Morvan: "J'ai encore des armes..."

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Propos recueillis par LAURENT DUYCK , modifié à
Privé à l'issue de l'ultime étape de la dernière course de la saison par François Gabart d'un quatrième titre de champion de France de course au large en solitaire, Gildas Morvan n'a pas eu de mal à basculer sur la saison 2011 qui s'annonce riche, à commencer par la Transat Bénodet-Martinique dont le départ sera donné dimanche. Une course dont le colosse de Landeda, qui attaque sa 16e saison en Figaro, est le tenant du titre même si le parcours a changé.

Privé à l'issue de l'ultime étape de la dernière course de la saison par François Gabart d'un quatrième titre de champion de France de course au large en solitaire, Gildas Morvan n'a pas eu de mal à basculer sur la saison 2011 qui s'annonce riche, à commencer par la Transat Bénodet-Martinique dont le départ sera donné dimanche. Une course dont le colosse de Landeda, qui attaque sa 16e saison en Figaro, est le tenant du titre même si le parcours a changé. L'épilogue douloureux de la saison 2010 est-il oublié, digéré ? Oui. Quoiqu'il arrive, une année s'est écoulée. On regarde les bons côtés et on oublie un peu les mauvais. Souvent, il faut aussi passer assez vite à l'année suivante parce qu'on n'a pas vraiment le temps de se reposer sur ses lauriers, il faut se concentrer sur la suivante. On passe assez vite sur les objectifs de la saison suivante, en l'occurrence de cette année 2011. Avez-vous eu du mal sur le coup en encaisser cette perte du titre de champion de France dans les derniers milles de la saison ? Non. Au départ de la dernière épreuve, je n'étais que deuxième du championnat de France. Je gagne une étape, je passe en tête. Au terme de l'avant-dernière étape, je suis en tête de la course avec une demi-heure d'avance... La différence, c'est que ce titre, je l'ai déjà gagné trois fois. Je n'étais plus à ça près. C'est sûr qu'un quatrième titre me mettait un peu au dessus de tout le monde. Mais bon... J'étais un peu déçu en arrivant à Istanbul de perdre ce titre sur l'étape la plus courte mais c'est la vie. Et puis il y en aura d'autres... J'ai toujours un partenaire, j'ai toujours un bateau, donc je ne suis pas malheureux. J'ai encore des armes pour me battre cette année. Vous repartez pour une 16e saison en Figaro. Qu'est-ce qui vous fait toujours courir ? J'arrive à naviguer sur d'autres bateaux, d'autres supports comme le Tour de France à la voile, le Tour d'Arabie cette année, donc je ne me lasse moins rapidement. Et puis, la classe Figaro est très professionnelle, avec des partenaires qui sont contents. On peut en vivre à l'année, s'entraîner l'hiver, on a beaucoup d'épreuves variées : une transatlantique jusqu'en Martinique, une course en Méditerranée, la Solitaire du Figaro qui passe par l'Espagne et l'Irlande... Le circuit est varié. On s'amuse bien, en double ou en solitaire. "(Voir François Gabart en Imoca), là, j'avoue, ça fout un peu les boules" Ce qui ne vous empêche pas de penser régulièrement à la classe Imoca ? C'est sûr qu'on aimerait bien changer d'unité. Si je pouvais avec un partenaire - malheureusement Cercle Vert ne veut passer sur de plus gros supports - j'aimerais bien passer en 60 pieds. Ça serait la suite... Mais la crise est là aussi. Ce n'est pas évident de trouver des partenaires. Quand on voit un petit jeune comme François Gabart, qui vous a doublé pour le titre de champion de France 2010, décrocher un budget, il y a de quoi être frustré... Il a gagné le championnat de France et il y a eu un petit de réussite avec un partenaire qui signe pour un projet Imoca derrière. Là, j'avoue, ça fout un peu les boules (sourires). De belles courses se présentent heureusement à vous, dont cette Transat Bénodet-Martinique. Que pensez-vous du parcours ? C'est un beau parcours. Ça part pas loin de Port-la-Forêt, là où on s'entraîne tout l'hiver. Lors d'un entraînement, on est justement allé virer une bouée à Bénodet pour faire notamment un repérage des cailloux. Bénodet, c'est sympa, avec l'Odet qui traverse, Sainte-Marine en face. C'est très joli. Après, c'est du classique avec cette traversée de l'Atlantique. Et puis, on change d'île. Après Cuba, après Marie-Galante, là on va en Martinique. C'est la première course qui arrive là-bas, c'est une nouveauté. Je connais un peu pour y être déjà allé, c'est super joli. J'adore la Martinique. Une vingtaine de jours en mer, est-ce long à l'échelle d'un Figaro ? Ce n'est pas très long parce que la première semaine on est vraiment à fond, il y a beaucoup d'activités, il y a un passage de front à faire, il y a des bascules de vent, souvent les conditions sont dures donc il y a pas mal de boulot à faire. Après, on touche les alizés, c'est du portant. Je ne vais pas dire que l'on s'ennuie parce qu'il y a toujours des choses à faire, notamment régler le bateau, se reposer, manger. Généralement, on ne voit pas les journées passer. Je trouve que finalement ces 20 jours passent très vite. "J'ai coché la Solitaire du Figaro à mon calendrier encore plus que les autres années" Vous êtes tenant du titre (ex-Transat BPE entre Belle-Ile-en-Mer et Marie-Galante). Un statut qui vous tient à coeur ? Oui, c'est sûr que je suis super content d'avoir gagné parce que, pour moi, ça reste symbolique : une victoire en solitaire sur l'Atlantique, c'est quelque de magique. C'est l'un des plus beaux trucs juste après le Vendée Globe. C'est quelque chose d'énorme. En plus, ce sont des bateaux qui ont la même vitesse, donc tout le monde est à un même pied d'égalité. C'est une belle victoire. Une victoire qui vous échappe toujours sur la Solitaire du Figaro... Oui, j'ai fait trois fois troisième, une fois deuxième et je n'ai toujours pas gagné. Je n'ai pas encore ce brin de réussite sur la Solitaire. Ça s'est joué à pas grand-chose parfois. On verra cette année... Je l'ai coché à mon calendrier encore plus que les autres années. A l'heure d'attaquer cette saison, quels sont vos principaux adversaires sur cette course de reprise ? Je ne vais pas cibler une personne parce qu'ils sont tous bien entraînés mais Jeanne Grégoire est toujours bien placée sur les transats, Fabien Delahaye a gagné la Transat AG2R avec Armel Le Cléac'h l'année dernière, Eric Drouglazet, qui a déjà gagné le Trophée BPE, Erwan Tabarly, qui a fait deuxième de la dernière édition, Thomas Rouxel... Il y a en plein qui savent naviguer, qui connaissent l'Atlantique, qui ont l'expérience des transats. La concurrence viendra de partout. Et il faudra faire attention jusqu'au bout parce qu'on sait que ça se joue souvent au dernier moment. Acceptez-vous facilement l'étiquette de favori ? Oui... parce que j'ai l'expérience, j'ai déjà tout ça. Mais ça ne m'atteint pas plus que ça. C'est sûr que les journalistes vont me mettre un peu la pression (sourires) mais ça ne me fait pas grand-chose. Je reste concentré sur l'objectif.