Nadal: "J'adore Wimbledon"

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Propos receuillis par Krystel Roche , modifié à
Tenant du titre, Rafael Nadal aura l'honneur de fouler le premier le court central de Wimbledon ce lundi face à Michael Russell. Après avoir pris quelques jours de repos à Majorque, le numéro 1 mondial espagnol arrive à Londres en pleine confiance sur un gazon qui lui plaît énormément. Comme toujours très concentré, il évoque les spécificités du jeu sur herbe ainsi que ses ambitions pour la fin de saison.

Tenant du titre, Rafael Nadal aura l'honneur de fouler le premier le court central de Wimbledon ce lundi face à Michael Russell. Après avoir pris quelques jours de repos à Majorque, le numéro 1 mondial espagnol arrive à Londres en pleine confiance sur un gazon qui lui plaît énormément. Comme toujours très concentré, il évoque les spécificités du jeu sur herbe ainsi que ses ambitions pour la fin de saison. Rafael, quel regard portez-vous sur l'actuelle concurrence qui sévit au sommet de la hiérarchie du tennis mondial ? Que peut-on attendre de cette 3e levée du Grand Chelem ? Je pense que nous jouons tous bien. Novak a réalisé une saison fantastique. Les six premiers mois de l'année ont vraiment été incroyables pour lui. Roger a fait lui aussi une très bonne saison, surtout à Roland Garros où je trouve qu'il a joué merveilleusement bien. Andy aussi. Il a bien démarré en Australie, puis a vécu un mois un peu plus difficile après avoir échoué en finale à Melbourne. Sa saison sur terre fut excellente, derrière il arrive au Queen's et remporte le tournoi, donc... Ce sera très indécis. Pour ma part, j'ai eu une bonne première partie de saison. J'ai perdu quelques finales, certes, mais au moins, cela signifie que j'étais en finale ! J'en ai gagné trois, me suis imposé Porte d'Auteuil. C'était un titre extrêmement important. Là, je suis à Wimbledon. Peu importe ce qui a pu se passer avant, voyons ce qui se passe à présent. Comme toujours, ce sera un gros challenge. Mais j'adore jouer sur gazon. J'adore jouer ici. Donc je suis très excité d'être de retour au All England. Andy Murray a déclaré qu'il s'inspirait d'une discussion qu'il avait eue avec José Mourinho l'an passé. Avec quels sportifs avez-vous pu discuter de par le passé, et quels sont ceux qui vous ont inspiré ? A vrai dire, je n'ai jamais eu d'idole. J'aime profondément le sport, de manière générale. Pour moi, le sport est une source d'inspiration. Le suivre à la télévision ou le vivre est quelque chose de particulier pour moi. J'adore ça. Lorsque tu assistes à de grands moments de sport, à des moments émouvants, lorsque les athlètes sont dans des situations difficiles, c'est une source d'inspiration, non ? Et avoir la chance de vivre certains de ces moments, dans mon sport, le tennis, est une chose très excitante pour moi. J'adore jouer de gros matches, dans de gros stades, dans des stades chargés d'Histoire comme ici à Wimbledon. J'ai l'honneur de donner le coup d'envoi du tournoi demain sur le Court Central, c'est un rêve pour moi ! Pour quelles raisons appréciez-vous d'évoluer sur gazon ? J'ai toujours aimé ça. J'ai dû répéter un bon million de fois que mon rêve était de bien jouer à Wimbledon : c'est vrai ! Au début de ma carrière, tout le monde s'accordait à dire qu'avec mon style de jeu, j'aurais toujours beaucoup de mal à bien jouer ici. Mais j'ai travaillé dur et j'ai mis le meilleur de moi-même à chaque entraînement. Depuis le début de ma carrière, j'ai toujours fait le maximum pour bien figurer ici, en jouant la semaine après Roland Garros puis en arrivant ici une semaine avant le début de la quinzaine, ce qui me permettait de bénéficier d'une préparation optimale. Sur gazon, le seul problème, c'est que si tu joues contre un très gros serveur, comme ça va très vite, ce n'est pas franchement agréable de ne pas toucher une balle pendant je ne sais combien de jeux. Mais si tu affrontes un joueur « normal », qui a un bon service mais un service « retournable », à mon avis, le jeu de fond de court est fantastique à regarder- et à vivre-, car tu peux slicer, monter au filet, être agressif. Si tu es trop passif, impossible de jouer ici. Mais tu as différentes options... "Je n'ai pas la volée de Roger" Est-il plus facile pour vous de monter à la volée sur gazon ? Et avez-vous réfléchi à cet aspect de votre jeu : comptez-vous le développer de plus en plus ? C'est toujours la même chose : si vous jouez bien et que vous êtes suffisamment confiant pour lâcher de bons coups, vous serez automatiquement plus près du filet, et vous aurez davantage de chances d'y finir les points. C'est vrai que la surface favorise peut-être un peu les déplacements vers l'avant. Ce n'est pas une chose qui me pose problème. Alors je n'ai pas la volée de Roger, c'est certain mais je pense être suffisamment rapide dans mes déplacements pour monter au filet. Si l'occasion se présente de faire une volée, je pense avoir assez d'expérience et une technique suffisamment correcte pour la réussir. Quelle a été votre réaction en apprenant que Nicolas Mahut et... John Isner allaient disputer- et ce dès le 1er tour- le remake du match d'anthologie qui s'est disputé ici-même l'an passé ? Pas de bol pour un premier tour, vous ne trouvez pas ? Car chacun de ces deux joueurs a un super potentiel pour bien s'exprimer sur cette surface : un gros service, de bons déplacements, une bonne volée... C'est dur car du coup, l'un des deux va se retrouver dehors d'emblée. L'an dernier, ça avait juste été fantastique. L'attitude des deux joueurs et l'exemple qu'ils ont montré au reste des joueurs du circuit et aux enfants a été, à mon sens, fantastique. Se battre du début à la fin, passer 11 heures sur le court... C'est quelque chose de quasi-impossible à reproduire ! C'est pour ces raisons qu'à mon avis, ce match restera dans l'Histoire du sport à jamais, et restera très particulier pour Nicolas comme pour John. La seule chose que je puisse faire, c'est les féliciter pour ce qu'ils ont fait l'an dernier, et leur dire à tous les deux bonne chance pour cette année. Les prochains Jeux Olympique se dérouleront l'an prochain, à Londres... et les épreuves de tennis se tiendront sur le site du All England Lawn Tennis Club. Vous disputerez donc, en quelque sorte, « deux Wimbledon » consécutivement. Qu'est-ce que cette échéance représente à vos yeux ? Les JO sont un événement très particulier. Ce que tu peux vivre au village, ces moments que tu partages avec les autres athlètes des autres disciplines, c'est vraiment très, très spécial... A Pékin (2008, ndlr), j'ai adoré ces deux semaines au village olympique, avec tous ces autres sportifs venus du monde entier, mais tout particulièrement les sportifs espagnols : ça a été une expérience inoubliable. Participer à cette cérémonie d'ouverture le premier jour : tu ne sais pas si tu auras la chance de revivre ça une autre fois dans ta vie ! J'ai adoré... L'esprit olympique est vraiment à part, surtout pour les sports qui n'ont pas autant de chance que nous. Plein de gens sont là pour que tout aille comme sur des roulettes pour nous sur le circuit ATP, et on a tout ce dont on peut avoir besoin. Tandis que, dans d'autres disciplines, beaucoup d'athlètes ont beau faire de leur mieux, s'entraîner d'arrache-pied pendant quatre en vue des Jeux, bien souvent, on ne leur donne pas les moyens de travailler dans de bonnes conditions. C'est probablement beaucoup de pression pour eux, et même s'il y a des Coupe du monde dans tous les sports, les Jeux, c'est l'objectif suprême. Avez-vous hâte de pouvoir venir à Wimbledon deux fois de suite dans la même saison ? Bien sûr ! J'espère... Si je me qualifie (sourire). Sinon, j'aurai peut-être une wild card ! (rires) "Je suis sûr d'être un meilleur joueur" Qu'avez-vous fait depuis le Queen's ? J'ai fait de superbes parties de golf (sourire)... Franchement, j'ai passé les deux meilleures semaines de ma vie à Majorque. J'ai profité de ma famille, de mes amis, et j'ai pu me reposer. Je n'avais plus passé de week-end à la maison depuis la Coupe Davis en février, donc j'en avais vraiment besoin ! J'ai savouré. Lundi, j'ai commencé à m'entraîner. Mardi aussi. Mercredi, j'étais ici pour taper la balle dans l'après-midi. Voilà. Et ces derniers jours n'ont pas été faciles car... ... Vous avez glané quatre des cinq derniers titres du Grand Chelem, et que vous vous rapprochez de plus en plus du record de Roger Federer (16 titres, ndlr) ? Non, j'en suis très loin. 16 titres, c'est énorme. Vous pourriez ne plus être qu'à trois ou quatre titres de ce record en fin de la saison, si vous parvenez à soulevez le trophée ici ainsi qu'à l'US Open. Oui. Je ne sais pas... Je peux rêver de plein de choses. Pour moi, c'est un rêve. Peut-être pas pour vous. Vous voyez les choses d'un oeil différent du mien. Pour moi, ces 16 titres sont très, très loin, sachant à quel point ce sport est dur, à quel point la compétition est rude. Ce que j'ai réussi à faire l'an dernier (trois titres majeurs consécutifs), c'est presque impossible à refaire. Donc cette année, je suis déjà très heureux de la façon dont se déroule ma saison. Mais pas un seul instant je ne pense à répéter ce que j'ai fait en 2010. Êtes-vous, aujourd'hui, un meilleur joueur que celui que vous étiez à 22 ou 23 ans ? Je pense faire de mon mieux, et ce chaque jour ! J'essaye de progresser, en permanence. Je me lève chaque jour et je vais m'entraîner dans cette optique d'être un meilleur joueur que la veille. Mais être un meilleur joueur ne signifie pas forcément que tu vas gagner plus. La victoire- comme la défaite- dépend de tellement de paramètres, de tellement de détails... Je pense donc être un joueur plus complet qu'il y a quelques années. Ça, j'en suis certain. Maintenant, je ne sais pas si je gagnerai davantage. Tout dépend de la façon dont tu abordes les points décisifs, de plein de choses. Mais je suis sûr d'être un meilleur joueur, oui. Que pensez-vous de la pression qui pèse chaque année un peu plus lourd sur les épaules d'Andy Murray à Wimbledon ? La pression n'est pas évidente à gérer, mais d'un autre côté, il peut compter sur le soutien du public. Moi, je préfère avoir ce type de pression que ne pas l'avoir. Et- je peux en parler, par expérience-, au final, je ne lis pas vraiment la presse, je ne regarde pas trop la tv, bref je ne vois pas vraiment ce qui se dit sur moi. J'essaye de rester concentré. Beaucoup de gens disent qu'Andy peut gagner ici. C'est vrai. Alors bien sûr, disputer un tournoi Majeur à domicile a forcément une saveur particulière. Mais quand tu arrives sur le court et que tu vois que toute la foule est derrière toi, c'est très fort émotionnellement, très spécial. J'adorerais vivre ça...