Un Bleu en jaune à Paris, un rêve ?

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Régis AUMONT , modifié à
Le Tour de France 2011 a, peut-être, marqué un nouveau tournant pour le cyclisme français. Cela faisait plus de dix ans que l'un de ses représentants n'avait plus approché de près le podium sur les Champs-Elysées, une performance réussie par Thomas Voeckler, quatrième à Paris après avoir porté le maillot jaune durant dix jours. Avec quatre autres Tricolores dans le Top 15, dont trois jeunes, l'avenir du Tour pourrait s'écrire à l'encre bleue.

Le Tour de France 2011 a, peut-être, marqué un nouveau tournant pour le cyclisme français. Cela faisait plus de dix ans que l'un de ses représentants n'avait plus approché de près le podium sur les Champs-Elysées, une performance réussie par Thomas Voeckler, quatrième à Paris après avoir porté le maillot jaune durant dix jours. Avec quatre autres Tricolores dans le Top 15, dont trois jeunes, l'avenir du Tour pourrait s'écrire à l'encre bleue. Un vent nouveau a soufflé sur le Tour de France. Un vent de fraîcheur qui n'avait plus balayé la plus grande course cycliste du monde depuis des lustres. Repoussant loin derrière l'ère Armstrong, point culminant des années que l'on ne souhaite plus revivre. S'il ne faut pas tomber dans la béatitude, si le cyclisme est toujours, comme les autres sports, sujet au dopage, la 98e édition a délivré des images rassurantes. Comme celles de visages de coureurs en souffrance, franchissant les cols parfois à la limite de l'agonie. La réalité mathématique, avec des temps de montée inférieurs aux années précédentes, a validé cette tendance. La preuve, on y croit, que la lutte antidopage porte ses fruits. Faut-il y voir un lien direct avec la renaissance du cyclisme français ? Les équipes tricolores (Europcar, FDJ, AG2R-La Mondiale, Cofidis, Saur-Sojasun) s'érigent depuis plusieurs années en porte-parole d'un cyclisme propre. Elles ont, pour la plupart, réussi leur Tour de France. Moqués depuis le début des années 2000 de ne réussir qu'à gagner des étapes de temps en temps, mais de ne jamais figurer au classement général, les Français ont réussi à inverser la tendance. Au point de placer cinq coureurs dans le Top 15 du général quand le mieux classé en 2010, John Gadret, avait terminé à la dix-neuvième place. Mieux encore, à trois jours de l'entrée du peloton dans Paris, Thomas Voeckler était encore le mieux placé pour gagner le Tour. Heulot: "Le cyclisme français va bien" L'Alsacien a, douze jours durant, suscité l'espoir à un pays tout entier de trouver le successeur, 26 ans après, à Bernard Hinault, dernier coureur local à avoir triomphé sur les Champs-Elysées. Le leader d'Europcar, très apprécié pour sa proximité avec le public même quand le poids de la course reposait sur ses épaules, a fait chavirer de bonheur les spectateurs amassés sur le bord des routes, du Massif Central, où il avait endossé la tunique jaune, à Paris. A 32 ans, Voeckler s'est découvert des capacités jusque-là insoupçonnées, peut-être aussi parce qu'en d'autres temps elles n'auraient pas suffi pour se placer si haut. Au pied du podium (comme Christophe Moreau en 2000, ndlr) - la faute sans doute à une erreur d'ordre tactique dans l'étape de l'Alpe-d'Huez -, le Vendéen d'adoption ne représente pas l'avenir mais pourrait venir au départ du Tour 2012, à Liège, avec des objectifs revus à la hausse. Cadel Evans, vainqueur de son premier Tour à 34 ans, a montré que les années n'étaient pas un handicap. Jean-Christophe Péraud a le même âge que l'Australien. Pour son premier Tour, l'ancien vététiste a intégré de justesse le Top 10, l'objectif qu'il s'était fixé en début de saison. Un résultat probant mais c'est du côté des plus jeunes qu'il faut se tourner pour trouver un futur candidat au podium, voire mieux. Respectivement troisième, quatrième et cinquième meilleurs Tricolores, Pierre Rolland (11e), Jérôme Coppel (14e) et Arnold Jeannesson (15e) se sont révélés au plus haut niveau. Le premier a crevé l'écran en s'imposant à l'Alpe-d'Huez, 25 ans après Hinault, le tout après avoir oeuvré pour son leader Voeckler à travers les Pyrénées et les Alpes. En constante progression, et la tête bien sur les épaules, le natif de Gien, capable d'accompagner les meilleurs dans la haute montagne, semble tailler pour les grands Tours. Son maillot blanc, celui récompensant le meilleur coureur de 25 ans ou moins, est une belle promesse pour les années à venir. Coppel, le rouleur-grimpeur de Saur-Sojasun, et Jeannesson, la perle couvée par Marc Madiot à la FDJ, devront eux aussi confirmer qu'ils peuvent s'inscrire dans la durée comme des coureurs de classement général. Stéphane Heulot, manager de la formation Saur-Sojasun, nous confiait dimanche soir sa vision sur la position du cyclisme français à l'issue d'un Tour de grande cuvée. "Le cyclisme français va bien, analyse le Breton, porteur du maillot jaune sur le Tour 1996. Certes il y a moins de victoires d'étape mais on a cinq coureurs dans les 15 premiers au général, l'année dernière le mieux classé était dix-neuvième. Le premier aujourd'hui est quatrième. Il y a des jeunes qui suivent, le maillot blanc est Français. L'avenir est intéressant. Il faut nous laisser le temps de travailler. Nous donner l'occasion aussi de côtoyer le haut niveau plus régulièrement, c'est un problème du système, et je pense qu'on arrivera, je l'espère un jour, à succéder à Bernard Hinault. C'est une possibilité et j'y crois." Le Tour 2011 a réveillé les rêves les plus fous.