Top 14: Une saison en questions

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à

L'absence des internationaux, qui s'apprêtent à s'envoler pour la Coupe du monde (9 sept.-23 oct.) en Nouvelle-Zélande, n'est pas la moindre des questions qui pèse sur la saison de Top 14, dont l'ouverture est programmée vendredi. De la capacité des Toulousains à conserver le Brennus à l'afflux des stars du Sud, en passant par le comportement du nouveau Stade Français et les révélations à attendre, notre consultant Yann Delaigue apporte ses réponses.

L'absence des internationaux, qui s'apprêtent à s'envoler pour la Coupe du monde (9 sept.-23 oct.) en Nouvelle-Zélande, n'est pas la moindre des questions qui pèse sur la saison de Top 14, dont l'ouverture est programmée vendredi. De la capacité des Toulousains à conserver le Brennus à l'afflux des stars du Sud, en passant par le comportement du nouveau Stade Français et les révélations à attendre, notre consultant Yann Delaigue apporte ses réponses. L'absence des internationaux: "Donner la chance à de nouveaux joueurs..." "On manque plus que jamais de visibilité sur ce Top 14, tout simplement parce qu'on ne sait pas réellement quel club sera au final plus amoindri par ces doublons. Cela va beaucoup dépendre des blessures ; bien sûr, certains clubs, parce qu'ils possèdent un effectif suffisamment riche, ont les moyens de faire face à quelques blessures. Mais aujourd'hui, je pense que ces clubs, capables de compenser ces blessures, dans la mesure où ils ne peuvent déjà pas compter sur leurs internationaux, ne sont vraiment pas nombreux. [...] Plutôt que de faire rentrer des joueurs de même calibre, quasiment du même niveau que les titulaires, il va falloir aller chercher des joueurs, très jeunes, complètement inexpérimentés, et ça peut faire la différence. Ça peut aussi donner la chance à de nouveaux joueurs, ce qui est plutôt un bien pour le rugby français. Tous ne seront pas des joueurs de grand niveau, mais pouvoir apporter sur trois, quatre matches, suivant les indisponibilités, moins de valeur et de garanties, mais compenser ce joueur absent en étant entouré des autres, voire en sauvant les meubles, ça peut le faire. On n'est pas non plus à l'abri de jeunes talents qui se révèlent." Toulouse pour le doublé: "Cette équipe a encore "grave de la gueule"" (sic) "C'est vrai que les statistiques ne parlent pas pour les Toulousains. (*) J'étais moi-même assez pessimiste en fin de saison dernière en voyant le nombre de sélectionnés potentiels, français et étrangers et je me disais, même s'ils disposent d'un effectif riche et de qualité, ça va être compliqué. Mais quand on voit leurs matches amicaux et la façon dont l'équipe se dessine, avec quelques joueurs, qui n'ont pas été retenus pour la Coupe du monde en équipe de France, finalement cette équipe a encore "grave de la gueule" (sic). Sans compter un McAlister qui arrive, finalement, je crois qu'ils seront bien là. Qu'ils soient champions ou pas, chaque fois que les adversaires jouent Toulouse, ils jouent contre la référence. C'est culturel à Toulouse, on sait qu'à chaque match à l'extérieur, les équipes en face vont s'étalonner et c'est ce qui fait d'ailleurs la beauté de ce club. [...] Sans compter qu'il y a eu pas mal de recrutement, donc ça peut donner du sang neuf et une forme de renouveau, avec quelques joueurs revanchards, à l'image de Jauzion et Poitrenaud, quelques jeunes (Doussain, Bézy), un Beauxis qui arrive, ce sont autant d'éléments, qui peuvent stimuler cette équipe." L'afflux des stars du Sud: "Pas en préretraite ou en vacances" "C'est une bonne chose, ça va contribuer à élever un peu plus encore le niveau de ce Top 14, qui est déjà aujourd'hui le championnat de référence au niveau mondial. A partir du moment où on assiste à l'arrivée de joueurs de très haut niveau. Je ne pense pas que ces stars, vu leur profil pour la plupart, viennent en France en préretraite ou en vacances. Le danger, c'est de voir une arrivée massive de joueurs, qui ne seraient pas meilleurs que les Français et qui n'apporteraient aucune plus-value à notre rugby. Je pense notamment à la Pro D2 ou à des niveaux inférieurs, et c'est là plus problématique selon moi. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas et ça ne me dérange pas. " Le Stade Français nouveau: "Kelleher va vouloir prouver des choses" "On a du mal à se prononcer sur ce Stade Français nouvelle formule. On peut s'attendre tout de même à ce que cette équipe rencontre à nouveau de grandes difficultés. Plus que l'image renvoyée par les matches amicaux (2 défaites en 2 matches), dont il faut toujours se méfier et qui ne me paraît pas révélatrice, on devrait avoir une première réponse dès ce week-end (le Stade Français reçoit Bordeaux-Bègles à Charléty, ndlr). On sait malgré tout par expérience que lorsqu'une équipe se renouvelle à ce point en termes d'effectif, il y a quand même une mayonnaise qui doit prendre, une structure de jeu à intégrer, donc logiquement ça réclame du temps. Même si on a parfois de bonnes surprises... [...] A l'image d'un Byron Kelleher, qui a un gros caractère, qui va vouloir sans doute retrouver ce rôle de meneur, comme lors de son arrivée à Toulouse, même s'il n'a plus les mêmes qualités physiques qu'il y a 3 ou 4 ans. Il va vouloir prouver des choses, même s'il va devoir faire face à la concurrence de Julien Dupuy. Et Julien, qui est lui aussi un vrai leader, je le mets très bon... Un rôle de leader que l'on peut endosser quand on est au club depuis longtemps et/ou quand on est titulaire indiscutable. Moi, si je suis coach, ce n'est pas sûr que je fasse jouer Byron..." Les joueurs à suivre: "Bastareaud ? Sa dernière chance" "Sur un plan général, je suis curieux, dans ce contexte qui devrait permettre de mettre en avant certains jeunes, de voir quels nouveaux talents peuvent éclore. J'attends personnellement beaucoup du petit Doussain (Toulouse), qui laisse entrevoir de très belles choses. J'aimerais mieux le connaître, voir s'il est intéressant de le voir se fixer en 9, on le dit aussi très bon en 10... Même s'il y a aussi le petit Bézy. J'attends de voir l'évolution de ces deux-là face aux McAlister et Burgess, ces deux petits jeunes n'ont pas dit leur dernier mot. [...] J'attends aussi de voir ce que peut donner Bastareaud à Toulon. Mathieu est dans une phase de sa carrière, où il doit prendre un vrai virage. Si ce n'est pas sa dernière chance, on n'en est pas loin... S'il se loupe à Toulon, il passera à côté d'une belle carrière, dont il a le potentiel, et ça serait dommage." (*) Le Stade Toulousain n'a plus conservé son titre de Champion de France depuis la période faste du milieu des années 90 marquée par ses 4 Brennus de rang (1994, 1995, 1996, 1997). Plus inquiétant encore pour les supporters toulousains, chaque titre de Champion de France décroché depuis (1999, 2001, 2008) a été suivi d'une saison blanche.