Toulouse sauvé des eaux

  • Copié
SYLVAIN LABBE , modifié à
Dans des conditions météorologiques détestables, le Stade Toulousain a fini dimanche par échapper au piège tendu par les Wasps, dominés (18-16) au Stadium. Dominateurs dans le combat devant, les Champions d'Europe, menés à 14 minutes du terme, seront sans cesse restés sous la menace avant que la botte de David Skrela, auteur de tous les points de son équipe, ne les tirent de ce mauvais pas.

Dans des conditions météorologiques détestables, le Stade Toulousain a fini dimanche par échapper au piège tendu par les Wasps, dominés (18-16) au Stadium. Dominateurs dans le combat devant, les Champions d'Europe, menés à 14 minutes du terme, seront sans cesse restés sous la menace avant que la botte de David Skrela, auteur de tous les points de son équipe, ne les tirent de ce mauvais pas. Toulouse revient de loin ! Guy Novès ne s'y trompe pas à l'heure d'apprécier au coup de sifflet final de ce premier match de la défense de son titre européen le contexte de ce choc face aux Wasps. Le manager stadiste mesure à sa façon la valeur de ce succès décroché à l'arraché (18-16) dans des conditions toutes britanniques. Pas sûr que le match retour à Londres l'hiver prochain constitue une épreuve plus délicate que ce match aller, véritable piège tendu aux coéquipiers de Thierry Dusautoir, dans l'incapacité de développer dans ces conditions leur jeu made in Toulouse... "C'était un match très engagé au vu des conditions météo, il na fallait pas en attendre moins, commentait sur France 2 un William Servat au coeur du combat. On savait que les Wasps possédaient un gros potentiel physique, ça s'est vérifié. On a eu la chance d'avoir David Skrela avec nous aujourd'hui." Un buteur d'exception, déjà tout aussi décisif il y a deux ans, en ouverture de la compétition, au Stadium, face à Bath (18-16) pour inscrire tout comme en ce dimanche pluvieux les dix-huit points de sa formation, et qui aura traduit la domination devant de ses partenaires, cet "ascendant psychologique", comme le dénomme pudiquement Servat. "Ils nous ont fait avancer en mêlée, sur des ballons portés, apprécie, reconnaissant, Skrela la gâchette. "On gagne ce match, on aurait pu le perdre sur la fin". Alerte orange ! Si l'alerte météo est orange sur Toulouse et le Sud-Ouest ce dimanche, elle vire au rouge dès le coup d'envoi avec cette passe trop appuyée de Byron Kelleher, qui profite au contre anglais et s'avère à deux doigts de se transformer en ballon d'essai pour le centre Jacobs tout près d'aplatir (1e). Un avertissement sans frais dans une entame de match que les conditions météo, toutes britanniques, brident. Les Haut-Garonnais comme les Londoniens ne prennent aucun risque et l'occupation du terrain est le maître-mot. Un comble pour les Toulousains! Guy Novès faisait sur nos pages l'éloge du jeu en Coupe d'Europe avant ce match inaugural, condition sinequanone pour espérer la victoire. Il est réduit à sa portion congrue dans ce premier acte. S'il n'y avait pas l'appui de son public, renforcé par un Caucaunibuca présent en tribunes (voir par ailleurs), le Stade pourrait presque se croire à l'extérieur. Quand à l'espoir d'un éventuel bonus offensif, il est à ranger au rang des fantasmes dans ces conditions. Tant et si bien que la première période se résume à l'inévitable duel de buteurs entre les deux ouvreurs Dave Walder et David Skrela. Aux trois coups de pied gagnants du Toulousain (11e, 17e, 30e) répondent les deux pénalités (5e, 13e) et le drop (37e) de l'Anglais pour permettre aux deux équipes de croiser sur un score de parité à la pause (9-9). Au rang des regrets toulousains, on notera sur le premier mouvement stadiste, alors que le décalage semblait fait en bout de ligne, le ballon échappé par Clément Poitrenaud, trahi par cette pluie battante (24e). Mais plus encore que la nette domination des avants rouge et noir en mêlée fermée n'ait pas trouvé une plus juste récompense auprès de l'arbitre irlandais M. Clancy. Tout reste à faire dans ce choc. Et Toulouse reste plus que jamais sous la menace, à l'image de ce contre des deux flèches des Wasps, les deux ailiers Tom Varndell et Richard Haughton, qui contraignent Poitrenaud à aplatir dans son en-but. La mêlée à cinq mètres qui s'en suit ne fait que confirmer la mainmise toulousaine sur ce secteur d'une poussée irrésistible (43e). Un avantage que doivent concrétiser les tenants du titre. A défaut d'un essai de plus en plus improbable, Skrela, auteur de deux nouveaux coups de pied gagnant (60e, 64e), récompense la politique des petits tas de ses "gros" (15-9). Le combat est rude et laisse sur le carreau Servat, contraint de quitter ses coéquipiers (61e). Et c'est au moment même où Toulouse semble faire le break que les Wasps crucifient le Stade. Décidément maudit face aux Londoniens, Poitrenaud, pour son retour à l'arrière après quatre matches joués au centre, est victime d'une mésentente avec l'un de ses partenaires et cafouille un ballon en défense à l'entrée de ses 22 mètres que David Lemi prolonge au pied et aplatit dans l'en-but. Sans que l'arbitre ne réagisse et l'action se poursuit avec la relance de Vincent Clerc, sans succès, jusqu'à un arrêt de volée de Shaun Sowerby. Une bonne minute est passée quand M. Clancy, alerté par son adjoint, préposé à la vidéo, choisit de revenir sur l'action anglaise et de finalement valider l'essai, qui redonne l'avantage aux Wasps (15-16, 66e)! La justification de l'homme au sifflet auprès de Thierry Dusautoir, qui affirme avoir voulu laisser à l'avantage à Clerc, a de quoi laisser perplexe... C'est sans compter l'infaillible Skrela, qui ne tremble pas à l'heure de transformer, une fois encore suite à l'abattage de ses avants, sa sixième pénalité sur sa septième tentative, celle de la gagne (18-16, 73e). Celle que concède un Census Johnston, pourtant désigné homme du match, mais que Walder ne cadre pas dans un silence de cathédrale (79e). Au coup de sifflet final, un seul mot s'impose côté toulousain: Soulagement !