire néo-zélandaise en finale de la Coupe du monde avait fini par être admise par tous. Tous sauf trente Français en colère et remontés contre la terre entière, ou presque. Une équipe de France capable de se surpasser au cours d'une finale sur laquelle les Bleus auront su poser au fil des minutes une main de fer, au point de mettre les All Blacks au pas au cours d'une seconde période devenue irrespirable pour tout un pays soudain rattrapé par le spectre d'une défaite aux allures de catastrophe nationale. N'en déplaise à M. McCaw, il n'y avait plus qu'une équipe, ou presque, après le repos sur la pelouse de l'Eden Park: quinze Bleus déchaînés face à quinze Blacks arc-boutés sur la défense de ce minuscule petit point d'avance (8-7). Un score que le Sud-africain M. Joubert, écrasé par la pression de tout un peuple, va choisir de figer, auteur d'un arbitrage pour le moins partial, aveugle face aux écarts répétés des Blacks, McCaw en tête. C'était écrit. Mais les Français resteront dignes, refusant jusqu'au bout d'accabler le directeur de jeu. Qu'il nous soit permis ici de nous substituer aux Bleus... Le voeu pour 2012 : L'autre match de Saint-André A l'heure où s'ouvre l'ère Saint-André en équipe de France, on formulera un voeu lié non pas au terrain, où, pour tout dire, on est en droit d'afficher un bel optimisme devant les perspectives qui s'offrent au nouveau sélectionneur, fort d'un solide héritage. Si le statut de vice-champion du monde oblige "PSA", il lui offre aussi de sérieuses garanties qu'il a déjà promis, très pragmatique, de cultiver dans la continuité. En revanche, il est un autre match, dans la coulisse celui-là, qui s'annonce nettement plus délicat pour "Le Goret", dont la volonté déclarée de ne plus affronter que des ténors du Sud en novembre risque de faire grincer quelques dents. Et s'opposer aux habituelles frilosités et autres léthargies des institutions. La compétitivité de l'équipe de France passe pourtant par là.