Pistorius, le "Blade gunner" ?

© Montage The Citizen / The Star
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avec AFP , modifié à
REVUE DE PRESSE - Les quotidiens sud-africains soulignent la personnalité trouble de l'athlète.
Pistorius avec sa femme à une soirée (930x620)

Une belle gueule, une reconnaissance mondiale, un symbole universel : Oscar Pistorius est depuis de longues années l'une des personnalités n°1 en Afrique du Sud. C'est donc avec effroi que le pays a appris jeudi l'inculpation pour meurtre de sa star. Et, tandis que Pistorius arrivait au tribunal d'instance de Pretoria où il a été inculpé pour l'homicide de sa compagne Reeva Steenkamp, vendredi matin, les kiosques affichaient un étalage de journaux avec, sur leur Une, un même visage. "Les hommes l'admiraient, les femmes l'adoraient. Les enfants handicapés s'inspiraient de lui. Il était un brillant exemple de la façon de tirer le meilleur de soi-même quelles que soient les adversités", note le Times. "Apprendre que Pistorius est accusé d'assassinat, c'est comme apprendre que l'archevêque Desmond Tutu a été pris en train de piquer dans la caisse. Nous sommes stupéfaits. Nous avons toujours du mal à y croire."

Une batte de base-ball derrière la porte

Pourtant, le quotidien sud-africain, comme d'autres, revient sur la personnalité trouble de l'athlète, sa "collection" de petites amies (blondes) et celle d'armes à feu. Le quotidien The Star raconte ainsi qu'il n'était pas rare que Pistorius initie les journalistes au tir. Il aurait ainsi appris le maniement des armes à un journaliste du New York Times, tandis qu'un reporter du Daily Mail britannique venu l'interviewer chez lui se serait étonné de trouver "des battes de cricket et de base-ball (...) derrière la porte, un pistolet près de son lit et un fusil automatique à une fenêtre". Le tout dans un lotissement résidentiel fortifié élu en 2009 "le domaine le plus sûr d'Afrique du Sud", selon le quotidien The Star.

Maison de Pistorius (930x620)

© REUTERS

Ce goût pour les armes à feu et le drame qui s'est joué jeudi valent ainsi à Pistorius d'être rebaptisé "Blade gunner" par The Citizenen référence à son surnom de "Blade runner", le coureur aux lames de carbone. Le Daily Sun évoque cette sanglante Saint-Valentin sous le titre "Bloody Valentine", reprenant le titre d'un film d'horreur des années 1980. Aujourd'hui, toute l'Afrique du Sud attend le compte-rendu des dépositions de Pistorius pour en savoir plus sur le film des événements. Le Mail and Guardian raconte comment la victime était allée acheter du papier cadeau mercredi pour envelopper le présent qu'elle destinait à Pistorius. "Mon petit ami aime vraiment la Saint-Valentin", aurait-elle dit à la vendeuse. D'autres sources évoquent les commentaires de certains voisins, qui auraient entendu des bruits dans la soirée.

Pistorius lors de son interpellation (930x620)

Selon le quotidien afrikaans Beeld, qui a révélé l'information jeudi, Pistorius (ici lors de son interpellation) est loin du modèle qu'il est devenu au fil de ses performances et de ses contrats publicitaires. Le quotidien, très introduit dans le milieu afrikaans de Pretoria où s'est noué le drame, évoque de précédents incidents impliquant le sportif et notamment ce comportement en 2009, alors qu'il était avec un ami qui avait renversé et tué un piéton. L'athlète avait alors tenté d'empêcher des journalistes de photographier l'accident, en déclarant platement : "parce que je suis Oscar Pretorius" (l'un de ses surnoms). Aujourd'hui, c'est parce qu'il est Oscar Pistorius que ce drame prend une telle ampleur. "En Afrique du Sud, il nous a rendu fiers", explique le site Daily Maverick. "Aux Jeux olympiques, il nous a mis sur la scène mondiale : l'un des nôtres a réussi. Devoir abandonner cette image pour la remplacer par un récit profondément laid, de violence et de mort, est traumatisant."