Nadal n'a pas abdiqué

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Régis AUMONT , modifié à
Pour la première fois depuis 2006, année faisant suite au premier de ses cinq sacres à Paris, Rafael Nadal aborde Roland-Garros sans en être le grandissime favori. L'Espagnol doit en effet partager cette étiquette avec Novak Djokovic, le Serbe qui en huit jours, à Madrid puis à Rome, a fait voler en éclats sa suprématie sur terre battue. Mais gare à ne pas enterrer trop vite le numéro 1 mondial.

Pour la première fois depuis 2006, année faisant suite au premier de ses cinq sacres à Paris, Rafael Nadal aborde Roland-Garros sans en être le grandissime favori. L'Espagnol doit en effet partager cette étiquette avec Novak Djokovic, le Serbe qui en huit jours, à Madrid puis à Rome, a fait voler en éclats sa suprématie sur terre battue. Mais gare à ne pas enterrer trop vite le numéro 1 mondial. Ceux qui pensent que le roi est mort, enterré dimanche dernier dans le Foro Italico de Rome par Novak Djokovic, ne connaissent pas bien Rafael Nadal. L'Espagnol qui part en conquête d'un sixième titre à Roland-Garros, ce qui constitue le record détenu par Bjorn Borg, n'est pas du genre à se laisser abattre. Sur la terre de son premier grand exploit, réalisé en 2005, le Majorquin entend bien poursuivre sa domination absolue, contestée une seule fois depuis le début de sa carrière, par un Söderling alors redoutable un 31 mai 2009 de triste mémoire pour Nadal. A l'époque, le Majorquin, grand favori de l'épreuve comme à chaque fois depuis qu'il a inscrit son nom au palmarès, se plaignait de douleurs récurrentes aux genoux. Cette année, il arrive à Paris en pleine possession de ses moyens physiques. Mais pour la première fois en six ans, le gaucher de Manacor doit partager l'étiquette de l'homme à battre. Sa campagne sur terre battue, avec deux titres à Monte-Carlo et Barcelone, et deux finales, à Madrid et Rome, a pourtant été riche mais forcément moins bonne que celle de 2010 qu'il avait terminée invaincue sur sa surface de prédilection. Surtout, l'Espagnol a perdu deux fois sur terre battue contre le même homme, l'invincible Novak Djokovic, déjà lauréat de sept titres cette saison dont trois sur l'ocre (Belgrade, Madrid et Rome). "Il est probable que le favori cette année soit Djokovic" Alors "Rafa", toujours favori à votre propre succession ? "Non. Il est probable que le favori cette année soit Djokovic, souffle-t-il. Mais chaque année depuis trois ans, vous me dites que je suis favori, moi, je ne le pense pas. Quand on arrive sur un tournoi, chaque tour est difficile. Donc penser à gagner un tournoi avant même qu'il n'ait débuté s'apparente selon moi à de l'arrogance." Certes, mais que le numéro 1 mondial ne s'offense pas si les observateurs s'attendent davantage à voir Nadal-Djokovic en finale le 5 juin sur le court Philippe-Chatrier plutôt que Devvarman-Kendrick. Le Majorquin, pour qui le tirage au sort a réservé une entrée en matière face au géant américain John Isner et un éventuel troisième tour contre Nikolay Davydenko, parviendrait presque à nous faire croire que le risque existe de le voir éliminer dans la première semaine. "Je vais avoir un premier tour très difficile contre Isner et me concentrer là-dessus. Je fais toujours ainsi, tour après tour, pour avoir une chance d'aller dans les derniers tours. Et si cela n'arrive pas, je rentre chez moi regarder le tournoi à la télévision." Plus grand joueur de tous les temps sur terre battue, Nadal, qui a profité de la semaine pour se ressourcer auprès de sa famille et de ses proches, aime jouer sur ce registre de la modestie. Mais, depuis longtemps déjà, l'Espagnol ne trompe plus personne. Et sa méthode a très souvent été la bonne. Cette année encore ?