Pas de miracle pour la France

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LAURENT DUYCK , modifié à
Passés au travers en individuel, à l'exception de Victor Sintes, l'équipe de France de fleuret masculine a quitté les Mondiaux de Paris sans la moindre médaille. Après deux tours de chauffe contre l'Argentine (45-18) et la Biélorussie (45-31), les Bleus (Sintes, Le Pechoux, Cadot, Marcilloux) sont tombés en quart de finale contre la Russie (45-30), médaillée de bronze l'année dernière en Turquie.

Passés au travers en individuel, à l'exception de Victor Sintes, l'équipe de France de fleuret masculine a quitté les Mondiaux de Paris sans la moindre médaille. Après deux tours de chauffe contre l'Argentine (45-18) et la Biélorussie (45-31), les Bleus (Sintes, Le Pechoux, Cadot, Marcilloux) sont tombés en quart de finale contre la Russie (45-30), médaillée de bronze l'année dernière en Turquie. Ils s'étaient promis d'enterrer la hache de guerre en ce jour d'armistice. Les fleurettistes français, mus par la même ambition de retrouver les sommets, eux qui régnaient encore sur le monde de 2005 à 2007, avaient décidé de laisser aux vestiaires les vieilles rancoeurs et les querelles destructrices. Pas question de passer à côté de l'événement au Grand Palais pour de vaines tensions générationnelles. Les signaux étaient au vert : ici une tape amicale entre Jérémy Cadot et Erwann Le Pechoux, loin d'être les meilleurs amis du monde, là les encouragements de Marcel Marcilloux, l'élément fédérateur de cette équipe de France. Une volonté de bien faire qui leur a permis de sortir du piège tendu par la Biélorussie (45-31), grâce notamment à un Victor Sintes concentré, après un tour de chauffe en douceur contre l'Argentine (45-18). Pas de faire tomber en quart de finale la Russie, médaillée de bronze l'année dernière en Turquie. On ne décide pas d'être une équipe. On le devient. Et les fleurettistes tricolores l'ont malheureusement compris trop tard. Manifestation du malaise existant, le manque d'enthousiasme collectif autour du bon quatrième passage de Cadot, appelé à remplacer Marcilloux contre Ganeev (8-5), alors que le Grand Palais invitait pourtant l'équipe de France à la révolte après une entame de match ratée (6-15). Revenus à six touches (14-20), les Bleus ne parviennent pas à renverser le rapport de force, seul Sintes, contre le même Ganeev, gagnant un autre assaut. "On a pris l'eau", reconnaît sans mal Le Pechoux, disponible pour la presse, quand Cadot et Marcilloux se réfugient le visage fermé dans le vestiaire. "Ils sont très bons en contre, ils jouent bien sur nos erreurs. Et on en a fait trop. Le score s'est agrandi. A -10, plus on essaye d'en mettre et plus ils nous en mettent. Ça devient trop compliqué..." Des questions avant 2012 "On prend quelques caramels et on se retrouve la tête sous l'eau", renchérit Sintes. "Résultat, on n'est pas en confiance sur les matches que l'on aborde, c'est beaucoup plus difficile d'entrer dans le combat quand on est derrière." D'autant plus contre la Russie, "une grosse équipe", encore vice-championne d'Europe cette année. "On avait le niveau pour les battre, on l'a fait la dernière fois", regrette Sintes. "On espérait mieux. Ça s'est joué à des détails", pense Le Pechoux. Pour d'autres, le combat était perdu bien avant d'entrer dans l'enceinte du Grand Palais. A deux ans des Jeux Olympiques de Londres, l'équipe de France de fleuret cherche les solutions pour sortir de l'ornière et redevenir une valeur sûre. "Il faut que petit à petit on arrive à être régulièrement sur le podium pour avoir des tableaux plus ouverts que celui-là. A nous de marquer des points, d'être mieux classés", encourage Le Pechoux, seul Français dans les 16 premiers Mondiaux. "Il faut que chacun, personnellement, réfléchisse à ses championnats du monde, à ses résultats au cours de la saison, à ses championnats d'Europe. C'est plutôt individuellement qu'il va falloir se remettre dedans", appuie Sintes, laissant deviner la nécessité pour chacun de balayer devant sa porte et de tourner la page. Le Pechoux, Sintes, Cadot, Marcilloux, cette équipe a-t-elle tout simplement un avenir ? "Il y a peut-être quelques jeunes qui vont pousser derrière... On ne sera peut-être pas tous les quatre là jusqu'aux Jeux. Mais a priori, il y a des chances qu'il y en ait au moins trois sur quatre", explique Le Pechoux pour qui l'urgence est de "trouver une équipe stable". Charge à Stéphane Marcelin, l'entraîneur des fleurettistes, de tirer le bilan de ces Mondiaux et de préparer les prochains à Catane. Le chantier est grand. "C'est sûr que l'on part de loin", souffle Le Pechoux. Comme face à la Russie jeudi en quart de finale...