Paris-Roubaix : un Français en haut du pavé ?

Arnaud Démare sur Gand-Wevelgem (1280x640) DIRK WAEM / BELGA / AFP
Arnaud Démare, ici sur Gand-Wevelgem, sera la meilleure chance française, dimanche, sur Paris-Roubaix. © DIRK WAEM / BELGA / AFP
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avec AFP
Aucun Français n'a réussi à remporter Paris-Roubaix depuis Frédéric Guesdon en 1997. Et si c'était (enfin) la bonne, dimanche ?

C'est une triste spécialité française. On ne sait plus gagner les grandes épreuves sportives que l'on organise. Aucun vainqueur de Roland-Garros chez les hommes depuis Yannick Noah en 1983. Aucun vainqueur du Tour de France depuis Bernard Hinault en 1985.

Et pour Paris-Roubaix, cela remonte déjà à 1997. Plus de 20 ans de disette donc. Des Italiens, des Belges, des Néerlandais, des Australiens, un Suédois, un Suisse, un Allemand au palmarès, mais pas de Français. Et si dimanche, un Tricolore tenait à nouveau le haut du pavé ?

"Un nom ? Arnaud Démare." Les anciens champions sont unanimes ou presque. Si les Français ont une chance d'inscrire leur nom au palmarès d'un Monument, comme on surnomme les cinq grandes classiques du calendrier cycliste (Milan-San Remo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège, Tour de Romandie), c'est bien sur Paris-Roubaix. "Dans Paris-Roubaix, il y a plus d'ouvertures, des coups qui partent en amont…", explique Jacky Durand, dernier vainqueur français du Tour des Flandres en… 1992. "Un coureur qui passe bien les pavés et qui a une pointe de vitesse peut espérer l'emporter alors que, pour gagner le Tour des Flandres, il faut être dans les cinq plus forts. L'aspect psychologique joue aussi, les Français prennent inconsciemment les Flandres comme une préparation pour faire la distance en vue de Roubaix. Un nom ? Arnaud Démare." Arnaud Démare, qui a fini 15ème du Tour des Flandres dimanche dernier, est le seul coureur français à avoir remporté une grande classique au 21ème siècle, avec Milan-San Remo en 2016.

Le coureur de Groupama-FDJ s'était imposé au sprint et il espère que ce scénario va se répéter sur le vélodrome de Roubaix. "Comme les classiques précédentes à Milan(-San Remo), Gand(-Wevelgem) et au Tour des Flandres, il faudra courir devant, courir placé", admet Démare. "On (les coureurs de Groupama-FDJ, ndlr) arrive désormais à le faire sur les grandes échéances même si on manque un peu de force pour être plus nombreux dans le final. Il y a aussi la chance qui entre en jeu. L'idéal serait d'arriver en petit comité, une quinzaine de coureurs, pour la gagne au vélodrome de Roubaix. Ce qu'il faut, c'est suivre. Je ne suis pas le genre de coureur qui va attaquer, surtout si l'équipe Quick-Step (favorite de l'épreuve avec Niki Terpstra, Philippe Gilbert ou Zdenek Stybar, ndlr) est bien représentée car j'aurai mes chances au sprint." C'est au sprint que Guesdon, qui courait également sous les couleurs de la FDJ, s'était imposé en 1997.

"Il faudra absolument rouler devant." Pour faire parler sa pointe de vitesse, Démare devra d'abord faire parler son sens du placement sur les 29 secteurs pavés du parcours, représentant 54,5 km. "Comme on fait depuis le début des classiques, il faudra absolument rouler devant, surtout si les secteurs pavés sont gras comme ce matin (jeudi matin lors de la reconnaissance, ndlr), car il y aura des chutes. Il faudra vraiment batailler pour rester devant, même si tout le monde voudra le faire. Après, la course sera lancée et il faudra passer au travers de tous les pépins comme les chutes et les crevaisons."

Ce sera notamment le cas lors de la redoutable traversée de la trouée d'Arenberg, l'un des juges de paix du parcours, emprunté pour la première fois il y tout juste 50 ans, en 1968. "C'est sûr que quand on a passé la trouée (située après 162 des 257 km du parcours, ndlr), il y a une première course qui est finie et on rentre dans une autre partie de course où les risques de chute ou de crevaison sont moins importants. Quand on l'a passée, on souffle dans la tête", admet Démare.

La trouée n'est pas qu'une histoire de placement, c'est aussi une histoire de chance, ce qui fait dire à Laurent Jalabert, dernier vainqueur du Tour de Lombardie en 1997, que sur "Paris-Roubaix, on a les moyens de créer la sensation". "Démare n'est pas seul, il y a aussi des coureurs comme Adrien Petit (Direct Énergie), Christophe Laporte (Cofidis), Florian Sénéchal (Quick-Step), Damien Gaudin (Direct Énergie)…"

Tous ces coureurs n'ont évidemment pas la même cote que les Peter Sagan, Greg Van Avermaet et autre John Degenkolb, mais ils peuvent tous se dire que Frédéric Guesdon était loin d'être favori quand il l'avait emporté sur le vélodrome il y a 21 ans…