Retière: "Une grosse solidarité"

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Propos recueillis par PAUL ROUGET , modifié à
Si le XV de France a remporté, samedi soir face aux Anglais (12-10), son neuvième Grand Chelem dans le Tournoi, il le doit en grande partie à sa mêlée. Littéralement imperméable, le pack tricolore fait désormais preuve d'une belle constance, pour le plus grand plaisir de Didier Retière, un entraîneur des avants comblé après ce triomphe.

Si le XV de France a remporté, samedi soir face aux Anglais (12-10), son neuvième Grand Chelem dans le Tournoi, il le doit en grande partie à sa mêlée. Littéralement imperméable, le pack tricolore fait désormais preuve d'une belle constance, pour le plus grand plaisir de Didier Retière, un entraîneur des avants comblé après ce triomphe. Didier, revenons sur cette victoire chèrement acquise face aux Anglais (12-10), qui vous permet de réaliser le Grand Chelem dans le Tournoi pour la première fois depuis 2004... On s'est adapté au contexte du match. Les joueurs avaient forcément une forte pression sur les épaules dont il fallait faire abstraction, avec une météo un peu particulière et une équipe anglaise qui n'avait rien à perdre. Et il a fallu digérer l'essai encaissé en début de match. Ça a été compliqué et au final, ça donne un match un peu spécial. La mêlée, qui a encore brillé samedi soir, est désormais devenue une référence. Qu'est-ce que cela vous inspire ? La mêlée a fait de bonnes performances mais il va falloir continuer à travailler, et ça vaut pour toute l'équipe. Deux aspects vont permettre au groupe de continuer à progresser et à hisser son niveau. D'abord, c'est le projet de jeu qu'on essaie de mettre en place qui repose sur l'équipe et sur l'alternance. On a une équipe qui est capable de changer de configuration en fonction de l'adversaire, et ça c'est plutôt intéressant. Le deuxième aspect, c'est une forte concurrence mais une concurrence positive, très saine, avec une grande complicité entre les joueurs. Ce qui fait que chacun a la volonté de donner le meilleur, ça va aider à continuer à faire avancer le groupe. Vous disposez aujourd'hui d'un pack de poids mondial, depuis quand selon vous ? On avait eu quelques bribes sur certains matches, comme il y a deux ans contre l'Australie chez nous où on avait vraiment fait une belle performance. Et puis, petit à petit, ce potentiel qu'on a vu ou entrevu à certains moments, on a essayé de le faire fructifier et surtout de lui donner de la constance. C'est ce qu'on est en train de faire. "On intrigue un peu les nations britanniques" Avez-vous été épaté par cette constance de la mêlée au plus haut niveau ? Ce qui m'a surtout épaté c'est la durée. On savait qu'on avait une mêlée qui pouvait être performante contre n'importe qui. Mais là, je crois que l'on n'a presque pas fait de match vide, où on a pu être mis en difficulté par l'adversaire, et, pour moi, c'est vraiment la chose la plus importante. Il y a un état d'esprit qui s'est construit, et ce n'est pas que la première ligne. Car ce sont aussi les cinq autres derrière qui eux aussi donnent le maximum dans cette phase-là alors qu'ils sont également sollicités dans le jeu de mouvement, les courses, les plaquages... Donc c'est vraiment l'état d'esprit de l'équipe. Et cette mêlée traduit très bien l'ambiance qu'il y a dans ce groupe, c'est-à-dire une grosse solidarité, une grosse implication dans le travail et une énorme dose d'humilité. Est-ce également le signe d'une certaine révolution culturelle dans le jeu tricolore ? On a changé quelques habitudes. Ça a mis un petit peu de temps pour que certains rentrent dedans. C'est vraiment un projet que l'on a mis en place et que les joueurs partagent complètement aujourd'hui. C'est certainement la bonne leçon de ce tournoi, d'être rentrés dans cette démarche-là et que les joueurs se soient appropriés beaucoup de choses. Et cette dynamique est vraiment collective, tout le monde est impliqué, que ce soient les joueurs, le staff, etc... Quelle image dégage le XV de France aujourd'hui après ce neuvième Grand Chelem ? On intrigue un peu les nations britanniques ces temps-ci. Ce qui les intrigue, c'est que nous sommes une équipe qui joue de manière très différente ses matches et je pense que ça devient assez compliqué pour eux de savoir par quel bout nous prendre. C'est une bonne chose et je crois que c'est une grande force de pouvoir avoir un rugby adaptatif et d'avoir sur le terrain cette intelligence des joueurs qui sont capables de s'adapter. On devient donc forcément beaucoup plus compliqués à jouer par nos adversaires parce qu'on est très peu prévisibles.