Si chaudes retrouvailles

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Dans son jardin forcément brûlant pour l'occasion d'Anoeta, le Biarritz Olympique, animé de l'esprit de revanche des vaincus de la finale de la dernière édition, entend ce dimanche mettre au pas dès le stade des quarts de finale de la H Cup leurs bourreaux du Stade de France, il y a dix mois, les Champions d'Europe toulousains. Une lourde tâche que de douloureux forfaits compliquent un peu plus.

Dans son jardin forcément brûlant pour l'occasion d'Anoeta, le Biarritz Olympique, animé de l'esprit de revanche des vaincus de la finale de la dernière édition, entend ce dimanche mettre au pas dès le stade des quarts de finale de la H Cup leurs bourreaux du Stade de France, il y a dix mois, les Champions d'Europe toulousains. Une lourde tâche que de douloureux forfaits compliquent un peu plus. Comme on se retrouve... Il aura suffi d'un essai, inscrit à Toulouse par le joueur des Wasps David Lemi, à la dernière minute du dernier match de la phase de poules, pour renvoyer Biarrots et Toulousains se frotter les uns aux autres. Un peu plus de dix mois après la finale perdue au Stade de France par le BO face aux Stadistes (21-19), voilà les deux clubs à nouveau réunis sur la même affiche, mais cette fois, pas de titre en jeu. Car c'est dès le stade des quarts de finale que les deux géants du Sud-Ouest ont rendez-vous. Un choc digne d'une finale donc, mais qui n'offrira au vainqueur "que" le seul droit de se hisser dans le dernier carré de cette H Cup avec la perspective d'un déplacement en Irlande (Leinster) ou en Angleterre (Leicester), avant une éventuelle finale à... Cardiff. "Cette fois, il va vraiment falloir se retrousser les manches pour gagner la Coupe d'Europe", annonce Guy Novès sur le site du Stade. "Ce sera l'occasion de leur rendre la monnaie de la pièce." Jean-Michel Gonzalez, l'entraîneur très rancunier des avants biarrots, ne fait pourtant pas un secret de la motivation qui peut animer les troupes du président Blanco avant ce nouveau chapitre entre les deux clubs. A Biarritz, cette deuxième finale de Coupe d'Europe perdue après celle face au Munster en 2006 a laissé une cicatrice à vif et l'heure de la revanche pourrait avoir sonné pour des Rouge et blanc, qui entendent profiter à plein de l'avantage non négligeable du terrain. Car c'est dans son jardin d'Anoeta, où il a dominé trois de ses quarts de finale (pour un seul revers face à Northampton), que le BO a gagné le droit de défier le Champion. Et ça change tout car Imanol Harinordoquy et ses coéquipiers pourront y compter sur le soutien de 26 000 de leurs supporters sur les 32 000 que peut accueillir le stade de San Sebastian -un peu plus de 6 000 Toulousains auront fait le déplacement dans le même temps...- Un supplément d'âme qui ne sera pas de trop... Novès: "Les joueurs savent..." Comme le mesure mieux que quiconque le capitaine biarrot: "On a la chance de recevoir le quart de finale malgré un parcours mitigé et deux défaites (en phase de poules). C'est un cadeau...", n'hésite-t-il pas à affirmer sur le site du BO. " L'an dernier, les Toulousains méritaient leur succès en finale, même si on avait fini à deux points. Toulouse est une grande équipe. On doit se mettre dans notre bulle, bien nous préparer. Je m'attends à un très gros match, une grosse intensité. Ce sera très dur..." Car Novès peut bien avoir joué son couplet habituel de celui qui s'y intéresse sans prétendre vouloir y toucher, Toulouse, même si ses hommes se sont ouverts une voie royale en championnat, va mettre un point d'honneur à défendre son trophée le plus chèrement possible. "On peut jouer ce match face à Biarritz totalement libérés", annonce même le manager du Stade Toulousain. Un Stade qui, après une rare déroute face au Racing, à plus de 40 points concédés, a su en effet se remettre la tête à l'endroit juste à temps en allant, excusez du peu, signer une victoire, toute aussi rare, à Aimé-Giral, autre place-forte s'il en est... Mais un quart de finale à l'extérieur se mérite, même pour Toulouse qui en trois tentatives à ce stade de la compétition, loin de ses bases, ne s'est imposé qu'une seule fois. Et encore était-ce au siècle dernier, en 1997, à Dax... Novès n'a pour autant pas besoin de mettre en garde ses troupes sur la nature de l'accueil qui les attend dimanche dans la chaleur annoncée du Pays Basque: "Nous allons jouer un match éliminatoire de Coupe d'Europe, et si les joueurs ont besoin des coaches pour savoir que cela va être dur, alors ça fait 20 ans que nous n'avons rien compris au système", note délicatement le technicien, rompu à l'exercice à la veille de ce douzième quart de finale européen, le quatrième de rang. "Les joueurs savent que lorsqu'on participe à un quart de finale de H Cup, on affronte ce qui se fait de mieux. D'autant plus que Biarritz attend ce moment-là depuis la finale perdue la saison dernière. On sait où on va, mais malheureusement, on n'y va pas avec toutes nos armes, et cela me gêne un peu." Toulouse diminué devant, là où le Stade avait construit son succès en finale et où le combat promet d'être une fois encore le plus brûlant dimanche, par les absences de son capitaine, Thierry Dusautoir, de son neuvième avant, Byron Kelleher, mais aussi du pilier Benoît Lecouls, sans compter l'incertitude autour d'un Daan Human, annoncé titulaire malgré une pubalgie... Des défections de choix, dont le BO pourrait profiter, si le club basque n'avait pas lui-même eu droit à son lot de coups durs. Toulouse aime les chocs franco-français Après August, nouvelle victime des "croisés", et la révélation australienne de la saison biarrote, Dane Haylett-Petty (cheville), c'est Damien Traille, nouvel international sur le flanc, qui a dû renoncer ce vendredi pour une mauvaise réception à l'entraînement. Or, Biarritz, sans Traille et son jeu au pied, ni August, alias "le bulbe" de ce paquet d'avants, dixit Jacques Delmas (voir par ailleurs), ce BO n'est plus le même... Quant aux Toulousains, ils demeurent, quoi qu'on en dise, les rois des confrontations franco-françaises avec en huit occasions, quelques sept victoires et un match nul (en 1998, face à Brive qualifié en demi-finales au nombre d'essais inscrits, ndlr), là où Biarritz s'est incliné lors de ses trois matches 100 % français contre Toulouse par deux fois (demi-finale en 2004 et finale en 2010, ndlr) et le Stade Français (demi-finale en 2005). Des statistiques dont Novès n'a que faire au regard du feu qu'il devine brûler chez ses adversaires: "Quand on est dans cette situation et que la saison suivante, on rencontre ceux qui vous ont éliminés, on a qu'une envie, c'est les battre."