Rougerie: "On n'est pas à l'abri"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
Reconduit en tant que titulaire pour affronter le Pays de Galles samedi, à l'Eden Park, en demi-finales de la Coupe du monde, Aurélien Rougerie soigne toujours sa luxation de l'épaule, convaincu au moins autant que son sélectionneur qu'il sera une fois encore en mesure de tenir sa place au centre de l'attaque française. Le patron des lignes arrières, impressionné par l'insouciance galloise, met en garde contre tout excès de confiance.

Reconduit en tant que titulaire pour affronter le Pays de Galles samedi, à l'Eden Park, en demi-finales de la Coupe du monde, Aurélien Rougerie soigne toujours sa luxation de l'épaule, convaincu au moins autant que son sélectionneur qu'il sera une fois encore en mesure de tenir sa place au centre de l'attaque française. Le patron des lignes arrières, impressionné par l'insouciance galloise, met en garde contre tout excès de confiance. Aurélien, avec votre expérience internationale, jugez-vous cette équipe de France à l'abri d'une décompression comme elle a pu en connaître par le passé ? Non, on n'est pas à l'abri. On est évidemment encore à la portée de nos vieux démons, donc il faut rester très concentré, avoir une semaine studieuse, un peu comme si on préparait une demi-finale de Coupe du monde (sourire). C'est une préoccupation de tous les instants qui incombe avant tout aux anciens ? Je crois que c'est un peu à tous. Je crois qu'il y a eu une prise de conscience assez généralisée la semaine dernière, donc il faut continuer dans ce sens-là pour préparer ce match important. On avait besoin de passer un moment peut-être un peu plus fraternel ensemble, besoin de se retrouver ; maintenant que c'est chose faite, on peut tous regarder dans la même direction. Après l'exploit de Cardiff en quart de finale en 2007, le groupe était mâché tant physiquement que psychologiquement. Quelle comparaison pouvez-vous faire ? Physiquement, oui, on a fait un grand match en termes d'intensité, c'est certain, donc ces deux jours vont pouvoir nous permettre de récupérer (son retour à l'entraînement n'est prévu que mercredi, ndlr). En tout cas, je ne crois pas que le groupe soit meurtri physiquement. Pour ce qui est du ressenti mental et psychologique, on a eu à faire à une bonne équipe d'Angleterre, en même temps, on est conscient que ce n'était qu'une étape, une étape qu'il fallait absolument franchir, donc on était satisfait de ça certainement après le match. Mais on ne va pas continuer à s'en satisfaire, on a besoin de s'approprier un peu cette compétition pour écrire notre histoire tout simplement. "Les Gallois sont vraiment impressionnants d'insouciance" Justement, comment jugez-vous ces trois premiers jours qui suivent cette performance face à l'Angleterre et certains indices vous semblent-ils positifs ? J'ai envie de ne vous donner une réponse que samedi soir, à 23 heures, mais je vais m'avancer un peu en disant que je nous trouve pas trop mal. On est à la fois détendu, mais pas trop non plus pour tomber dans l'excès de la facilité. En même temps, je crois qu'on reste focalisé sur ce match. Les statistiques sont largement en faveur de l'équipe de France sur la dernière décennie face aux Gallois. Comment avoir peur de cette équipe (les Bleus ont notamment remporté 3 des 4 derniers matches face aux Gallois, ndlr) ? Comment avoir peur... C'est un contexte et un environnement complètement différents de celui dans lequel d'ordinaire on les rencontre. C'est un match de Coupe du monde, au vu de leurs premières prestations, ils sont vraiment impressionnants d'insouciance, ils jouent complètement décomplexés, avec une fluidité assez déconcertante entre les trois-quarts et les avants ; ça, ça va être difficile à gérer pour nous. Il va falloir travailler beaucoup cette semaine et qu'on soit très concentrés samedi. Etes-vous surpris de voir des joueurs gallois tels que l'ailier North (19 ans), le n°8 Faletau (20 ans) ou encore le capitaine Warburton (23 ans) afficher une telle maturité à ce niveau de compétition ? Surpris, non, je suis issu d'un club qui possède un bon centre de formation et je crois que ce n'est pas le seul en France ou en Europe. Ça ne m'étonne pas de voir de jeunes joueurs arriver avec certainement, la maturité peut-être, mais avec les qualités et les atouts techniques et tactiques pour jouer à ce niveau-là. Donc, non, au contraire on va tendre vers ça et ça va élever encore le niveau de jeu. Mais, bon, moi je serai à la retraite d'ici là. Quelle a été la recette des Springboks pour battre ces Gallois en phase de poules ? Leur recette ? J'avais fini par en oublier le score final ; au vu de la rencontre, je crois que les Gallois non seulement n'avaient pas démérité, mais ils auraient même mérité de gagner. La recette sud-africaine ? Je ne sais pas, en général, c'est beaucoup de violence et d'agressivité, donc on va essayer de s'en inspirer... Peut-être.