"Qu'on arrête de se lamenter"

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Propos recueillis par ALBAN LAGOUTTE , modifié à
EQUIPE DE FRANCE - Florent Malouda veut renouer avec la victoire en équipe nationale.

EQUIPE DE FRANCE - Florent Malouda veut renouer avec la victoire en équipe nationale. Laurent Blanc vient de dire à votre propos que vous êtes actuellement le meilleur joueur français, qu'est-ce que cela vous inspire ? J'apprécie. C'est forcément un compliment important car il vient du nouveau sélectionneur, et ça compte. Maintenant, à moi de me débrouiller pour qu'il pense ça jusqu'au bout. En ce moment, je suis en forme, ça se passe bien en club. J'ai fait en sorte de bien reprendre, bien gérer mes vacances et la préparation d'avant-saison. Je récolte un peu les fruits de tout ce travail. Dans votre tête, la page sud-africaine est-elle tournée ? Oui, bien sûr, j'ai fait le nécessaire pendant les vacances, même si ça fait partie de mon expérience de joueur. Dans ma carrière, ce qui s'est passé là-bas restera, on ne peut pas effacer ça, mais il faut avancer. J'étais aussi en forme avant le Mondial et ça n'a pas empêché qu'on soit passé au travers. Alors peut-être que toutes les histoires qu'il y a eues en Afrique du Sud ont encore renforcé ma motivation. Il faut essayer de mettre la barre au plus haut et j'en profite actuellement. Notre carrière ne va pas s'arrêter là, il faut qu'on arrête de se lamenter et se mettre en tête qu'il y a deux adversaires, la Biélorussie et la Bosnie, qui nous attendent au tournant. "Je commence à faire partie des vieux" Votre état d'esprit est-il le même actuellement en Bleu que celui de l'époque de Raymond Domenech ? Oui, je suis toujours aussi déterminé. Après, le contexte sera peut-être un peu plus favorable pour moi, mais au niveau de l'implication, je suis toujours le même. J'ai un peu plus d'expérience, je commence à faire partie des vieux, et je considère qu'un joueur, pour donner sa pleine mesure, a besoin de l'équipe nationale. Postulez-vous au brassard de capitaine ? Pas vraiment. Le capitanat, c'est le sélectionneur qui le désigne, alors s'il me choisit, c'est qu'il estime que j'ai les qualités pour, mais ce n'est pas une ambition personnelle. Je ne serai pas déçu si je ne l'ai pas, je ne suis pas venu pour ça, mais pour remporter des matches. Ce n'est pas une tâche facile d'être capitaine. Ce que j'aimerais concernant le capitanat, c'est que ce rôle prenne une réelle valeur en France, comme ça peut être le cas au rugby ou dans d'autres nations du football. Il faut que le capitaine ait un vrai poids, et je ne parle pas spécialement pour Vieira, Henry et Evra, mais plus pour l'importance que l'on donne au brassard en France. Si c'est juste pour l'enfiler avant le match, ça ne signifie pas grand-chose. C'est intéressant d'être capitaine si on a un vrai pouvoir, un vrai poids. Pour être capitaine, il faut bâtir une vraie relation de confiance avec vos coéquipiers et votre entraîneur. Ce genre de chose ne s'improvise pas. Vous avez vécu une relation compliquée avec Raymond Domenech, qu'espérez-vous construire avec Laurent Blanc ? J'espère simplement avoir avec lui une relation de confiance et de respect mutuel, ce serait très bien. Mon but, c'est d'atteindre ma pleine mesure en équipe de France avec lui afin de lui rendre la confiance qu'il voudra bien m'accorder. Maintenant, on ne peut pas tout mettre sur le dos de l'ancien sélectionneur, ce serait se voiler la face. D'autres choses n'ont pas été... Nous avons maintenant une mission: se qualifier pour l'Euro 2012. C'est la base de tout. "J'espère que le public sera avec nous" A quel type d'accueil vous attendez-vous vendredi soir au Stade de France ? J'espère que le public sera avec nous. Il y aura une grosse attente mais, avant toute chose, il y a un adversaire à affronter. Il faut donc éviter de spéculer sur ce sujet, savoir s'il y aura du monde ou pas, si les gens nous seront hostiles par rapport à la Coupe du monde 2010, ... Quel que soit le contexte, il faudra gagner. Ce serait mieux si le public était derrière nous mais, si ce n'est pas le cas, ce sera à nous de faire changer les choses. Vous avez été l'un des rares joueurs dont l'image n'a pas été écornée en Afrique du Sud, comment expliquez-vous cela ? Je ne sais pas... Il n'y a pas vraiment d'explication à cela. Certains joueurs ont été pris pour cible plus que d'autres. En 2008, j'ai été pris pour cible, et ça ne m'a pas empêché de me relever et de continuer. Ça fait partie du jeu. Quand on vient en sélection, on est parfois encensé et d'autres fois on a le sentiment de se faire démolir, mais on a toujours l'opportunité de faire changer les choses. Mais, quand je viens en équipe de France, j'essaie d'être authentique, et les gens jugent après. Avez-vous pensé à arrêter votre carrière internationale après la Coupe du monde? Non, même si tout n'a pas agréable, ce n'est pas dans mon tempérament d'abandonner. Même après le dernier match contre l'Afrique du Sud, où j'étais dégoûté, je n'ai jamais eu envie de finir sur cette impression là. Quand je suis rentré chez moi, j'ai eu des marques de soutien, des preuves d'encouragement. Je sais ce que représente l'équipe France. Portez ce maillot, au regard des autres, ça revêt une toute autre dimension que ce que vous pouvez vivre en club. Je m'en rends encore plus compte à l'étranger, ou quand je rentre en Guyane. Là, j'ai conscience d'être un modèle pour certains jeunes. Alors je ne plaisante pas lorsque je dis que disputer la Coupe du monde 2014 au Brésil est un réel objectif.