Russie: Des coups bas à Kuban ?

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L.M. , modifié à
Alors que le championnat russe a recommencé dimanche, l'un de ses pensionnaires, le promu du FC Kuban, est dans l'oeil du cyclone après les accusations de "comportement criminel" formulées par la FIFPro, le syndicat des joueurs, suite aux plaintes de deux anciens joueurs du club.

Alors que le championnat russe a recommencé dimanche, l'un de ses pensionnaires, le promu du FC Kuban, est dans l'oeil du cyclone après les accusations de "comportement criminel" formulées par la FIFPro, le syndicat des joueurs, suite aux plaintes de deux anciens joueurs du club. Le championnat russe, ce n'est pas seulement de grands clubs, comme le Zénith Saint-Pétersbourg, le Spartak Moscou ou le Rubin Kazan. Ni même un eldorado capable d'accueillir Roberto Carlos ou Mbark Boussoufa à l'Anzhi Makhachkala. C'est aussi quelques histoires qui font froid dans le dos. Comme celle qu'ont vécue deux joueurs du FC Kuban, Nikola Nikezic et Sreten Sretenovic. Alors que le championnat russe a repris ses droits dimanche, le FC Kuban, deuxième club de la ville de Krasnodar, promu cette année dans l'élite, risque gros. Très gros. Mardi, la FIFPro, le syndicat des joueurs professionnels, a publié trois communiqués officiels sur son site Internet pour dénoncer le "comportement criminel" du club russe à l'égard de ses deux joueurs. Un rêve qui tourne au cauchemar Respectivement engagés en février 2009 et mars 2010, le Serbe Sreten Sretenovic et le Monténégrin Nikola Nikezic - passé par Le Havre - ont contribué à la promotion de leur club en D1. Nikezic ayant même inscrit 4 buts et délivré 3 passes décisives en 31 matches. Sportivement, tout allait à merveille pour les deux hommes. Jusqu'en janvier dernier, où ils ont été sommés par leur employeur de mettre un terme à leur bail, qui courait pourtant jusqu'en novembre 2011. Ils ont refusé. Le FC Kuban leur a fait payer cher. "Je n'avais pas le droit de m'entraîner, ni avec l'équipe première, ni avec les jeunes, raconte Nikezic sur le site du FIFPro. J'ai décidé de me trouver un nouveau club. Mais le FC Kuban a refusé de me laisser partir. Ils voulaient que je mette un terme à mon contrat". Et, accessoirement, qu'il s'assoie sur les 230.000 dollars qu'il lui restait à percevoir. "Le 5 mars, j'ai demandé à mon représentant de venir à Krasnodar négocier avec le club un transfert. Il était censé arriver le 9. Il n'est jamais venu". Menaces et passage à tabac Le 7, Nikola Nikezic est convoqué dans le bureau de Nikolai Khilistunov, l'un des entraîneurs du club. "Il m'a demandé de signer un document qui mettait un terme à mon contrat. Il m'a dit que si je ne le faisais pas, je ne pourrais pas quitter Krasnodar, ou que je retournerais au Monténégro handicapé". Mais l'ancien Havrais ne se démonte pas. Du moins jusqu'à l'arrivée de deux gorilles au moment où l'entraîneur quittait la pièce. "L'un d'eux m'a demandé de signer. Quand je lui ai répondu que mon contrat courait jusqu'en 2011 et que rien ne se ferait sans mes représentants, j'ai reçu un coup dans le foie. Le deuxième gars a enlevé sa veste. J'ai vu des pistolets dans leurs étuis. Ils m'ont redemandé de signer, et quand j'ai refusé, ils m'ont frappé au même endroit. Ils ont commencé à m'étrangler. Ça a duré vingt minutes, jusqu'à ce que je n'aie plus la force de résister. Je craignais pour ma vie. J'ai signé les documents. Quand ils sont partis, l'un d'eux m'a dit: «Beaucoup de Russes vivent au Monténégro et ils pourront te retrouver toi ou ta famille. Alors ne fais rien de stupide»". FIFPro: "Des pratiques mafieuses" Pour conserver les preuves de l'agression, le Monténégrin prend en photo ses blessures. Puis quitte Krasnodar. Encouragé par Alexander Zotov, président du syndicat des footballeurs russes, il raconte tout à la FIFPro, la FIFA et l'UEFA: "Si j'étais resté silencieux, cette histoire se serait répétée". Ironie du sort, la sienne est en réalité une répétition de ce qui est arrivé à son ancien coéquipier Sreten Sretenovic. Même chantage, mêmes méthodes. "J'ai signé sous le coup de la peur. Je n'ai dit à personne que j'avais déjà été menacé à de nombreuses reprises par plusieurs membres du club. En apprenant ce qu'il était arrivé à Nikola Nikezic, j'ai réalisé que je n'étais pas seul dans ce cas. J'ai alors demandé de l'aide", raconte le joueur, désormais à l'Olimpia Ljubljana, en Slovénie. Lui a renoncé de force à ses 300.000 euros de salaire et a même dû payer de sa poche 60.000 euros pour être libéré. "Ce sont des pratiques mafieuses, regrette Theo van Seggelen, secrétaire général de la FIFPro. C'est un outrage. On parle de racisme et de problèmes de manque de respect, mais ce qui s'est passé au FC Kuban est encore pire. Des choses comme celles-là doivent être bannies du football moderne et ne plus jamais se reproduire". En attendant l'ouverture des enquêtes, le FC Kuban s'est contenté de qualifier ces allégations de "mensongères". "Si cette histoire est vraie, les coupables seront punis comme des criminels, prévient Alexander Zotov, conscient qu'avec l'attribution du Mondial 2018 à la Russie, le pays ne peut se permettre ce genre de publicité. Si la direction a vraiment commis ces actes, ils n'appartiennent plus au football russe."