Un coup de sabre dans l'eau

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LAURENT DUYCK , modifié à
La première journée des Championnats du monde d'escrime au Grand Palais, une réussite en terme de fréquentation, n'a pas souri aux sabreurs français. Hormis Carole Vergne qui a chuté avec les honneurs face à la championne du monde et olympique en titre, le reste du contingent, et notamment les hommes, est passé à côté de sa compétition.

La première journée des Championnats du monde d'escrime au Grand Palais, une réussite en terme de fréquentation, n'a pas souri aux sabreurs français. Hormis Carole Vergne qui a chuté avec les honneurs face à la championne du monde et olympique en titre, le reste du contingent, et notamment les hommes, est passé à côté de sa compétition. Ils étaient tous au rendez-vous. Le public, les journalistes, les bénévoles et même les épéistes et fleurettistes attendus sur la piste que dimanche ou lundi. Tous réunis sous la verrière du Grand Palais, dans une danse aussi décontractée que désordonnée, pour la première journée des Championnats du monde d'escrime. Tous là, sauf... les résultats dans le clan tricolore. Sur les huit sabreurs français engagés samedi, quatre chez les dames comme chez les messieurs, seule Carole Vergne n'est pas passée à côté de ce grand rendez-vous de l'escrime française, chutant avec les honneurs en quart de finale face à la championne du monde et olympique en titre, l'Américaine Mariel Zagunis (8-15). Avant même la cérémonie d'ouverture, programmée à 14 heures en présence de Roselyne Bachelot et Rama Yade, les représentantes d'un Etat qui a investi dans l'événement plus d'un tiers du budget total (4,3 millions d'euros), plus aucun Français n'était donc concerné par les phases finales. "On ne peut pas dire que ces premiers résultats sportifs soient satisfaisants" concédait volontiers Frédéric Pietruszka, le président de la Fédération française d'escrime (FFE), qui se console avec le taux de remplissage du Grand Palais. "On ne s'attendait pas à un tel engouement. On espérait que le public réponde nombreux, ne serait-ce que pour l'équilibre budgétaire de l'événement, mais pas à ce point. C'est un vrai succès." "On a encore de belles journées devant nous" Les sabreurs français ne peuvent pas en dire autant, tous sortis prématurément et sans gloire, à l'exception peut-être de Vergne qui s'est inclinée face à la n°1 mondiale. Pas une excuse pour l'intéressée. "Elle est battable. Mais elle ne se pose pas de questions", glissait celle qui se souvient l'avoir battue à deux reprises en 2008 avant les JO de Pékin. "Là, je n'ai pas tout donné. Je n'ai pas fait le jeu, je suis resté au milieu de la piste, c'est elle qui décidait ce qu'elle voulait faire. Je n'ai pas assez joué." Un constat malheureusement partagé par ses camarades sabreurs. "J'avais de mauvaises sensations, j'ai essayé de me battre comme j'ai pu avec les armes que j'avais. Ce n'est pas passé loin", regrettait Boladé Apithy, sorti au premier tour, comme Julien Pillet et Boris Sanson, par l'Américain Daryl Homer, tombeur au tour suivant de Nicolas Lopez. "Tu as envie de réussir, de faire plaisir aux gens. Mais j'ai fait de la merde... Je n'ai pas tiré à mon niveau. A cause de la pression, l'envie de bien faire. Ce sont des Championnats du monde, tu a envie de briller." "On est passé à travers complètement, Nicolas y compris. On n'a pas réussi à mettre la dernière touche. On n'a pas été très bons", reconnaissait sans mal Jean-Philippe Daurelle, l'entraîneur de l'équipe masculine. Pour quelles raisons ? "Pour l'instant, je n'ai pas d'explications. Il faut qu'on discute ensemble. On verra si c'est la pression, si c'est le lieu ou si c'est l'enjeu des Championnats du monde tout simplement", confiait Eric Srecki, le Directeur technique national de l'escrime tricolore. "Les entames n'étaient pas bonnes donc je ne suis pas sûr que ce soit une question d'environnement", ajoutait-il comme pour couper court à la tentation, facile, de faire du Grand Palais le responsable de cet échec. Frédéric Pietruszka n'y croit pas. Pas plus que Nicolas Lopez. "Je n'ai pas ressenti de pression particulière. J'étais bien sur la piste. Dommage que je n'y sois pas resté plus longtemps." Le n°1 français sera de retour au Grand Palais, avec "les dents qui rayeront le parquet", mardi pour l'épreuve par équipes. "On a touché un peu le fond, là on ne peut pas aller plus bas. On va se rattraper", confirmait Apithy. "Il faut resserrer les boulons parce qu'on sait combien l'esprit d'équipe joue. On va essayer de ne pas entrer dans une spirale infernale", précisait Srecki. Une entame ratée par les sabreurs que le président de la FFE voulait relativiser : "Ce n'est que le premier jour. Je me souviens de championnats du monde à Turin où on a terminé avec quatre médailles d'or alors qu'on avait seulement une petite médaille de bronze, celle de Laura Flessel, après les trois premières journées. On a encore de belles journées devant nous." Et encore beaucoup d'occasions de décrocher des médailles...